Un supporter du RSCA se confie sur les débordements: "Il faut faire le ménage dans les tribunes"
Présent vendredi à Sclessin, un supporter du RSCA, préférant rester anonyme par peur de représailles, raconte les violences.
- Publié le 14-04-2019 à 19h07
- Mis à jour le 14-04-2019 à 19h44
Présent vendredi à Sclessin, un supporter du RSCA, préférant rester anonyme par peur de représailles, raconte les violences.
Parmi les supporters d’Anderlecht présents vendredi soir à Sclessin, beaucoup n’étaient pas des casseurs. C’était même la grande majorité. Nous en avons contacté un. Il a préféré garder l’anonymat, par peur de représailles des casseurs qui ne tolèrent pas qu’on remette leurs actions en cause.
Fan du RSCA depuis quarante ans, ce supporter anonyme raconte une soirée qui restera dans les mémoires.
Avez-vous été surpris par l’action des casseurs ?
"C’était prévisible. Les supporters en ont vraiment marre. Il y avait des bruits les jours précédents le match : si on est battu, ça ne va pas aller. Par contre, j’imaginais que ce serait plutôt après le match, pas pendant. Au premier arrêt, j’avais compris qu’on n’irait pas au bout du Clasico…"
C’était prémédité ?
"Bien sûr. L’action était bien planifiée. Les casseurs avaient pris des cagoules et jetaient des fumigènes à leurs pieds pour ne pas être reconnu grâce au nuage de fumée."
Comment ont-ils pu rentrer avec autant de fumigènes dans le stade ?
"Je me pose aussi la question. Quand je vois à quel point ma fouille était appuyée, je me dis que ce n’est pas possible. Mais il suffit d’un steward complice pour que ça passe."
Vous êtes un supporter pacifique du Sporting bruxellois. Pouvez-vous tolérer une telle action ?
"Cela doit être condamné mais je comprends la colère. Le foot est un sport d’émotions. Ce sont des gens qui mettent un gros pourcentage de leurs économies dans le club. Vendredi, la place coûtait 26 €. Ils voulaient secouer le cocotier."
Il y a quand même eu des blessés et des dégâts.
"Le club ne peut évidemment pas tolérer ça. La direction sait qui sont les casseurs. Elle sait en tout cas de quel groupe ils proviennent. Un ménage doit être fait car ces agissements font peur à d’autres supporters. Certains ne voudront pas revenir."
C’est la première fois que les violences prennent une telle ampleur à Anderlecht.
"J’ai quand même déjà connu des moments chauds. Je me souviens de Scifo et Zetterberg qui doivent venir affronter des fans montés sur la pelouse. Et pourtant, le niveau était très bon par rapport à ce qu’on voit cette saison. Je n’avais jamais vu une équipe d’Anderlecht aussi faible en quarante ans."
Il y avait déjà eu des actions après l’Antwerp, puis l’arrêt du Clasico. Y a-t-il un risque d’escalade pour le match dimanche prochain contre Gand ?
"Y aura-t-il des supporters présents contre Gand ? J’ai l’impression que beaucoup ne viendront pas. Avec la victoire de l’Antwerp à Gand samedi, l’écart s’est encore creusé avec la dernière place européenne…"
Le limogeage de Fred Rutten pourrait-il calmer la colère des supporters ?
"Peut-être un peu mais ça ne changerait pas grand-chose à notre situation sportive. Je n’ai pas l’impression qu’il fasse les bons choix en tout cas. Quand tu vois qu’il aligne Lawrence, un défenseur central déjà très limité, au poste de back gauche…"
L’absence de Marc Coucke est-elle vexante pour les supporters ?
"Oui, il devait être là. En pleine crise, le président doit être présent, même si ça n’aurait rien changé. Coucke doit aussi se remettre en question."
Gardez-vous l’espoir que les choses s’arrangent la saison prochaine ?
"Qui va vouloir venir jouer chez nous alors qu’il n’y aura pas de Coupe d’Europe ? Pour convaincre les bons joueurs, il faudra leur donner un salaire énorme. Et pourtant, il faut du renfort à tous les postes."