Disparition de Sala: “Quand le PSG met 220 millions pour Neymar, le lendemain, il met la même somme pour l’assurer”
Didier Loiseau explique le rôle des assurances dans le monde du football, où l’enjeu économique est souvent de taille.
- Publié le 09-02-2019 à 11h11
- Mis à jour le 09-02-2019 à 11h18
Didier Loiseau explique le rôle des assurances dans le monde du football, où l’enjeu économique est souvent de taille. Les joueurs sont assurés deux fois. Par leur club et à titre individuel. Un club se couvre du préjudice dit de "perte du joueur", entraînée par son inaptitude à pratiquer le football en raison d’une blessure grave, ou de maladie, soit son décès. Les clubs assurent leur effectif à hauteur du prix d’achat des joueurs ou de leur valeur estimée. Ancien footballeur dans les années 80, Didier Loiseau est aujourd’hui le directeur général d’Henner Sports, un cabinet de courtage d’assurance spécialisé dans la couverture des risques sportifs, il explique notamment comment les clubs se protègent.
Comment sont déterminés les contrats d’assurances dans le milieu du football ?
"Il y a ce qu’on appelle des conditions d’acceptation. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, les joueurs subissent des bilans extrêmement importants pour le club, pour pouvoir contrôler toutes anomalies et problèmes de santé. Ils subissent des examens médicaux, et remplissent un questionnaire de santé. Nous, les assurances, nous nous appuyons sur les résultats de ces bilans, pour déterminer le contrat d’assurance susceptible de convenir au joueur. Un joueur qui a subi de nombreuses blessures est donc beaucoup plus difficile à assurer, car il représente un certain risque financier."
Que font les clubs pour se couvrir ?
"Quand le PSG achète Neymar 220 millions d’euros, il paye une assurance le lendemain pour la même somme. Leur effectif leur coûte donc 900 millions en termes d’assurance. Le PSG, comme tous les grands clubs, assure ses joueurs car c’est un capital, un investissement. Si demain, le joueur a un accident de voiture et ne peut plus jouer au football, le club a perdu son investissement."
D’ailleurs, existe-t-il des clubs qui n’assurent pas leurs joueurs ?
"Quand Newcastle achète Shearer, le club ne prend aucune assurance car personne ne le veut, il lui arrivait donc de voyager seul en avion, sans son club. Pour les clubs, il n’y a aucune obligation d’assurer tous les joueurs, ils le font en fonction de la valeur patrimoniale des joueurs. Dans les faits, tous les grands clubs s’assurent. S’il y a un décès ou une longue incapacité, la perte est totale. Cependant, certains clubs préfèrent assurer seulement certains joueurs qui sont plus rentables."
La spécificité du contrat "homme-clé"
Didier Loiseau dirige la société Henner Sports et s’est spécialisé dans l’assurance des sportifs professionnels. D’ailleurs, il a travaillé par le passé avec des clubs belges et continu de collaborer avec des Diables rouges.
Depuis quelques années, ce spécialiste en économie du sport a remarqué l’émergence d’un nouveau concept : le contrat homme-clé. "C’est lorsqu’un joueur de classe mondiale signe dans un nouveau club, on parle alors d’un contrat homme-clé." Dans les faits, c’est un contrat dans lequel l’assuré, en l’occurrence le joueur, n’est pas le bénéficiaire des garanties, mais son club. Le contrat homme-clé est donc le contrat que va souscrire le club pour couvrir les montants de transferts ou la valorisation de ses joueurs. "Par exemple, Neymar est acheté 222 millions d’euros par le Paris Saint-Germain, et le club va souscrire une assurance du même montant, au cas où le joueur décède, ou, suite à un problème de santé, ne puisse plus jouer au football. Aujourd’hui, des solutions existent pour assurer des grands joueurs à travers deux cadres d’assurance. La réassurance et la co-assurance. La première, c’est une opération par laquelle un assureur se fait garantir par un autre assureur. La deuxième, c’est lorsque les sociétés d‘assurance font appel à d’autres assureurs pour couvrir un assuré."