Herman Van Holsbeeck, le manager qui aimait les agents (PORTRAIT)
Herman Van Holsbeeck, c’est un gros palmarès mais aussi beaucoup de questions sur ses dernières années au RSCA.
- Publié le 12-09-2019 à 20h14
- Mis à jour le 12-09-2019 à 20h32
Herman Van Holsbeeck, c’est un gros palmarès mais aussi beaucoup de questions sur ses dernières années au RSCA. "99 % de mon temps, je parle de fric." Herman Van Holsbeeck nous avait fait cette confidence lors d’un déplacement européen d’Anderlecht il y a quelques années. On ne parlait pas encore de la vente du RSCA mais on le sentait las. Las d’un monde qui avait beaucoup changé entre son arrivée au Sporting en 2003 et cette période où il devait négocier et promettre de l’argent pour tout, même pour un gamin de 13 ans qui menaçait de partir si ses parents ne recevaient pas une grosse Mercedes.
Pourtant, de l’aveu de nombreuses personnes qui le fréquentaient lors de ces derniers mois à Neerpede, Van Holsbeeck aimait l’argent, lui aussi. Beaucoup lui reprochaient sa trop grande proximité avec quelques agents. Ses détracteurs aimaient laisser penser qu’il profitait des grosses commissions qu’il accordait lors des transferts. Lui s’en défendait en expliquant qu’il devait rendre compte de chaque euro dépensé au conseil d’administration, empêchant donc les magouilles.
Van Holsbeeck aimait aussi sortir son palmarès comme bouclier quand les doutes étaient là. Huit titres de champion en quinze années au Sporting. Une vitesse de croisière inégalable. "Sa grande force, c’était d’être capable de se remettre en question et de réagir rapidement, nous confie un proche. Si sa stratégie ne fonctionnait pas, il savait le reconnaître et s’inspirer d’un club plus en réussite."
Voyant que Mogi Bayat commençait à faire la pluie et le beau temps chez les agents, Van Holsbeeck lui a ainsi ouvert les portes de son bureau. D’abord un peu puis totalement. Au point que Bayat a fini par devenir son bras droit, son directeur sportif et même son seul réel scout. Tout passait par Mogi. Il se greffait à tous les dossiers. Pour faire un deal au RSCA, il fallait passer par Bayat. Avec la bénédiction de Van Holsbeeck.
Également très proche de Christophe Henrotay, un agent qu’il aimait recommander aux parents des plus grandes promesses du centre de formation, comme Youri Tielemans, Leander Dendoncker et Romelu Lukaku, Van Holsbeeck ne passait plus que par ses agents de confiance. Le temps où il assistait à des matchs en deuxième division argentine pour débusquer Matias Suarez avant les autres était bien loin. La cellule scouting du club était juste là pour décorer.
La haute direction ne disait rien, même si on lui avait mis Jo Van Biesbroeck dans les pattes à partir de 2015. Une belle-mère, commandée par le milliardaire et administrateur Alexandre Van Damme, qui devait veiller sur celui qui avait pris une énorme importance dans le club. Le président Roger Vanden Stock, lui, avait une confiance aveugle dans son manager général.
Les objectifs sportifs et, surtout, financiers étaient remplis. Le duo Van Holsbeeck/Bayat rapportait gros et permettait d’effacer les pertes du club chaque année. Parfois en partie, souvent totalement comme avec le package Mitrovic/Mbemba envoyé à Newcastle pour 25 millions en 2015.
Ces pertes ont commencé à s’accumuler, obligeant Van Holsbeeck à vendre tant et plus. Pour certains employés du club, il pensait plus à rapporter de l’argent qu’à engager de bons joueurs. Un phénomène qui s’est encore accéléré quand le manager général a compris que le club était lui-même en vente. Ses détracteurs revenaient en force : "Il essaie de s’en mettre un max dans les poches avant d’être viré." Toujours sans preuve.
Sa tentative d’amener un repreneur, le Russe Alisher Usmanov, avec Christophe Henrotay a échoué. Il savait que ses jours au RSCA étaient comptés quand Marc Coucke a débarqué.
Le nouveau propriétaire a vite été surpris par les comptes du club, s’étranglant en voyant les commissions qu’il devait encore régler à certains agents, des proches de Van Holsbeeck. "Des cadavres dans le placard", pour Coucke. "Rien d’anormal", selon Van Holsbeeck qui a toujours juré n’avoir reçu aucune enveloppe lors d’un transfert.
Le 6 avril 2018 , Van Holsbeeck était viré par Coucke. Les deux hommes ont d’abord essayé de s’entendre autour d’un départ à l’amiable mais les conditions proposées par le nouveau big boss ne convenaient pas à l’ex-manager général.
Avec son armée d’avocats, Coucke a dressé une liste de reproches (noyau déséquilibré, mauvaise communication…) pour invoquer la faute grave (et donc ne pas payer d’indemnités). Pas d’accord, Van Holsbeeck a attaqué en justice. Le procès doit encore avoir lieu.
Une sortie par la toute petite porte pour celui qui avait succédé à Michel Verschueren au début du siècle. Sa carrière dans le management, ascendante entre le RWDM, le Lierse et Anderlecht, était stoppée nette. Quatre jours après son C4, il était entendu par la justice dans le cadre du Footgate. Sans être inquiété par la suite. Jusqu’à ce que l’enquête ne le rattrape ce jeudi matin.
Entre ces deux moments, quasi une année qu’il a passée en bonne partie à l’hôtel Conrad de Bruxelles. De là, il gérait sa nouvelle carrière : agent de joueurs avec Mogi Bayat.