Lukaku: "À la Coupe du Monde, le foot ne m’intéressait plus"
Romelu Lukaku évoque la maladie de son papa, juste avant le début du Mondial 2014.
- Publié le 08-11-2016 à 06h41
- Mis à jour le 08-11-2016 à 10h38
Romelu Lukaku évoque la maladie de son papa, juste avant le début du Mondial 2014. Romelu Lukaku n’a pas loupé son début de saison à Everton. Avec sept buts inscrits en dix sorties, il s’érige, encore une fois, comme l’un des principaux favoris au titre de meilleur buteur de la Premier League , au même titre que Sergio Agüero, Zlatan Ibrahimovic ou encore Diego Costa. Il s’agit déjà d’une sacrée prouesse pour l’attaquant de vingt-trois ans.
Il espère désormais pouvoir endosser le même statut en équipe nationale, où les trois premières rencontres qualificatives lui ont, tout de même, permis d’ajouter trois roses à son compteur personnel.
Ces statistiques doivent lui permettre de gommer deux tournois majeurs quelque peu décevants pour un joueur de sa trempe. Si, durant l’ Euro , il avait donné satisfaction face à l'Irlande en plantant un doublé, sa Coupe du Monde brésilienne avait tourné au fiasco avec seulement deux titularisations et un but face aux États-Unis. Régulièrement critiqué, Romelu Lukaku a, pour la première fois, expliqué pourquoi son parcours brésilien avait été si difficile.
"En fait, mon père avait été admis en urgence à l’hôpital juste avant le début du tournoi. C’était assez grave et le sélectionneur était au courant" , explique-t-il au cours d’une interview donnée à nos confrères de SFR Sports. "Très honnêtement, je ne pensais pas du tout au football durant ce Mondial. Le football ne m’intéressait même pas. Je sais que c’est malheureux de dire cela, mais c’est la stricte vérité. C’est plus facile pour un joueur de trente ans de dire qu’il va rester professionnel mais, à cette époque, je n’avais que vingt-et-un ans. On parlait de mon père, de la famille. C’était loin d’être évident."
L’attaquant numéro un des Diables Rouges n’a jamais caché l’importance de sa famille. "À mes débuts, je voulais directement jouer à Anderlecht ou dans un autre grand club. Mais mon père m’a affilié à Rupel-Boom car nous n’avions pas de voiture et c’était tout près de chez nous. Je m’y rendais en bus. Je me souviens encore du jour où il m’a dit que je quittais le Lierse pour rejoindre le Sporting. Je n’arrivais pas à y croire."
Roger mais aussi Adolphine, sa maman, rythment sa carrière. Jamais, il ne prend une décision sans les consulter préalablement. "Ma mère est plus importante que tout au monde. Quand elle vient en Angleterre, il n’y a personne d’autre chez moi" , dit-il. "Quand j’étais plus petit, elle se levait à six heures du matin pour aller faire des ménages. Normalement, elle ne pouvait pas travailler car elle souffrait du diabète, mais elle y allait quand même. Parfois, il lui arrivait même de faire des chutes de tension sur son lieu de travail. Je me sentais impuissant, mais je lui ai dit qu’à mes seize ans, il se passerait quelque chose. Lorsque j’ai signé mon premier contrat professionnel à Anderlecht, je lui ai dit qu’elle pouvait arrêter de travailler. Je lui ai offert une maison."
L’équilibre familial, voilà ce qu’il faut à Romelu Lukaku pour être au top de sa forme et faire taire tous ses détracteurs.
"Être le meilleur ? Si Dieu le veut…"
Au cours de cet entretien, Romelu Lukaku est revenu sur d’autres sujets le concernant.
Préparation d’un match : "Le but que j’inscris à Manchester City, c’est une action que je travaille tous les jours. À cet endroit du terrain, je sais exactement ce que je dois faire. Après ce match, j’ai parlé avec un journaliste et il m’a dit que si Kurt Zouma (NdlR : un défenseur français de Chelsea) avait été en face de moi, je n’aurais pas marqué. Mais je peux vous assurer que je l’aurais planté contre Eric Bailly ou même Sergio Ramos. Dans une course à un contre un sur quarante mètres, personne ne peut m’arrêter."
Paris Saint-Germain : "Je sais qu’il y a beaucoup de gens au stade pour me voir. Mais Mino (NdlR : Raiola, son agent) ne me dira rien tant que ce n’est pas écrit noir sur blanc. C’est sa façon de travailler et je la respecte. Le PSG ? C’est un grand club."
Son avenir : "Ce qu’on peut me souhaiter, c’est de disputer au plus vite la Ligue des Champions et, ensuite, de remporter la Premier League ."
Ballon d’Or : "Si Dieu le veut, je serai le meilleur joueur du monde. Le Ballon d’Or , j’en rêve mais chaque chose en son temps. Pour le moment, je suis bien sur le terrain. Je pense avoir les qualités pour cela, mais il faut également enchaîner les prix sur le plan collectif."
Basket : "C’est mon deuxième sport préféré. Kobe Bryant est mon inspiration. À l’école, il y avait un gars qui était plus fort que moi, donc j’ai préféré ne pas continuer." (il rit)
Thierry Henry est très exigeant
Depuis un peu plus de trois mois, Romelu Lukaku a la chance de travailler en compagnie de Thierry Henry lorsqu’il retrouve l’équipe nationale. Des moments qu’il apprécie plus que tout au monde. "Avec lui, ce n’est pas facile. Il est très exigeant", sourit-il. "Je n’avais encore jamais connu cela auparavant. Même quand je fais une bonne passe, il suffit que le ballon fasse un tout petit rebond pour que je me fasse réprimander."
Des conseils qu’il apprécie à leur juste valeur. "Je pense qu’il voit en moi des caractéristiques qu’il avait également lorsqu’il était plus jeune. C’est pour cela qu’il est si intransigeant", poursuit-il. "Grâce à lui, je suis plus intelligent dans mes mouvements et donc, je suis moins régulièrement signalé en position de hors-jeu. Il m’apprend également beaucoup de choses à la finition, au niveau des contrôles de balle et de la vision du jeu. Lui, à son époque, donnait dix passes décisives par saison; j’aimerais pouvoir l’imiter."
"Hammam, jacuzzi : j’ai tout"
Romelu Lukaku aime passer du temps chez lui. Vu le confort qui s’y trouve, on peut le comprendre. Dans le salon, un écran géant pour jouer à Fifa avec ses potes, dont Paul Pogba. "Je ne pourrais pas jouer avec la manette d’un autre. Surtout chez Memphis (Depay) , les siennes sont assez bizarres. Donc je préfère prendre la mienne", dit-il.
Il a aussi ménagé un coin pour garder la forme. "Hammam, jacuzzi : j’ai tout ce qu’il faut. Dans le film sur Cristiano Ronaldo, j’ai vu qu’il était pire que moi. Lui, il a carrément tout ce qu’il y a dans une salle de gym, jusqu’aux bains chaud et froid. J’ai pris mes renseignements et je vais également en installer en décembre. Comme ça, je pourrai encore mieux préparer mes matches."
Juste à côté se trouve un grand billard. "Je suis dégueulasse quand je joue. Je préfère me poser tranquillement dans le fauteuil et regarder mes potes. Mais bon, dès qu’ils ratent un coup, je me moque", sourit-il.
La pièce qu’il apprécie plus que tout, c’est son dressing. "C’est important, cela donne une certaine image de nous. Je pense que les clubs y sont également attentifs. Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Paul Pogba et Zlatan Ibrahimovic ont un certain style maintenant. Moi, je suis souvent en training mais ça change petit à petit", sourit-il. "Les godasses sont importantes. J’ai une petite collection chez moi mais tout mon réservoir se trouve chez ma mère."
Une nouvelle fois, il évoque sa famille. Comme lorsqu’il ouvre la porte d’une salle réservée à la prière. "Ma mère a toujours voulu que nous prions tous ensemble. Nous remercions Dieu pour tout ce qu’il a déjà fait pour nous."