La chronique de Christophe Franken : nos playoffs méritent plus une étude européenne que des moqueries
On a un drôle de championnat mais on a au moins un championnat avec du suspense. Ce qui peut être jalousé par nos voisins.
- Publié le 02-04-2024 à 14h29
On se moque souvent de notre championnat à l’étranger. Particulièrement à l’époque des cloches, quand la phase classique fait place à des playoffs alambiqués, pas toujours simples à comprendre quand on n’a pas le nez dedans. Et ce n’est pas l’idée lumineuse d’associer le sponsor alcoolisé de notre compétition aux moments Var en pleine période de crise dans l’arbitrage qui fera moins rigoler. Mais la Belgique peut aussi regarder ses voisins européens avec le sourire.
À part les Anglais qui ne font jamais rien comme les autres (les trois premiers se tiennent en trois points), on n’a plus de suspense nulle part dans les autres championnats. On ne se demande plus qui sera champion mais quand le sacre sera officiel.
Le Real Madrid est à l’aise en tête de la Liga, l’Inter encore plus en Serie A, Le Bayer s’apprête à abandonner son surnom de Neverkusen, le PSG se balade comme quasi chaque saison avec ses moyens disproportionnés, le PSV écrase la Eredivisie malgré une toute première défaite cette saison en championnat encaissée à Nimègue… En Turquie et au Portugal, on a une vraie lutte mais le suspense se limite à deux équipes.
Évitons de donner plus d’arguments à une Super Ligue européenne
Pour l’attribution du titre, tous les championnats sans playoffs du top 10 européen ont donc un intérêt limité alors qu’il reste près de deux mois de compétition. Et c’est chaque année la même rengaine : il faut regarder notre Pro League pour avoir du suspense jusqu’au bout.
L’UEFA a pris des mesures en changeant le format de ses phases de poules en Coupes d’Europe dès la saison prochaine, avec un seul et même classement pour tous les clubs même s’ils ne s’affronteront pas tous. Une modification qui peut surprendre mais qui promet plus d’incertitudes. Loin des groupes de quatre où, en général, on avait déjà tout deviné après trois journées.
Il serait donc étonnant que les grands championnats européens ne songent pas à une nouvelle formule dans les années à venir. D’autant plus avec la présence massive en Europe de propriétaires américains, biberonnés aux playoffs dans toutes leurs disciplines. Cela susciterait une levée de boucliers des puristes mais ce manque de suspense dans les compétitions va finir par lasser. Et les partisans d’une Super Ligue européenne auront des arguments en plus. Ce qui ferait bien plus mal aux fans conservateurs de la planète foot.
Alors, malgré un niveau globalement décevant pendant le week-end de Pâques, vive les playoffs à la belge !