Comment Dries Mertens est devenu un vrai numéro 9 à Naples
Alex Teklak analyse l’évolution du jeu de Dries Mertens avant la rencontre de Naples face à Genk. Est-il un ailier ou un attaquant ? Ou même un faux neuf ?
- Publié le 02-10-2019 à 12h05
- Mis à jour le 02-10-2019 à 13h14
Alex Teklak analyse l’évolution du jeu de Dries Mertens avant la rencontre de Naples face à Genk. Est-il un ailier ou un attaquant ? Ou même un faux neuf ? Depuis des années, on galère à définir le rôle précis de Dries Mertens à Naples. Il n’a d’ailleurs toujours pas été cantonné à une position fixe.
Maurizio Sarri, son ancien entraîneur, l’a révélé sous un nouveau jour. Le technicien italien l’a posté pour la première fois à la pointe de l’attaque.
Le faux 9
Dries Mertens, numéro 9 ? “Pas vraiment”, nuance Alex Teklak. Avec Sarri, Mertens avait typiquement un rôle de faux numéro 9.
Une mode relancée par Barcelone. Lionel Messi et Cesc Fabregas (NdlR : l’Espagnol a également dû le faire en équipe nationale), bien que postés comme pions les plus avancés de l’échiquier, devaient régulièrement décrocher pour toucher un maximum de ballons.
Mertens était dans un canevas à la fois similaire et différent. “Il venait aussi chercher le ballon très bas” mais il n’avait pas la liberté d’un Messi, par exemple. Mertens travaillait dans un système très précis qui le forçait à ne pas déborder du rôle qui lui était confié.
“Je le qualifiais d’agent de liaison. Il l’était pour le secteur offensif et Jorginho (NdlR : désormais à Chelsea) fait de même pour l’aspect défensif. Le jeu était centré sur l’axe vu la petite taille du secteur offensif de Naples et il avait une grande importance à la construction.”
Malgré ses décrochages, Mertens a marqué un grand nombre de buts. En venant constamment créer le surnombre dans l’entrejeu, il offrait des espaces à ses équipiers. “Il le faisait au profit des infiltrations de Hamsik ou du jeu intérieur d’Insigne qui partait de la gauche. Mertens avait un rôle très hybride.”
Polyvalent comme personne
S’adapter aussi facilement à un rôle qui n’a jamais été le sien est un secret de Dries Mertens. “Sa faculté à faire plein de choses est liée à son intelligence. Il a développé ça au long de son histoire. C’est un tard mature qui a failli ne jamais réussir. Il n’entrait pas dans les critères physiques des clubs et a réussi à s’en sortir via sa mobilité et son intelligence.”
Il n’a jamais été un incontournable qui pouvait imposer sa vision des choses et être garanti d’une place dans le groupe. L’exemple est encore plus criant chez les Diables. Aucun sélectionneur ne l’a mis en premier sur la feuille de match. “Hazard est un intouchable. De Bruyne aussi mais pas Mertens. Il le devient petit à petit mais il a toujours dû prouver son importance. Ce statut l’a rendu plus fort et plus polyvalent.”
À deux devant
Lorsque Carlo Ancelotti a repris l’équipe il y a un peu plus d’un an, Mertens en a fait les frais. L’Italien lui préférait le duo Milik-Insigne, avec le second un cran plus bas, dans un 4-4-2. “Mertens ne jouait pas mais il a profité de la souplesse tactique d’Ancelotti pour retrouver le chemin du terrain. Le coach fait partie de ceux qui s’adaptent aux joueurs qu’ils ont sous la main où d’autres achètent des joueurs qui correspondent à leurs principes de jeu.”
Lorsque l’entraîneur choisit un système en 4-4-2, Mertens est l’une des deux pointes. Parfois aux côtés de Hirving Lozano, parfois, comme ce week-end, avec le grand Fernando Llorente.
Alex Teklak nuance toutefois ce 4-4-2 qui se mue très facilement en système à “trois et demi” avec Insigne qui, en possession de balle joue un cran plus haut pour former un système à trois attaquants. En perte de balle, il revient se placer à gauche pour défendre en 4-4-2. “Il a déjà joué avec un joueur rapide comme Lozano ou Insigne, où les deux prennent beaucoup l’espace. Avec un point de fixation comme Llorente, l’approche est différente. Le jeu est plus articulé autour de lui. Mertens reste très mobile et a tendance à dézoner vers la droite.”
À la fois pour se rapprocher de Callejon, avec qui il a créé un lien fort et des automatismes, et pour jouer sur son pied droit et donner des centres. “Ce week-end, on l’a vu attirer le défenseur central adverse vers le côté avant de glisser le ballon à Llorente dans l’axe. Grâce au mouvement de Mertens, Allan a pu s’infiltrer depuis la deuxième ligne et percer la défense (schéma 1).”
À trois devant
Ce type de mouvement est classique dans le chef de Mertens. Cette mobilité explique aussi pourquoi ses entraîneurs l’apprécient tant. Quand il évolue avec deux autres attaquants, Insigne et Lozano, il est souvent posté plus à droite et alterne entre une position intérieure et collée à la ligne, ce qui le rend insaisissable.
“Il vient très souvent se poster entre le latéral gauche et le défenseur central. Il les fixe et les occupe tous les deux grâce à la fois à sa position et à l’orientation de ses épaules. Elles sont déjà tournées vers le couloir. Il est donc prêt à filer dans l’espace pour récupérer la passe de Callejon et centrer (schéma 2). C’est une de ses grosses qualités. Il jette toujours un œil à la position des attaquants durant sa course.”
Deuxième mouvement classique : Mertens part d’une position proche de Callejon sur le flanc et fonce dans l’axe. “À nouveau, il plonge devant le défenseur central mais cette fois pour dévier le ballon. Ce n’est pas une course classique mais elle fonctionne bien car Callejon centre souvent au cordeau et il suffit de dévier le cuir du pied.”
Mertens marque régulièrement quand les phases viennent de l’autre côté. Attiré par le cuir, il est toujours posté dans le rectangle. “C’est aussi en cela qu’il est devenu un véritable 9. Il sent très bien où le ballon va arriver et il est souvent là pour jouer les deuxièmes ballons et marquer.”
Chez les Diables
Son rôle sous Ancelotti se rapproche un peu plus de ce qu’il doit faire sous Roberto Martinez que lorsqu’il évoluait en faux 9 avec Sarri.
Cela aura-t-il un impact sur son rendement chez les Diables ? “Je ne pense pas”, dit Teklak. “Il peut jouer dans tellement de systèmes que cela ne changera rien. Le mettre seul en pointe n’est, par contre, pas la bonne solution. Il l’a prouvé par l’absurde lors d’un match face aux Pays-Bas où il a éprouvé beaucoup de difficultés. Le système n’est pas fait pour qu’il joue seul devant.”
Mertens peut égaler “le plus grand de l’histoire”
Dries Mertens n’avait étrenné ses crampons à Genk que pour préparer la Coupe du Monde 2014. Ce mardi, il a pu refouler le gazon limbourgeois pour la dernière séance d’entraînement avant la rencontre opposant son Naples à Genk.
Sourire aux lèvres, le Louvaniste marquait son bonheur de jouer à deux pas de chez lui et devant de nombreux proches venus spécialement pour le soutenir.
Et peut-être pour le voir écrire l’histoire. Avec un but, il porterait son total napolitain à 115 buts. Soit autant que Diego Maradona et six de moins que le record absolu de Marek Hamsik.
Tout Naples rêve même de le voir mettre un doublé à Genk afin de surpasser l’Argentin. “C’est une grande réussite pour lui”, a dit Carlo Ancelotti. “Arriver à marquer autant de buts que le meilleur joueur de l’histoire, c’est fort.”
Le coach de Naples ne peut qu’encourager son attaquant qui a encore marqué ce week-end. “Il bosse dur, marque des buts. Je le sens dans une bonne période.”
La rencontre sera également particulière pour Kalidou Koulibaly. Le Sénégalais revient pour la premier fois à Genk, le club où il a explosé. “Je suis très content de revenir. J’ai encore des contacts avec certaines personnes au club. Je n’oublierai jamais l’amour que Genk m’a donné mais je veux gagner.”