Les Diables ont un sommeil sur mesure: "Lukaku et Mertens doivent avoir des lits très différents"
En cette Journée internationale du sommeil, Philippe Rosier, performance manager des Diables rouges, explique leurs méthodes de repos.
- Publié le 22-03-2019 à 15h01
- Mis à jour le 22-03-2019 à 15h02
En cette Journée internationale du sommeil, Philippe Rosier, performance manager des Diables rouges, explique leurs méthodes de repos. En cinquante ans, les humains ont perdu à peu près une heure et demie de sommeil pour atteindre des nuits moyennes d’un peu plus de sept heures. Des chiffres qui font froid dans le dos alors que tous les scientifiques pointent l’importance du sommeil.
La société actuelle pousse toutefois à réduire son temps de sommeil. Les modèles que sont les grands businessmen (Steve Jobs) et hommes politiques (Barack Obama) ont bâti leur réputation sur leurs courtes nuits. "Il y a l’image médiatique qu’on crée et la vérité", coupe Philippe Rosier.
Le performance manager de l’Union belge affirme que "peu dormir peut fonctionner à court terme mais porte à conséquence sur le long terme. Toutes les études prouvent qu’un manque de sommeil est négatif pour la santé et donc pour une carrière de sportif".
Il cite d’ailleurs en exemple des études menées par l’UEFA sur les équipes participant à la Champions League durant des années. Les données de blessures ont été compilées et analysées en fonction des bilans quotidiens des joueurs. "Après trois mauvaises nuits, les risques de blessure sont tout simplement doublés. Le repos, la nutrition et l’hydratation, c’est 95 % de la récupération après un match."
Pas de gadgets de surveillance pour les Diables mais un programme de sommeil adapté à leurs besoins. "Chacun dort comme il veut chez nous. Les heures de petit-déjeuner sont assez libres. Ceux qui se couchent tôt ou qui n’ont besoin que de peu de sommeil sont là dès 8h tandis que d’autres, dormeurs ou couche-tard, arrivent en last minute."
Dick Advocaat a fait bouger les choses en décidant de ne plus faire dormir les joueurs à deux par chambre. Une question de confort qui permet à chacun de faire à sa sauce et d’adapter sa chambre à ses envies.
Pour les connaître, le staff passe par une phase d’analyse. "Nous devons comprendre ce qui les dérange et ce qui les pousse à bien dormir", explique Rosier. "Certains aiment qu’il fasse 22 degrés et d’autres adorent des environnements plus frais. Pareil pour la lumière, certains se fichent d’avoir du soleil qui perce en matinée alors qu’il y a des joueurs pour lesquels nous devons mettre du tape sur la lumière rouge de la télévision car elle les gêne."
L’individualisation est la clé dans l’approche de l’équipe performance de l’URBSFA. "Nous avons trois types de matelas, des couettes de différentes tailles et épaisseurs. Pareil pour les coussins."
L’accent est surtout mis sur le sommier. Plus que le matelas, c’est le soutien qui compte. "Nous achetons des vêtements et des chaussures adaptés à notre corps alors pourquoi ne pas en faire de même avec les lits ? Lukaku et Mertens doivent avoir des lits très différents. Si le sommier n’est pas adapté, le corps se tord durant la nuit. Nous mesurons la physionomie de chacun et adaptons les lits en fonction."
En Russie, les lits ont accompagné les Diables. Ce ne sera pas le cas à Chypre où la mise en place coûte trop cher pour une nuit. "Nous travaillons donc sur ce qui peut affecter le sommeil, comme les écrans en soirée, etc. Après, ce sont des adultes et je ne vais pas dire à Eden Hazard qu’il est privé de téléphone après 22 heures (rires) ."
Power nap: “Si Eden veut allonger sa sieste, il peut”
La sieste est devenue une tendance dans les méthodes de repos. Certains ne vivent d’ailleurs que de siestes et non de longues nuits. Philippe Rosier ne pousse pas à cette méthode mais bien à une courte pause durant la journée. “On le fait chez les jeunes”, explique le performance manager de l’UB. “Ils n’ont pas encore toutes leurs habitudes de sommeil donc nous les poussons à faire des power naps de 15 à 20 minutes.”
Certains Diables ont également adopté ces habitudes. “Sauf qu’on les adapte à ce qu’ils font en club. Si Eden Hazard veut allonger sa sieste et dormir 45 minutes, on ne va pas le brimer (rires).”
Dormir après un match: Parler, méditer, boire du thé
Il est impossible de dormir après un match de football. Si c’est déjà le cas pour les amateurs, c’est encore décuplé chez les professionnels. “Nous faisons en sorte que le stress grimpe en eux afin d’atteindre son climax pour la rencontre. Une fois le match terminé, il n’y a pas de bouton off. C’est d’ailleurs pour cela qu’on voyage désormais directement après le match. Les joueurs ne savent de toute façon pas dormir, donc autant ne pas perdre de temps.”
Chaque joueur a ses propres méthodes pour trouver le sommeil malgré le stress. “Certains méditent, d’autres ont juste besoin d’une tisane, tout est personnalisé. Nous les encourageons aussi à parler, à débriefer pour faire sortir la frustration et pouvoir évacuer le stress. Une sorte de cool down mental.”
Consoles et jeux vidéo: "Ne pas abuser de la PlayStation”
Les jeunes sont une des plus grandes préoccupations du staff de l’Union belge. En plus de les éduquer à manger de manière équilibrée, Philippe Rosier et son équipe les forment à bien récupérer. “On les éduque à gérer leur biorythme. On les a, par exemple, poussés à paramétrer leur téléphone pour éviter la lumière bleue en soirée.”
Leur sommeil est une grande préoccupation et les plus grands ennemis des coachs sont les jeux vidéo. “Nous devons leur apprendre à ne pas abuser de la PlayStation, surtout en soirée. Après une partie stressante, il est impossible de s’endormir directement car l’activité cérébrale est forte. Avant d’aller dormir, ils doivent éviter les écrans, prendre un bain, s’aérer l’esprit ou juste se reposer.”