Bruno absent du groupe depuis plusieurs semaines: quel est le problème avec l'ailier à Anderlecht ?
Prêté par Leipzig depuis deux ans, Massimo Bruno n’apparaît même plus sur les feuilles de match d’Anderlecht ces dernières semaines. Décryptage d’un cercle vicieux.
- Publié le 12-04-2018 à 08h31
- Mis à jour le 12-04-2018 à 09h42
Prêté par Leipzig depuis deux ans, Massimo Bruno n’apparaît même plus sur les feuilles de match d’Anderlecht ces dernières semaines. Décryptage d’un cercle vicieux. Cela fera bientôt quatre ans. Le jour du coup d’envoi de la Coupe du Monde, le 12 juin 2014, un transfert parvenait à faire un peu d’ombre aux Diables dans leur épopée brésilienne : Massimo Bruno quittait Anderlecht pour rejoindre l’écurie Red Bull contre un chèque de 9 millions d’euros (bonus compris). Qui aurait cru à l’époque qu’il ne serait plus que réserviste du réserviste à Anderlecht quatre ans plus tard ?
Légèrement blessé depuis quelques jours, il n’était logiquement pas présent à Charleroi. Contre Gand pour l’ouverture des playoffs, Bruno était par contre fit mais avait dû s’asseoir en tribune pour la troisième fois lors des quatre dernières rencontres du Sporting. Toute la semaine avant la venue des Buffalos, il avait pourtant espéré être l’arrière droit titulaire grâce à la blessure d’Appiah. La désillusion avait été immense : même en l’absence d’un concurrent sur le flanc, il n’y avait même pas une petite place sur le banc pour lui.
Si la présence de Saelemaekers, au profil plus défensif, dans le onze est compréhensible, celle de Chipciu sur le banc est surprenante compte tenu des pâles prestations du Roumain ces dernières semaines.
Un choix qui n’étonne pas que les observateurs extérieurs. Dans une interview accordée à nos confrères du Nieuwsblad il y a quelques jours, Adrien Trebel expliquait que "Massimo Bruno était le joueur le plus sous-estimé du noyau". Un sentiment partagé plusieurs autres joueurs au sein du groupe. Comment expliquer un tel manque de crédit alors ?
Il a besoin d’un entraîneur qui soit patient avec lui.
Cette saison, Massimo Bruno n’a joué un match complet qu’à trois reprises. Pire : il n’a pas enchaîné une seule fois deux titularisations ! La dernière fois qu’il a commencé deux matches de suite, c’était… en mars 2017, il y a plus d’un an donc. Dans ces conditions, difficile de trouver le bon rythme. Dans son entourage, on entend souvent le même discours : "Laissez-le jouer 5-6 matches complets de suite et vous retrouverez le vrai Massimo." Bruno a besoin d’un coach qui soit patient avec lui. Ce ne fut pas le cas de René Weiler. Et encore moins d’Hein Vanhaezebrouck.
Il est trop gentil pour ce monde de requins.
Tous les gens qui ont connu Bruno sont unanimes : ce garçon est une crème. Un vrai gentil dans un monde de requins. Quelques jours avant la venue de Gand en début de playoffs, quand il a compris que Saelemaekers lui serait préféré, il l’a encouragé dans le vestiaire. Rarissime dans un monde où règne l’individualité. Ce caractère l’empêche de taper du poing sur la table, de bouder et d’user de stratagèmes pour tenter de retrouver une vraie chance, comme d’autres joueurs l’ont fait dans un passé récent malgré un CV moins fourni. Tout juste a-t-il osé demander à Vanhaezebrouck pourquoi il ne jouait pas plus. Il le reconnaît lui-même : il est trop gentil pour ce monde du football professionnel.
Il veut trop forcer quand il reçoit sa chance.
Comme il sait que son temps de jeu est compté, il veut absolument profiter des quelques minutes qu’il reçoit pour se mettre en évidence. Il force son talent pour sortir du lot et marquer des points aux yeux de son entraîneur. Dans son cas, c’est pourtant l’inverse qu’il faudrait faire : assurer d’abord le minimum avant d’oser plus quand les sensations footbalistiques reviendront. Bruno est engagé dans un cercle vicieux. Seules la confiance et la patience (on y revient…) d’un coach pourraient lui permettre de s’offrir le luxe de redevenir lui-même petit à petit. C’est loin d’être le cas à Anderlecht et la pression des playoffs 1 ne va rien arranger, au contraire…
Il n’a pas de valeur commerciale pour Anderlecht.
Qui va prendre le temps de relancer Bruno ? Certainement pas Anderlecht. Le Hennuyer est prêté par le Red Bull Leipzig et il n’a donc pas de valeur commerciale pour le Sporting. Qu’il soit bon ou pas, cela ne changera rien à la trésorerie. Cet été, il retournera en Allemagne où il lui reste un an de contrat. Mais ce sera juste en transit. Bruno a compris qu’il devrait se trouver un autre club. Un choix qui sera primordial à bientôt 25 ans. Il lui faudra un entraîneur qui croit en lui. Difficile après plusieurs saisons compliquées ? Non, pas vraiment. Son talent et son gros moteur (il est toujours dans le Top 5 des tests physiques) n’ont pas disparu. Plusieurs clubs tiennent déjà sa situation à l’œil. Il ne lui reste plus qu’à attendre et espérer un nouveau départ pendant cet été de Coupe du Monde.