Egan Bernal, une prise de pouvoir dont on se souviendra
Le Colombien a réalisé un véritable numéro avant que l’étape ne soit neutralisée.
- Publié le 26-07-2019 à 18h14
- Mis à jour le 26-07-2019 à 20h06
Le Colombien a réalisé un véritable numéro avant que l’étape ne soit neutralisée.
Si quelqu’un avait annoncé que l’étape de ce vendredi verrait Thibaut Pinot quitter la course et qu’elle s’arrêterait prématurément au sommet du Col de l’Iseran, nous l’aurions tous pris pour un fou. Mais oui, cette 19e étape du Tour de France 2019 entre Saint-Jean-de-Maurienne et Tignes restera à jamais gravée dans la légende du Tour de France. Certainement à cause des images incroyables de grêle et de coulées de boue sur la route, de l’incompréhension des coureurs après le message délivré par Radio Tour que l’étape était neutralisée mais aussi grâce au spectacle proposé par les coureurs et le numéro du jeune Egan Bernal.
Le Colombien de l’équipe Ineos a porté son attaque à plus six kilomètres du sommet du Col de l’Iseran et a ainsi dépossédé Julian Alaphilippe du maillot jaune. Pourtant Bernal n’aurait pas dû prendre le départ de ce Tour. Initialement prévu sur le Tour d’Italie, il s’était fracturé la clavicule à l’entraînement à quelques jours du départ où il était censé être le leader de la formation Ineos. De retour au mois de juin, il se préparait à participer à son deuxième Tour de France pour épauler ses leaders Christopher Froome et Geraint Thomas. Mais quand le quadruple tenant du titre a dû déclarer forfait suite à sa lourde chute lors du Critérium du Dauphiné, la donne a changé. Surtout que dans le même temps l’autre pièce maîtresse de la formation britannique devait abandonner dès la 4e étape du Tour de Suisse et n’arrivait pas dans les meilleures conditions possibles sur le Tour de France. Bernal était donc replacé sur un pied d’égalité avec le tenant du titre et ne devait pas se mettre à son service sur la Grande Boucle.
Le Colombien a passé la première partie de ce Tour sans embûche aux côtés de Thomas mais une fois arrivé dans les Pyrénées, le Gallois a montré ses premières faiblesses, à la fois dans le Tourmalet et dans le Prat d’Albis. Bernal était plus fort que son équipier en montagne mais la direction de l’équipe Ineos tardait à prendre une décision définitive sur le leadership croyant toujours en une résurrection de Geraint Thomas.
Dans les Alpes, la situation n’a pas changé. Ce jeudi sur les pentes du Galibier, personne n’a su répondre à l’attaque du petit Colombien qui a été le seul à reprendre du temps sur Alaphilippe. Et ce vendredi, sur les pentes de l’Iseran, après l’attaque initiale de Thomas, bien contrôlé par Buchmann et Kruijswijk, Bernal a enfin pu y aller pleinement et jouer sa propre carte. Passé au sommet de l’Iseran avec 50 secondes d’avance sur le groupe Kruijswijk-Thomas et plus de deux minutes sur le groupe Alaphilippe, le Colombien semblait parti vers un triomphe dans la station de Tignes. Mais les conditions météorologiques en ont décidé autrement…
Egan Bernal prend malgré tout le maillot jaune à Julian Alaphilippe, qui grâce à la neutralisation conserve son podium. À 22 ans seulement, il est sur le point de remporter son premier Tour de France. Car même si les écarts sont probablement plus limités qu’ils ne l’auraient été sans la neutralisation, on devrait assister au couronnement d’Egan Bernal sur les pentes de Val Thorens, où on imagine mal le Colombien craquer alors qu'il est une jambe au-dessus des autres depuis 48 heures...