Le RSCA joue la carte jeune: "Je préfère finir troisième avec nos jeunes et nos principes que deuxième sans"
Anderlecht a plus que jamais décidé de faire confiance à ses jeunes joueurs : Marc Coucke a choisi ce fonctionnement pour des raisons sportives et financières.
- Publié le 31-07-2018 à 06h35
- Mis à jour le 31-07-2018 à 12h31
Anderlecht a plus que jamais décidé de faire confiance à ses jeunes joueurs : Marc Coucke a choisi ce fonctionnement pour des raisons sportives et financières. "Je préfère finir troisième avec nos jeunes et nos principes que deuxième sans. On restera fidèle à notre philosophie. Elle est plus ou moins similaire à celle de l’Ajax. Je suis content de ne pas avoir opté pour une autre politique."
Marc Coucke a fait passer un message fort lors du Fan Day. Le président a laissé entendre que les jeunes formeront (en partie) l’ossature du RSCA version 2018-19.
Il a même sous-entendu qu’il n’y aurait plus de transfert entrant, "si la jeunesse confirme ce qu’elle a montré à Courtrai".
Il y aura tout de même au moins un nouveau défenseur central mais Marc Coucke a de quoi se réjouir : il pourra mettre son plan en place. À savoir, créer des stars plutôt que d’en acheter.
"In youth we trust" est devenu le slogan du club dépassant presque le classique "We are Anderlecht" .
Lancer des jeunes et leur faire confiance engendre une plus-value footballistique à long terme. Mais c’est surtout un gage de gain financier potentiel. Les huit ou neuf jeunes qui ont été intégrés au groupe n’ont rien coûté ou presque et possèdent de petits contrats.
Comme le dit Coucke, finir troisième avec ces gars-là est plus intéressant financièrement qu’être deuxième en ayant réalisé de gros investissements.
Le président a décidé de gérer le club en y ajoutant une bonne dose de modernité. Fini le club de papa, place au monde de l’entreprenariat. Le premier effort a été réalisé au sein du club et dans les tribunes, c’est désormais aussi le cas dans l’effectif où on préfère miser sur un jeune comme Dauda plutôt que de garder un gros salaire comme Teodorczyk dans le groupe.
Luc Devroe disait lui-même "compter sur des jeunes comme Kayembe et Dauda qui ont fait une bonne préparation".
Sportivement , le fait de miser sur les jeunes convient parfaitement au staff en place. Hein Vanhaezebrouck a des méthodes particulières et un style de jeu bien à lui. Il l’avoue lui-même "certains ne sauront jamais exécuter ce que je veux".
Avec des gamins de 18 ou 20 ans qui n’ont jamais connu une équipe pro, le coach a l’avantage de pouvoir modeler leur corps et leur esprit à l’image de son football et selon ses desiderata. Ils ne sont pas marqués par des systèmes et des automatismes ancrés depuis des lustres et néfastes à leur adaptation.
C’est également une question d’ego. Vanhaezebrouck a ses idées et ses joueurs doivent les accepter et s’y plier. Un jeune qui ne tend qu’à saisir sa chance dans le noyau aura plus de mal à contredire son coach qu’un joueur au long CV.
L’un dans l’autre, l’aspect sportif et se rejoignent et se complètent. Reste à savoir si le club aura la force de poursuivre dans cette décision si le titre venait à s’éloigner.
Comme l’Ajax… avec un peu de retard
Anderlecht veut copier le modèle économique et sportif de l’équipe d’Amsterdam.
Marc Coucke a exprimé le désir de faire d’Anderlecht un Ajax Amsterdam à la belge. Après l’évocation d’un projet proche de celui de Monaco, il a fait un pas en arrière et a vite fait comprendre qu’il préférait le modèle des fourmis ajacides à celui des cigales du Rocher.
Anderlecht ne claquera pas 10 millions pour un joueur. Pas à l’heure actuelle en tout cas. Les Mauves prônent un modèle proche de celui de l’Ajax d’il y a quelques années.
Le club achetait alors des joueurs pour trois à cinq millions ou un peu plus en cas d’exception. Certains joueurs ont été revendus à prix d’or comme Milik : 32 millions, alors qu’il a coûté un peu moins de 3 millions.
Accompagnés par quelques cadres, ces joueurs étaient souvent entourés de nombreux jeunes du cru. Des Néerlandais, mais également de nombreux Danois, une filière longtemps utilisée par les Ajacides, et des Belges.
Des gamins formés à De Toekomst, qui ont été lancés dès leur passage à l’âge adulte et qui ont renfloué les caisses à coups de millions. On note, ces dernières années : Toby Alderweireld (7), Christian Eriksen (13,5), Vertonghen (12,5), Blind (17,5), Cilessen (13,5), Bazoer (13), Ridewald (9).
Anderlecht veut arriver à ce stade-là : former au maximum ou acheter peu cher en prenant peu de risques avant de revendre en faisant un bénéfice monstrueux. Un gain qui permet même l’un ou l’autre échec dans le recrutement.
L’Ajax est passé au stade supérieur en jouant avec des sommes nettement plus élevées pour ses ventes. Ils viennent de prendre 17,5 millions pour Justin Kluivert, un produit du club qui n’a disputé qu’une saison chez les A . L’été dernier, ils ont empoché 67 millions rien que pour Davinson Sanchez (40, Tottenham) et Davy Klaasen (27, Everton).
Sanchez est l’exemple type de ce que pourra faire Anderlecht à terme : déposer 5 millions pour un joueur étranger (il a été acheté en Colombie un an avant d’être vendu chez les Spurs) pour le mettre en vitrine et le vendre. L’Ajax a connu tant des échecs que des réussites dans ses investissements, mais la balance penche largement dans le vert.
Le système permet désormais au club de déposer des sommes élevées pour ses transferts entrants. Ils ont payé 16 millions pour Blind, 11 pour Tadic, 9 pour Bandé et 6 pour Labyad cet été. Des dépenses qu’Anderlecht ne peut pas (encore) se permettre.
"L’Ajax est resté fidèle à son modèle , explique Luc Devroe à Vista. Mais ça lui a coûté le titre l’an passé. Il faut des résultats car sans titre, ce principe n’est pas possible."
Du monde derrière Saelemaekers et Bornauw
Il y a encore beaucoup de talent parmi les jeunes Mauves.
Alexis Saelemaekers (19 ans) vient d’un peu plus conquérir le cœur des fans du RSCA en débutant sa saison en trombe et en passant une roulette à la Zidane dans le rond central.
Une nonchalance tout anderlechtoise qu’il combine avec un travail fou sur son flanc.
Cette confiance, Sebastiaan Bornauw (19) l’a aussi en lui. Du haut de ses 192 centimètres, le Brabançon toise ses adversaires. Fort au duel, bon à la relance, il aurait fait rêver un bon nombre de clubs de D1.
"Ostende le voulait mais Hein Vanhaezebrouck a mis son veto" , a expliqué Luc Devroe au micro de Vista. Preuve qu’Anderlecht croît en lui.
La direction anderlechtoise a décidé de faire confiance à un grand nombre de jeunes qui ne devraient logiquement pas être prêtés et obtenir du temps de jeu.
Abdoul Karim Danté (19) et Hannes Delcroix (19) sont, jusqu’à l’arrivée de renfort ou le maintien de Kara dans l’effectif, les numéros 4 et 5 de la défense centrale. Une promotion pour les deux jeunes talents.
Si le premier est connu pour sa hargne et sa mentalité de guerrier, le second fait parler sa classe et son pied gauche bourré de qualités.
Hein Vanhaezebrouck a également envoyé un signal positif vers Edo Kayembe (19). Il a pris la place de Sven Kums sur le banc et est monté au jeu en fin de match. Sacrifié sur le flanc à plusieurs reprises en préparation, le Congolais montre qu’il avait une mentalité à l’image de son volume de jeu : énorme.
Mohammed Dauda (20) vient, lui, d’être confirmé comme troisième attaquant de pointe. Le buteur (29 roses en espoirs l’an passé) possède un profil tout en vitesse, aux antipodes de ses concurrents en pointe.
Francis Amuzu (18), Albert Sambi Lokonga (18) et Emmanuel Sowah (20) ont déjà davantage goûté à l’équipe fanion que leurs équipiers. Les trois hommes espèrent faire jouer la concurrence à leur poste. Sowah devra un peu attendre. Il est blessé pour un mois.