Le foot féminin en Belgique (1/3): “Six équipes de haut niveau, c’est insuffisant"
Katrien Jans, manager du football féminin à l’Union Belge, explique la volonté de la fédération de mettre en valeur la discipline.
- Publié le 05-06-2019 à 08h21
Katrien Jans, manager du football féminin à l’Union Belge, explique la volonté de la fédération de mettre en valeur la discipline. La Coupe du Monde féminine débutera ce vendredi 7 juin en France. Hélas, sans la Belgique, éliminée en barrages par la Suisse. Devant l’engouement croissant que suscite le football féminin, l’Union Belge a décidé de s’investir pour développer la pratique.
Katrien Jans, ancienne footballeuse de haut niveau, a été chargée de cette mission en début d’année 2019.
Nous l’avons rencontrée pour savoir comment se porte le foot féminin dans notre pays.
En 2019, l’Union Belge (UB) a décidé de développer le football féminin. Que mettez-vous en place pour cela ?
"Le nouveau CEO, Peter Bossaert (arrivé en septembre 2018) tient à exposer davantage le football féminin. C’est pourquoi il a décidé qu’une personne devait s’occuper à 100 % du football féminin sur le plan extra-sportif et je suis très heureuse d’avoir reçu cette responsabilité. Jusqu’à présent, je m’occupais de l’organisation pratique de tous les événements de la Fédération belge de Football. Actuellement, nous sommes en train de définir un plan stratégique pour les cinq prochaines années. C’est une grande première."
Que contient ce plan stratégique ?
"Pour le moment, nous ne dévoilerons aucune mesure précise. Les objectifs chiffrés seront communiqués fin août, juste avant le début de la nouvelle campagne de qualification pour l’Euro féminin 2021. Je peux simplement dire qu’il y a trois principaux axes de travail. Améliorer la qualité au plus haut niveau, augmenter le nombre d’affiliées et accroître les moyens financiers investis dans le football féminin."
Cinq ans seront-ils suffisants pour atteindre vos objectifs ?
"Il y a beaucoup de progrès à faire et de défis à relever. Tout ne va pas se faire en un claquement de doigts. Mais nous ne serons pas seuls à œuvrer pour le développement du foot féminin. La collaboration avec les autres instances que sont Voetbal Vlaanderen, l’Association des Clubs francophones de Football et la Pro League sera cruciale pour réussir."
Le football féminin belge est encore amateur, même au plus haut niveau. La professionnalisation est-elle une priorité pour vous ?
"Nous devons clairement faire progresser le championnat belge. Six équipes sont actuellement présentes en Super League, la plus haute division. Mais c’est insuffisant, il devrait y en avoir plus. Et si davantage de joueuses évoluent au plus haut niveau chez nous, il y aura une émulation positive qui va tirer le football féminin belge vers le haut. Mais avant d’aller vers la professionnalisation, nous visons la semi-professionnalisation."
Les championnats étrangers, en France, en Angleterre ou en Allemagne sont très développés. Les meilleures Belges signent dans ces clubs. Est-ce une vraie problématique pour l’UB ?
"Une dizaine de joueuses sont parties vers d’autres championnats. Nos clubs n’ont pas un statut professionnel et cela peut inciter des footballeuses à partir. Si nous arrivons à construire un championnat avec de bonnes structures et un bon encadrement, de plus en plus de filles vont rester en Belgique. Mais dans tous les cas, comme chez les hommes, la Belgique est un petit pays et ne pourra pas avoir un championnat aussi puissant que l’Angleterre, l’Allemagne ou la France."
Recruter des joueuses étrangères serait-il une solution pour faire progresser le football belge plus rapidement ?
"Nous avons un vivier important de filles en Belgique et elles progressent bien. Avant d’attirer des étrangères, nous devons d’abord offrir aux jeunes du pays de bonnes conditions pour jouer."
En 2015, l’Union Belge a travaillé avec la FIFA autour du programme "Live your goals" pour promouvoir le football féminin. Quel bilan en tirez-vous ?
"L’objectif était d’attirer les jeunes filles vers le football. Des initiations et détections appelées "Foot festival" ont été organisées partout en Belgique. En plus de cela, un centre de formation a été lancé à Louvain. Ce projet a été subventionné pendant quatre ans par la FIFA et aujourd’hui, il l’est par Sport Vlaanderen et l’aile flamande de l’UB. C’est un véritable succès qui nous a aidés à passer de 22 000 affiliées en 2012 à 40 000 en 2019."
Allez-vous vous inspirer de ce centre de formation pour développer le football féminin belge ?
"Oui, c’est un modèle. Dans cette école, les filles ont désormais 20 heures de football par semaine et sont très bien encadrées. Notre souhait est d’avoir la même qualité d’encadrement et le même nombre d’entraînements dans les clubs du pays."
Il y a également peu de femmes aux postes de dirigeantes, d’arbitres ou d’entraîneurs. Travaillez-vous aussi sur la féminisation de ces postes ?
"Oui et en ce moment, l’évolution est visible. Stephanie Forde vient d’être nommée directrice opérationnelle de l’arbitrage belge aux côtés de trois hommes. Nous avons également deux femmes à des postes de dirigeantes à l’UB, Pegie Leys, responsable juridique et Mieke De Clercq, membre du Comité Exécutif. Mais si elles ont été choisies, c’est pour leurs qualités et pas parce qu’elles sont des femmes."