Dirk Demol, l'un des directeurs sportifs de Katusha: "La nouvelle de l’arrêt est prématurée"
Dirk Demol s’explique sur toutes les rumeurs et tous les bruits qui circulent autour de l’équipe Katusha.
- Publié le 02-07-2019 à 10h06
- Mis à jour le 02-07-2019 à 10h08
Dirk Demol s’explique sur toutes les rumeurs et tous les bruits qui circulent autour de l’équipe Katusha. La caisse de résonance qu’est le Tour de France amplifie les rumeurs et les bruits de coulisse.
Ainsi, on a annoncé ces derniers jours le retrait de Katusha. La nouvelle s’est répandue que la formation russo-suisse n’aurait pas déposé son dossier de demande de licence WorldTour pour la saison prochaine. D’autres sources affirment que la firme allemande Alpecin, co-sponsor de l’équipe du manager José Azevedo, poursuivrait l’aventure l’an prochain en se rapprochant de l’actuelle équipe procontinentale belge Corendon, dont Mathieu Van der Poel est le leader. Ou qu’elle fusionnerait avec Israël Cycling Academy, une formation procontinentale qui cherche à s’allier à une structure existante pour grandir.
Dix coureurs sur les vingt-trois qui forment le noyau actuel sont encore sous contrat pour 2020 avec Katusha, dont les Belges Jens Debusschere et Jenthe Biermans, alors que Steff Cras, le troisième compatriote, arrive en fin de contrat.
Au départ de la 6e étape, à Mulhouse, nous avons rencontré Dirk Demol, un des directeurs sportifs de la formation.
Qu’en est-t-il de tous ces bruits ? L’équipe Katusha va-t-elle arrêter ?
"La nouvelle de cet arrêt est vraiment prématurée. Contrairement à ce que certains ont dit, nous avons demandé une licence pour l’an prochain ; l’affaire suit son cours. Il faut attendre. L’avenir de notre équipe se joue au-dessus de notre tête. Je suis confiant que cela va continuer. Il ne faut pas céder à la panique ; nous devons nous focaliser sur l’aspect sportif."
Il semble que les coureurs et le staff ont été avertis par mail de l’arrêt de l’équipe.
"Nous avons été informés de la situation, c’est vrai. On nous a dit qu’il y avait des incertitudes, mais qu’on travaillait à résoudre tous les problèmes. Le Tour est une source de rumeurs , vous savez comment ça se passe. Ce n’est évidemment pas facile pour travailler l’esprit serein, je suis constamment abordé par des gens qui veulent savoir. Pourtant, l’ambiance reste vraiment super dans le groupe ici sur le Tour."
Tout cela ne doit pas être évident et, en plus, dans la plus grande course au monde.
"Nous étions déjà dans la difficulté avant le départ. Car, avant la saison, nous avions différents plans. En hiver, on avait réparti les objectifs en trois blocs. Pour les classiques, où Niels Politt a bien marché, 2e à Roubaix, 5e en Flandres, nous étions bien présents et aussi comme groupe. Au Giro, Zakarin a gagné une étape et a terminé 10e. C’était le but. Mais pour le Tour, notre plan était que Marcel Kittel soit le leader. Je ne veux pas casser de sucre sur le dos de Marcel, mais on ne peut pas faire face à une telle perte. Toutes les équipes sont tributaires de leur leader et je comprends que ce ne soit pas facile pour un sponsor."
Comment avez-vous rebondi ?
"On essaie de faire de notre mieux. Malgré le fait qu’il avait disputé le Giro, nous avons essayé de persuader Zakarin de se focaliser quand même sur le classement, au moins jusqu’à l’arrivée à La Planche des Belles Filles, où nous aurions fait le point, mais notre Russe ne voulait rien entendre. Il a rapidement perdu du temps, il ne rêve que d’une chose : gagner une étape, ce qui ne serait déjà pas mal. C’est d’ailleurs avec cet objectif que nous avons débarqué à Bruxelles."
Ce sont les vélos allemands Canyon qui équipent Katusha mais aussi la formation Corendon dont Mathieu van der Poel est le leader. Tous deux sont liés avec Canyon jusqu’à la fin 2023. On vous retrouvera peut-être comme directeur sportif du Néerlandais ?
"C’est normal que le lien soit fait avec l’équipe Corendon ; ils étaient déjà leur fournisseur de vélos. On verra ce que l’avenir nous réserve ; là, on est dans le flou. J’ai signé un contrat de deux ans et je suis tranquille. Chez Trek, j’étais tranquille et assuré d’un avenir à long terme, mais il y avait tellement longtemps que Katusha me sollicitait. C’est vrai que tout n’est pas facile."
Il y a un Belge dans votre équipe au Tour, Jens Debusschere, mais son début de Tour n’est pas fameux. Pour quelle raison ?
"Il avait un nerf bloqué et il était incapable d’accélérer. À Bruxelles, il aurait toujours dû finir dans les dix premiers et la manière avec laquelle il a été lâché dans le contre-la-montre par équipes n’était pas normale non plus. Il avait roulé une fois un relais bien puissant et ne s’en est pas remis. On a découvert ce qui posait problème. Notre ostéopathe a investigué et découvert ce qui clochait. Jens a été manipulé, maintenant cela va mieux, mais il lui faut quelques jours pour récupérer et que tout entre à nouveau dans l’ordre. D’autant que, mentalement, il avait vraiment encaissé le coup avec difficulté. J’espère que dès ce vendredi il pourra sprinter normalement, si, comme on le pense, l’étape finit au sprint. Ce serait bien qu’il prenne place parmi les dix premiers, cela le relancerait pour la suite du Tour."