Kemar Roofe: "Je ne suis pas Superman !"
Kemar Roofe n’a pas encore marqué mais il a pesé sur la défense de Charleroi en allant au combat. Et il est toujours invaincu.
- Publié le 06-10-2019 à 07h58
- Mis à jour le 06-10-2019 à 07h59
Kemar Roofe n’a pas encore marqué mais il a pesé sur la défense de Charleroi en allant au combat. Et il est toujours invaincu. Kemar Roofe n’a pas encore marqué pour Anderlecht mais, vendredi à Charleroi, l’attaquant anglais a montré ce qu’il avait dans le ventre pour la première fois. Du haut de ses 178 centimètres et avec ses chaussettes baissées façon eighties, il est allé au combat face aux défenseurs carolos. Il a pesé et bien aidé les Bruxellois à remporter leur deuxième succès de la saison en championnat, le premier avec lui. Recruté pour six millions cet été mais éloigné des terrains plus longtemps que prévu, il risque de faire du bien à cette équipe.
Vous avez joué trois matchs pour Anderlecht : un nul (contre Beveren) et deux victoires (au Beerschot et à Charleroi). Il n’y a pas beaucoup de joueurs du RSCA qui peuvent dire qu’ils n’ont pas encore connu la défaite cette saison…
"C’est un bon retour à la compétition pour moi. Mais je ne suis pas le plus important. Cette victoire fait du bien à l’équipe. On était heureux dans le vestiaire, vendredi à Charleroi, mais on ne s’enflamme pas. Deux victoires à ce moment de la saison, ce n’est pas suffisant. On sait que le chemin est encore long. Ce qui serait bien maintenant, c’est de faire une série."
Comme après le premier succès contre le Standard, la trêve internationale ne va-t-elle pas casser votre rythme ?
"Oui, ça aurait été bien de continuer sur notre lancée. Mais ces deux semaines avant le prochain match (Ndlr : contre Saint-Trond à domicile) seront utiles, je pense. On pourra bien préparer la rencontre et essayer de tous se remettre à 100 %. Et puis ça veut aussi dire que tu passes deux semaines avec un bon sentiment. Si tu perds juste avant la trêve internationale, tu es frustré plus longtemps."
Qu’est-ce qui fait que le niveau d’Anderlecht était meilleur à Charleroi qu’avant ?
"On a toujours été à 100 % pour gagner. On essayait vraiment d’avoir de bons résultats. Des fois, ça ne marche pas. On a eu des blessés, des décisions arbitrales qui n’allaient pas dans le bon sens… Mais on ne plaint pas, on a confiance dans le système de jeu. Le changement prend du temps. On sait qu’il y a beaucoup de critiques, à juste titre, mais on ne baisse pas les bras. On l’a prouvé à Charleroi."
Où en êtes-vous physiquement ?
"J’ai encore pu tenir nonante minutes, c’est bon signe. J’ai beaucoup joué depuis mon retour à la compétition. Je ne suis pas encore à mon maximum mais je suis sur le bon chemin. Sans préparation, ce n’est pas facile."
Quand Anderlecht ne tournait pas, beaucoup disaient : "Oui mais Roofe va arriver, ce sera plus facile avec un attaquant ". Sacrée pression pour vous !
"Oui mais il faut être réaliste : je ne suis pas Superman ! Le football n’est pas un sport individuel. Tout seul, je ne peux rien faire."
Vous n’avez pas encore marqué en Belgique. Ça vous trotte dans la tête ?
"J’ai envie de marquer mais tant qu’on gagne, ça me va. En tant qu’attaquant, tu dois être là pour marquer. Mais si tu n’y arrives pas, tu dois essayer de créer des possibilités pour les autres. C’est ce que je fais."
La vie d’un défenseur n’est pas de tout repos quand on s’occupe de vous. Vous êtes un combattant sur le terrain.
"Oui, le football, c’est de la passion pour moi. Les défenseurs me donnent des coups et je fais pareil. C’est ainsi. Mais je ne suis pas méchant sur un terrain. On se bat pour le ballon mais on se serre la main ensuite."
Comment sont les défenseurs belges ?
"Ce sont les mêmes qu’en Angleterre : ils sont costauds."
Quand Roofe se vexe puis s’amuse
Jeudi, début d’après-midi, dans la salle de presse d’Anderlecht. Kemar Roofe participe à une conférence de presse qui passera inaperçue vu l’actualité Vercauteren/Arnesen.
Au bout de quelques questions, on lui demande s’il ne ressent pas un manque de confiance devant le but. Ses stats en 2019 (2 buts en 16 apparitions) font pâle figure par rapport à 2018 (17 buts en 34 apparitions). Très souriant jusque-là, Roofe se vexe et nous interpelle : “Savez-vous combien de matchs j’ai joués durant cette période ? J’ai été freiné par les blessures. Mais si vous voulez juger…”
Le lendemain, en soirée, dans la zone mixte de Charleroi. Kemar Roofe s’arrête devant les journalistes pour répondre aux questions après la victoire. Là encore quelques questions passent puis on l’interpelle : “Était-ce votre meilleur match avec Anderlecht ?”
L’Anglais nous regarde avec des yeux rieurs. “Tu le reconnais ?”, s’amuse-t-il. “Tu sais, tu peux courir autant que tu veux à l’entraînement, rien ne remplace le rythme d’un match. Ne me jugez juste pas trop vite.”
Sans rancune, Kemar.