QPR, un mirage est passé
Durant les fêtes, nous vous proposons une immersion dans le monde à part du football anglais. Aujourd’hui, retour sur les quatre années les plus folles des Queens Park Rangers entre 2007 et 2011, entre millions et illusions perdues.
- Publié le 27-12-2014 à 19h17
- Mis à jour le 28-12-2014 à 17h46
Durant les fêtes, nous vous proposons une immersion dans le monde à part du football anglais. Aujourd’hui, retour sur les quatre années les plus folles des Queens Park Rangers entre 2007 et 2011, entre millions et illusions perdues. Ils ont beau avoir sauvé un club en perdition. Mais prononcer désormais les noms de Bernie Ecclestone et Flavio Briatore dans les alentours de Loftus Road est au pire le signe d’un courage qui se rapproche davantage de la stupidité au vu des risques encourus, au mieux la démonstration d’une méconnaissance de l’histoire récente des Queens Park Rangers.
Flash-back. Nous sommes en 2007. Après des années de crise sportives et financières, cette vénérable institution fondée en 1882 est à l’agonie quand deux hommes se présentent à son chevet pour la sauver : Flavio Briatore et Bernie Ecclestone.
Le duo qui a fait fureur en Formule 1 éponge les 13 millions de livres de dettes et rachète 69 % des actions contre un autre million. L’espoir renaît auprès des fans, surtout quand Briatore et Ecclestone annoncent fin 2007 l’arrivée dans le capital du magnat indien de la sidérurgie Lakshmi Mittal, 8e homme le plus riche de la planète.
À l’époque , les fortunes cumulées des trois hommes font des Queens Park Rangers le club le plus riche au monde avec des ressources de plus de 20 milliards de livres, de quoi faire passer Roman Abramovich et ses 10 milliards de capital pour un petit joueur.
Sauf qu’à la différence du Russe, les nouveaux propriétaires ne font pas fonctionner la planche à billets à tout va. Minoritaire, Mitall n’a pas son mot à dire dans la gestion quotidienne du club alors que Briatore et Ecclestone se distinguent par leur manière de faire à l’encontre des canons habituels dans le monde du football.
L’Italien n’hésite pas à appeler ses entraîneurs à la mi-temps pour leur faire bénéficier de ses lumières tactiques plutôt limitées. Et ceux qui ne vont pas dans son sens sont priés d’aller voir ailleurs : en quatre ans, le club connaît treize managers différents, ce qui fait de la formation londonienne la risée de toute l’Angleterre.
"Si vous ne virez pas ces entraîneurs, vous ne vous en sortez pas. Quand vous comprenez que quelqu’un n’est pas assez pour un boulot, il vaut mieux le virer tout de suite que de perdre six mois. J’avais l’impression que nous allions nulle part avec ces gars" , s’est défendu après coup l’ancien patron de Benetton.
Rare joueur à avoir été au club dès le début de cette nouvelle ère, Mikele Leigertwood se souvient "d’un cauchemar".
Même si QPR finit par remonter au printemps 2011 non sans avoir vu sa promotion longtemps menacée par un transfert douteux, un gouffre s’est creusé entre les supporters et les dirigeants qui donnent l’impression d’avoir d’autres priorités.
Pour affronter ce retour en Premier League , ils n’octroient à leur manager qu’une enveloppe de 1,5 million d’euros.
L’annonce passe d’autant plus mal à l’époque que le prix des abonnements a explosé de 70 % et que Bernie Ecclestone a offert à sa fille Petra un appartement à Hollywood de 65 millions d’euros avec pour la pendaison de crémaillère un concert des Black Eyed Peas à 1,2 million…
Un peu plus de trois ans après la fin de cette ère qui s’est matérialisée par le rachat du club par un autre milliardaire, nettement plus apprécié, le Malaisien Tony Fernandes, Flavio Briatore, lui, n’en démord pas comme il l’a rappelé l’an passé dans F1 Racing Magazine.
"Nous avons repris QPR dans les bas-fonds de Championship et il y avait un plan sur quatre ans qui nous a fait monter en Premier League " , a-t-il martelé. "Je ne comprends pas qu’on en fasse des histoires."
Par contre, un documentaire est né de cette folle aventure, The Four Year Plan . Mais n’en parlez surtout pas aux supporters des R ….
Les pitreries de Vincent Tan
S’il devait y avoir un roi des clowns de la Premier League (du surnom que la presse anglaise a trouvé à ces propriétaires capables de toutes les folies), nul doute que Vincent Tan serait couronné. Sauf que les facéties du Malaisien ne font plus rire personne à Cardiff alors qu’elles ont fait se gausser la Premier League l’an passé. Actionnaire depuis 2010, Tan, qui a fait fortune dans le secteur des loisirs, a frappé très fort.
Après avoir investi 100 millions d’euros en 2013, le tout puissant président a décidé de tout changer, en commençant d’abord par les couleurs. Le club, qui évoluait en bleu depuis sa fondation en 1892 joue désormais en rouge, une couleur porte-bonheur en Asie. Tan a aussi limogé il y a maintenant un an le populaire Malky Mackay dont le travail était pourtant unanimement reconnu en Angleterre. Et s’il avait pu obtenir son visa, le Kazakh Alisher Apsalyamov… décorateur d’intérieur, aurait repris la tête de la cellule recrutement du club… Mais même s’il n’amuse plus grand monde et que Cardiff est retombé en Championship , Tan vient d’éponger une grande partie des dettes des Bluebirds , ce qui n’empêche pas les supporters du club de réclamer son départ à chaque match…
Assem Allam, l’œil du tigre
Steve Bruce peut s’attendre à passer un mois de janvier tranquille. Le manager d’Hull est prévenu : son club, qui lutte pour ne pas descendre a pourtant grandement besoin de renforts, ne recrutera personne cet hiver.
Assem Allam, qui a sauvé Hull de la faillite en 2010 et qui a depuis investi plus de 80 millions d’euros dont 35 rien que cet été sur le marché des transferts, ne déliera pas les cordons de sa bourse. Une question de principe pour l’Égyptien qui depuis le printemps compte bien aller au bout de son idée et faire du Hull City Association Football Club Tigers les Hull Tigers.
En avril , la fédération anglaise a opposé une fin de non-recevoir à ce projet, pour la plus grande joie des supporters qui déploient à chaque match de leurs favoris une banderole sans équivoque We are Hull City même si un tigre est au centre du blason du club.
"Mais pour entrer dans une nouvelle ère, il faut un nom fort. Je ne veux pas créer un nouveau nom" , argumente Assem Allam. "Je ne veux pas que le club devienne Hull Viking, Hull Allam ou Hull je ne sais quoi. Maintenant, nous voulons un nom plus court comme Coca-Cola, Twitter, Google. Nous n’allons pas y arriver avec un nom comme Hull City Association Football Club Tigers Ltd."
Et Assem Allam, qui s’est réfugié à Hull dans les années 60 après avoir fui le régime de Nasser, ne s’en cache pas : lui qui a investi non pas par amour du football mais pour donner du bonheur à toute la ville pourrait se retirer s’il ne réussit pas dans son entreprise…