Révélations sur le Footgate: les vrais comptes de l'agent Veljkovic
Bénéfices déclarés l’an passé : 4.529 €. Ce qui n’a pas empêché l’agent de joueurs de retirer 450.000 € cash, en un jour !
- Publié le 02-11-2018 à 06h52
- Mis à jour le 02-11-2018 à 12h18
Bénéfices déclarés l’an passé : 4.529 €. Ce qui n’a pas empêché l’agent de joueurs de retirer 450.000 € cash, en un jour ! Dejan Veljkovic, l’un des plus importants agents de joueurs en Belgique, a déclaré à peine 4.529 euros de bénéfices l’an passé. Les années précédentes, il n’avait jamais déclaré plus de 28.000 euros. Et pourtant, Veljkovic possède 30 (!) comptes dans une banque à Genk. Et comme si ce n’était pas suffisamment suspect : il y a encaissé 450.000 euros en un jour. 450.000 en cash !
Si ce n’est le jour de son arrestation, Dejan Veljkovic n’a plus été entendu de façon approfondie par les enquêteurs du Footgate. Le Serbe de 48 ans aura pourtant beaucoup à expliquer. En particulier sur les résultats de sa société, DV Management dont le siège se trouve à Wilrijk.
Les chiffres ne sont pas secrets. Selon les résultats publiés par la Banque nationale, Veljkovic n’a pas déclaré beaucoup. Et cela dure depuis des années. Pour être précis : 28.403 euros en 2011. C’est resté du même ordre jusqu’en 2016. En 2017, Dejan Veljkovic n’a plus déclaré que 4.529 euros, à peine de quoi acheter une vieille Golf d’occasion.
Ces chiffres tranchent avec son train de vie. Il suffit, pour s’en assurer, de regarder (à travers les feuillages) sa grosse villa à Schoten. En clair, la justice suspecte Monsieur Veljkovic de blanchiment pour des millions d’euros.
Un de ses grands partenaires dans cette criminalité en col blanc : Uros Jankovic, lié comme Veljkovic à l’agence de Mateja "Batman" Kezman, l’ancien joueur de Chelsea et du PSV.
Après les 44 perquisitions de l’Opération Zéro le mois passé en Belgique, le parquet fédéral a fait savoir que le juge d’instruction avait délivré un mandat d’arrêt européen au nom d’un certain U.J.
U.J. comme Uros Jankovic, le bras droit de Veljkovic.
Uros Jankovic, sur papier , dirige plusieurs sociétés, notamment à Chypre et au Montenegro. Dont Top Scorer Consulting, une référence dans le football international. Une autre de ses sociétés, Magnum Doo, est comme Uros Jankovic enregistrée en Belgique, ce qui permet d’agir chez nous dans les transferts de joueurs.
Selon des sources judiciaires, Veljkovic et Jankovic travaillent main dans la main depuis des années. Les enquêteurs pensent que Dejan Veljkovic établit lui-même des fausses factures ou les fait établir au nom de sociétés étrangères, derrière lesquelles on le retrouve, lui ou des membres de sa famille. Et les comptes de ces sociétés servent à transférer de grosses sommes d’argent.
Beaucoup d’argent : c’est le mot qui convient ! Outre ses deux comptes personnels, Veljkovic gère un enchevêtrement de comptes bancaires en Belgique. Au total, pas moins de 30, tous dans la même agence à Genk où il dispose des procurations nécessaires. Des comptes sont au nom de son frère, de son père, et de joueurs et anciens joueurs comme Milan Jovanovic, Dalibor Veselinovic et Ivan Obradovic.
Les enquêteurs ont reconstitué le circuit. Les commissions perçues lors des transferts partent, via des intermédiaires, sur des comptes de sociétés dans des paradis fiscaux, notamment Belize.
L’argent revient sur des comptes ouverts dans cette agence à Genk où Veljkovic peut jouer sur 30 comptes. De là, des montants sont versés, notamment via Western Union, à des personnages liés au football belge, dont des footballeurs et entraîneurs, ou leur famille. Pour les enquêteurs, rien de moins qu’un circuit d’argent sale.
Au fil des ans , Veljkovic prenait de plus en plus de risques. On en a un bel exemple à l’automne 2016. Ce jour-là, Dejan est allé retirer 450.000 euros. En un jour, 450.000 en cash. 200.000 du compte de son père, 250.000 de celui de son frère.
Lors de sa première audition, qui fut rapide, Dejan Veljkovic a répondu au juge d’instruction Joris Raskin que ces transactions étaient "normales".
Veljkovic ne se voit pas comme un gros gangster. Il admet seulement qu’il a parfois commis des petites erreurs de facturation.