Les secrets du plan ambitieux d'Anderlecht avec Michael Verschueren
Le nouveau directeur général Michael Verschueren a dévoilé son plan ambitieux pour relancer sportivement le Sporting dans les prochains mois et réussir à le replacer sur la carte du football européen. Un plan qui doit aussi permettre de développer la marque RSCA à l’international.
- Publié le 29-11-2018 à 06h55
Le nouveau directeur général Michael Verschueren a dévoilé son plan ambitieux pour relancer sportivement le Sporting dans les prochains mois et réussir à le replacer sur la carte du football européen. Un plan qui doit aussi permettre de développer la marque RSCA à l’international.
Hein et Zett avisent, le DT et Michael décident
Une des décisions les plus importantes de Michael Verschueren est de créer un nouveau comité de transferts. Il se réunira toutes les deux semaines. Il y aura 7 à 8 membres : Michael Verschueren (le directeur général), le directeur technique désigné à la mi-décembre, le directeur du scouting, le directeur de l’académie des jeunes, un ou deux ex-joueurs incarnant l’ADN du club et le duo Hein Vanhaezebrouck et Pär Zetterberg. Vanhaezebrouck et Zetterberg auront un rôle de conseillers, mais pas de décideurs. Et qui seront les ex-joueurs ? "J’ai déjà entendu beaucoup de noms, mais je n’ai encore contacté personne", sourit Verschueren. Ont déjà été cités en coulisses : Crasson, Scifo, Baseggio, Wasilewski, Walem, De Bilde… Verschueren ne doit pas traîner parce que le prochain mercato arrive. "Ce vendredi, on va définir les profils des joueurs que nous recherchons. Puis, on se met au boulot." Une demi-heure plus tard, Hein Vanhaezebrouck déclarait à la RTBF : "En janvier, il faudrait peut-être un joueur expérimenté dans chaque compartiment de l’équipe."
Gilberto Silva (ex-Arsenal) a dit non
Pour la mi-décembre (au plus tard), Michael Verschueren dévoilera le nom du nouveau directeur technique, celui qui se chargera des transferts pendant le mercato à la place de Luc Devroe. Il avait sondé Frank Arnesen, sans succès. Pareil avec un ancien grand nom du football : Gilberto Silva (42 ans). L’ex-milieu de terrain brésilien (93 sélections) d’Arsenal a été contacté. "C’est quelqu’un que je connais bien, mais ça n’a pas été plus loin car il ouvre une agence de management", précise Verschueren. Un refus qui donne quand même une idée du profil international qu’il recherche. "Je ne donne pas encore le nom car il y a plusieurs candidats en lice." Un passé de joueur au RSCA n’est absolument pas nécessaire pour le poste.
Collaboration avec… la Lituanie et Helsinki
Il y a deux mois, déjà, que Michael Verschueren utilise ses contacts internationaux pour élaborer des collaborations avec des fédérations d’autres pays. Les États-Unis et la Chine seront les plus grands partenaires. Mais, entre-temps, le Sporting est en contact avancé avec d’autres pays ou clubs. "Il y a un contrat qui n’a plus qu’à être signé avec la Lituanie", dit Verschueren. "Certains pays, comme la Lituanie, n’intéressent pas les clubs du top absolu en Europe. La Lituanie a 14 clubs en D1, qui veulent professionnaliser leur fonctionnement et développer leur académie, mais qui n’ont pas les moyens financiers. Nous allons les aider via leur fédération. Nous allons par exemple inviter quatre à cinq entraîneurs de chaque club à suivre quatre fois par an des entraînements chez nous. Et les deux meilleurs joueurs de chaque club peuvent passer un test chez nous. Si, par après, nous les vendons avec une plus-value, une partie de l’argent est pour les clubs. Nous sommes d’ailleurs aussi en négociations avec le club d’Helsinki."
Un Anglais pour séduire la Chine et les États-Unis
Quatre hommes étaient sur l’estrade pendant la conférence de presse : Marc Coucke, Michael Verschueren, Pär Zetterberg et… un inconnu. "C’est Aaron Kanwar et c’est lui qui est chargé de développer la marque RSCA à l’étranger", dévoile Verschueren. Âgé de 35 ans, ce Londonien supporter d’Arsenal vit depuis dix ans à Bruxelles et travaille déjà depuis deux mois au Sporting. "J’ai pu rencontrer Michael Verschueren et on partage la même vision", explique celui qui a bossé chez Nike et pour l’ATP. Concrètement, Kanwar va tenter de nouer des contacts à travers le monde pour vendre la maîtrise anderlechtoise en termes de formation. Si deux clubs de Super League (l’élite chinoise) sont déjà candidats à une collaboration, il faut encore défricher le terrain aux États-Unis. "Je rentre d’une conférence sur le football à Miami", raconte Kanwar. "Ils ne connaissent pas Anderlecht directement. Mais quand on dit que c’est le club où Lukaku et Kompany ont été formés, ça suscite une grosse curiosité." Dans les prochaines années, le RSCA aimerait ouvrir une académie aux USA. "Il y a une grosse demande car le soccer passionne en vue de la Coupe du monde 2026 là-bas." Le club cherche des entraîneurs diplômés (au Benelux, en Allemagne et en France dans un premier temps) pour se former au style anderlechtois puis pour l’enseigner à travers le monde, notamment dans cette future académie. Le Sporting est conscient d’avoir pris du retard dans le développement de sa marque par rapport à d’autres clubs d’envergure comparable. "Mais on peut refaire notre retard sur un club comme l’Ajax en deux ans. Oui, ce club est un modèle pour nous", confie Verschueren.
Une armée d’ambassadeurs
À Anderlecht, on n’a jamais autant parlé de l’ADN du club que ces derniers jours. "Le club a pas mal d’ambassadeurs, à savoir de grands joueurs qui ont joué pour le club", dit Verschueren. "On va leur demander de créer un pont de communication vers les supporters, les parents de joueurs, vers les enfants, vers les joueurs… Dans le passé, nous avons fait beaucoup de champions. Van Himst en est un, Lukaku un autre. Il inspire les jeunes. Et Kompany, qui a l’attitude et l’élégance d’un champion. Ils ont la culture de la gagne. La Belgique est numéro 1 au classement Fifa, et huit de ces joueurs ont été formés à Anderlecht. On doit en profiter. Mais je ne rêve pas non plus. Je sais bien que maintenant, Lukaku ne va pas consacrer du temps à faire de la promotion pour le Sporting. Après sa carrière, ce sera possible. On va essayer de les intégrer dans l’organigramme."
Travaux et team manager à Neerpede pour garder les jeunes
Pour développer sa marque à l’étranger, le RSCA a besoin de grands noms. De preuves que sa formation marche bien. Comme les Lukaku et Kompany ne seront pas éternels, il faut déjà investir dans les stars du futur. La direction veut donc absolument conserver toutes ses promesses (et il y en a beaucoup entre les U13 et les U16) pour éviter de nouveaux cas Januzaj ou Musonda Junior. Les meilleurs doivent signer pro à 15 ans, comme ce fut le cas de Doku l’an passé. "On va d’abord investir dans nos infrastructures à Neerpede. Des travaux vont être lancés", détaille Verschueren, qui était fier d’annoncer que l’Académie d’Anderlecht était la 25e meilleure des 3 000 qui existent au monde. "Un team manager sera aussi présent et chargé d’aider les jeunes mais aussi de leur inculquer l’ADN du club. Où on va chercher l’argent pour tout cela ? Depuis l’arrivée de Marc Coucke, on a augmenté le nombre de sponsors de 13 à 35."
Devroe conservé, mais rétrogradé
Luc Devroe était présent à la conférence de presse de Michael Verschueren. Il a papoté avec Marc Coucke, mais ne s’est pas installé sur le podium avec les orateurs. Comme annoncé, il ne démissionnera pas et Anderlecht ne le limogera pas. "Il n’est pas mis de côté", nuance Verschueren, en brillant communicant. "Luc va à la fois faire le travail préparatif pour des transferts et il va faire du scouting. Mais c’est moi qui serai le patron." Verschueren refuse de mettre les transferts ratés sur le compte de Devroe. "Des transferts ratés, il y en a partout. Mais moi, je veux limiter le nombre d’échecs en travaillant en équipe. Ce n’est plus une seule personne qui prendra les décisions."
10 scouts pour quadriller le monde
Délaissée par Herman Van Holsbeeck, puis Luc Devroe, la cellule scouting d’Anderlecht a été (logiquement) désertée ces derniers mois. Michael Verschueren veut la relancer. En la remotivant et en la restructurant. Le but du scouting, appuyé (ironie du sort…) par Devroe, sera clair : dégoter de jeunes grands talents à l’étranger. Anderlecht veut s’installer dans un secteur où Porto, le Benfica, l’Ajax et le PSV ont l’habitude de briller en dénichant une perle que les clubs les plus riches s’arrachent quelques années plus tard. Pour y parvenir, la direction veut 10 scouts qui devront se répartir les régions les plus importantes de la planète. Verschueren a déjà discuté avec deux clubs européens pour échanger sur la manière de trouver les bons scouts et de bien les utiliser.
2 jeunes (au moins) chez les A chaque saison
Désormais, l’entraîneur de l’équipe première du RSCA aura une clause particulière dans son contrat : il sera obligé d’intégrer deux jeunes (au minimum) chez les A chaque saison. Hein Vanhaezebrouck et ses successeurs devront donc absolument regarder ce qui se fait de mieux chez les U21. Une mesure prise pour encore agrandir le passage des jeunes vers les pros. "Notre noyau A est composé de 36 % de nos jeunes actuellement et c’est très bien", calcule Verschueren. "Il faut continuer ainsi et ne pas faire diminuer ce pourcentage, comme ce fut parfois le cas précédemment." En rigolant après sa conférence de presse, Vanhaezebrouck a déclaré qu’il avait déjà fait le boulot pour les cinq prochaines saisons vu le nombre de jeunes qu’il a déjà utilisés depuis son arrivée il y a un peu plus d’un an.