Les qualifications pour les nations asiatiques à la Coupe du monde 2022 se jouent déjà
Ce jeudi, à peine 10 mois et 22 jours après la finale de 2018, les qualifications à la Coupe du monde 2022 commencent déjà. Les plus faibles nations asiatiques ouvrent le grand bal, très loin des fastes du foot de haut niveau et de la première place des Diables à la Fifa.
- Publié le 06-06-2019 à 13h26
- Mis à jour le 06-06-2019 à 13h27
Ce jeudi, à peine 10 mois et 22 jours après la finale de 2018, les qualifications à la Coupe du monde 2022 commencent déjà. Les plus faibles nations asiatiques ouvrent le grand bal, très loin des fastes du foot de haut niveau et de la première place des Diables à la Fifa. La très dense zone asiatique étale ses qualifications sur deux ans et demi et les six premiers matchs d’une longue route vers le Qatar ont lieu ce jeudi. Si vous cherchez les résultats sur Livescore, il faudra descendre très bas. Ces six rencontres opposent des sans-grade du football mondial, ses nations toutes au-delà de la 165e place à la Fifa.
Des pays dont on ne parle jamais quand on évoque le ballon rond. Pourtant, le sport-roi vit aussi là-bas. Et même parfois plus qu’on ne l’imagine. Avec les moyens du bord, ils tentent de tenir leur rêve de Coupe du monde éveillé le plus longtemps possible. Zoom sur quatre de ces pays.
1. La Mongolie rêve avec l’ami de Martinez
C’est Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, qui aura l’honneur d’ouvrir officiellement la Coupe du monde 2022. L’équipe nationale locale reçoit Brunei (à 11 h du matin, heure belge) au stade national des sports, l’unique stade homologué dans ce pays qui est le 18e plus étendu de la planète. Le nom du stade n’est pas choisi au hasard : tous les sports utilisent ce complexe. Après les matchs de championnat (où quasi toutes les rencontres se jouent), les joueurs doivent vite repartir. Pour faire place à un autre match de foot, de rugby ou une compétition d’athlétisme… En dehors de ce stade, il n’y a rien pour le football en Mongolie. Même pas une structure indoor dans un pays où les températures atteignent moins 40° en hiver.
On est donc très loin du professionnalisme (un seul joueur a été pro grâce à un contrat… en D2 serbe) mais on retrouve quand même un ami de Roberto Martinez sur le banc mongol : Shadab Iftikhar, un Pakistanais qui a longtemps vécu en Angleterre où il faisait du scouting pour Wigan et Everton quand le sélectionneur des Diables y était. Les deux hommes sont toujours en contact. Il est aujourd’hui l’adjoint de Michael Weiss, un Allemand qui a entraîné en Roumanie, au Rwanda et aux Philippines.
Malgré ces conditions, les ambitions sont présentes. La fédération a financé un stage en Thaïlande pour préparer la double confrontation avec Brunei. Le but : faire mieux qu’aux qualifications pour le Mondial 2018 où la Mongolie avait été sortie d’entrée par le Timor Oriental (5-1 sur les deux matchs).
2. Le Bhoutan a gagné le Mondial… des losers
Pour les plus curieux qui s’amusaient chaque mois à descendre tout en bas du classement Fifa pour savoir qui était dernier, le Bhoutan est un pays bien connu. Longtemps, la petite nation coincée dans les montagnes de l’Himalaya a privatisé la lanterne rouge. La fédération locale connaît de gros soucis de trésorerie. La Fifa avait même dû financer la campagne du Bhoutan qualificative pour le Mondial en Russie. Avec un gros imprévu : l’équipe s’était qualifiée pour la phase de poules après avoir battu le Sri Lanka en préliminaire.
La marche était ensuite trop haute : 8 défaites en 8 matchs, dont un 15-0 encaissé au Qatar. Peu importe, le Bhoutan n’est plus dernier au classement aujourd’hui. Il est 186e sur 211, devant Gibraltar et Saint-Marin. Les hommes de l’Anglais Trevor Morgan, ancien adjoint à Hull City, veulent confirmer cette année contre la petite île de Guam.
Il est loin le temps où un réalisateur néerlandais avait organisé la Coupe du monde des losers en 2002 en mettant sur pied un improbable match entre le Bhoutan et l’île de Montserrat dans les Caraïbes, soit les deux nations les plus mal classées à la Fifa. Pour la petite histoire, le Bhoutan s’était imposé 4-0 chez lui, à Thimphu, la troisième capitale la plus haute du monde.
3. Le Cambodge et son ancienne star de l’AC Milan
Comme la Belgique avec ses Diables, le Cambodge adore son équipe nationale de foot. Un vrai engouement s’est créé ces dernières années, notamment grâce à la qualification pour la phase de poules lors de la campagne pour le Mondial 2018. Malgré les 8 défaites en 8 matchs et le seul but marqué (contre Singapour).
L’enthousiasme a encore grandi le 12 août 2018 quand la fédération a nommé Keisuke Honda comme sélectionneur. À la surprise générale, l’ancienne star japonaise de l’AC Milan a accepté d’y lancer sa carrière d’entraîneur, même s’il continue à jouer à Melbourne. Joueur dans le championnat australien et coach du Cambodge, Vincent Kompany peut aller se rhabiller.
Dans la double confrontation avec le Pakistan pour la qualification en phase de poules, Honda jouera déjà gros mais il veut s’inscrire dans un projet à long terme pour développer le football local. Il a d’ailleurs le titre de manager général du foot cambodgien. L’une de ses premières missions sera de convaincre les meilleurs joueurs cambodgiens du championnat d’oser s’expatrier. Trop souvent, ils préfèrent rester les vedettes chez eux plutôt que de répondre favorablement aux offres de compétitions plus huppées, notamment la Thaïlande. Il faut dire que les footballeurs touchent en moyenne 500 € par mois, quatre fois plus que le salaire minimum au Cambodge.
4. Le Pakistan et ses trois années sans match
L’adversaire des Cambodgiens d’Honda sera donc le Pakistan, un pays qui n’a jamais gagné un seul match de qualification de toute son histoire : 30 matchs, 26 défaites et 4 nuls depuis la campagne 1990. Le pire bilan absolu dans la zone Asie pour ce pays aux 197 millions d’âmes.
Pour le Mondial 2018, le Pakistan s’était incliné en mars 2015 en préliminaire contre le Yémen. Les joueurs n’avaient ensuite plus eu un seul match international pendant… trois ans, la faute à une suspension de la Fifa pour ingérence.
La sélection se reconstruit lentement, sous les ordres d’un entraîneur brésilien, José Antonio Nogueira. Il a repris un maximum de Pakistanais qui jouent à l’étranger pour la double confrontation avec le Cambodge, notamment les cinq internationaux qui jouent dans le championnat danois. On notera aussi la présence d’un gamin de 17 ans qui évolue en… sixième division anglaise.