John Lelangue: "Les classiques, l’attaque et le sprint comme ADN"
Nouveau manager général de l’équipe Lotto-Soudal, John Lelangue a établi sa première feuille de route.
- Publié le 17-11-2018 à 08h03
- Mis à jour le 17-11-2018 à 08h18
Nouveau manager général de l’équipe Lotto-Soudal, John Lelangue a établi sa première feuille de route.
Son teint encore hâlé est le dernier témoin d’une vie de nomade et de multiples défis. Bruxellois pure souche, John Lelangue n’avait plus posé ses valises dans notre capitale depuis près d’un quart de siècle, happé par une passion pour le cyclisme qu’il a décliné sous toutes ses formes et en de multiples fonctions. Tour à tour responsable du service presse d’ASO, directeur sportif et manger sportif des équipes Phonak et BMC, consultant sur les ondes de la RTBF, organisateur des championnats du monde de Doha ou encore consultant pour l’UCI, celui qui a clôturé cette dernière mission il y a moins d’un mois en Chine, lors du Tour de Guangxi, a choisi de revenir au pays à 48 ans pour prendre la direction de l’équipe Lotto-Soudal, avec laquelle il avait déjà flirté il y a deux ans. "Une opportunité fantastique, qui me permet de retrouver ma patrie dans une fonction de manager général à laquelle je voulais vraiment goûter", souffle le fils de Robert. Nouveau capitaine du navire blanc et rouge, John Lelangue a déjà couché sur papier une première feuille de route "qui devra être affinée dans les prochaines semaines puisque je ne suis entré en fonction que jeudi…"Ambitions sportives: classiques et offensives
"Les ambitions sportives constituent tout naturellement le cœur du projet d’une équipe cycliste professionnelle. Nous émargeons au WorldTour, l’élite de notre discipline, et devons nous montrer fiers et respectueux de ce statut. Je veux dire par là qu’il nous faut être acteur des plus grandes courses du monde sur lesquelles nous nous alignerons. Le goût de l’offensive, les classiques et le sprint font partie de l’ADN de cette équipe historique et je souhaite que nous affirmions cette identité forte. Cela signifie-t-il que nous pousserons un peu plus Tim Wellens et Tiesj Benoot vers les courses d’un jour ? Pas seulement, évidemment, car cette volonté ne doit pas nécessairement se faire au détriment des épreuves d’une semaine. Mais quand on voit ce que Benoot a fait l’année dernière sur les Strade Bianche… Notre équipe U23 a, par ailleurs, toujours constitué un vivier de talents important pour la structure pro, un atout qu’il faudra renforcer en optimalisant la détection en Belgique, prioritairement, mais aussi à l’étranger. Nous devons être à l’affût des stars de demain qui évoluent aussi en dehors de nos frontières. J’aimerais construire de plus nombreuses passerelles entre nos meilleurs espoirs et la structure WorldTour. Je sais que mon prédécesseur avait affirmé vouloir installer Lotto-Soudal dans le top 5 des meilleurs équipes mondiales. La prochaine réforme de l’UCI et des classements mondiaux bouleversera sans doute quelque peu les repères, mais disons que j’aimerais que nous appartenions aux huit meilleures formations du globe (NdlR : Lotto-Soudal a terminé au 15e rang du classement WorldTour par équipes 2018) ."
Ambitions organisationnelles: plus de modernité
"Une équipe cycliste constitue un assemblage de très nombreuses personnalités et fonctions mais leur point commun est que toutes doivent tendre vers l’excellence. Dans le cyclisme moderne, chaque détail compte, que ce soit le matériel, l’encadrement médical, l’entraînement ou la diététique. Nous voulons être à la pointe sur chacun de ces points. Je sais que certaines équipes possèdent des moyens financiers bien supérieurs aux nôtres, mais tout n’est pas toujours qu’une question d’argent. Dans un peu plus d’une semaine, nous organiserons par exemple, pour nos directeurs sportifs, une journée dédiée au coaching mental, animée par notre psychologue ainsi que l’entraîneur Paul Van den Bosch. Le dynamisme et la posture peuvent faire avancer beaucoup de choses."
Ambitions belges: une identité noir-jaune-rouge
"Lotto-Soudal est la plus belge des équipes du WorldTour, une identité qu’il nous faut conserver, même si notre rayonnement est très international. Quand une opportunité comme le recrutement du super sprinter Caleb Ewan s’offre à nous, il faut la saisir, mais il est important de conserver une majorité de coureurs belges."
Ambitions partenariales: en lien avec les sponsors
"Les sponsors constituent le fondement même d’une équipe cycliste. Il est donc important de les intégrer pleinement dans la vie de notre formation pour que le lien et l’identification réciproque soient plus forts."
"Sergeant restera le patron sportif de l’équipe"
Lelangue déléguera "en toute confiance" la responsabilité du sportif au Brabançon.
Intronisé manager général de la formation Lotto-Soudal, John Lelangue sera le grand patron de l’équipe belge.
Une structure qui s’est considérablement renforcée et professionnalisée ces dernières années comme en atteste l’élargissement de son staff où se côtoieront donc, la saison prochaine, trois managers.
"Marc Sergeant demeure, en effet, le manager sportif de notre formation, avance Lelangue. Il conservera donc les rênes sur cet aspect pour lequel je lui voue une grande confiance. Nous nous connaissons depuis de très nombreuses années et avons toujours nourri un respect mutuel. Ne comptez pas sur moi pour chercher à m’immiscer trop près dans sa gestion quotidienne ou m’installer dans la voiture en course par exemple. Je lui déléguerai ses responsabilités pour lesquelles nous établirons une liste d’objectifs au bout de plusieurs réunions que nous mènerons ces prochaines semaines. Il est important de savoir précisément vers où nous voulons aller la saison prochaine mais aussi à plus longue échéance. Désormais, les recrutements s’ébauchent dès les premiers mois de la saison (rires)."
Kevin De Weert occupera, quant à lui, le poste de performance manager.
"Ce recrutement a été initié par mon prédécesseur Paul De Geyter, mais cela ne m’empêche aucunement de le considérer comme très judicieux. Kevin assurera certains jours de course en qualité de directeur sportif mais l’essentiel de son job consistera à l’optimalisation de la performance sous toutes ses formes ou presque. Il sera, par exemple, l’interface entre nos partenaires techniques et l’équipe, un domaine essentiel dans le contre-la-montre pour lequel nous possédons un grand talent en la personne de Victor Campenaerts. Il gérera également les stages en altitude, chapeautera le programme des coureurs et leur entraînement. Derrière ses trois appellations de managers il y a donc, selon moi, trois profils parfaitement complémentaires."
"Un budget qui colle au marché"
Si la séparation entre l’équipe Lotto-Soudal et son ancien manager général s’est très officiellement déroulée d’un "commun accord", il semble que le principal reproche adressé à Paul De Geyeter a été son incapacité à ramener de nouveaux partenaires dans la structure. John Lelangue devra-t-il donc se muer en chasseurs de sponsors dans les prochains mois afin d’accroître le budget de l’équipe belge ? "Je vous rassure tout d’abord, les finances sont parfaitement saines et la balance à l’équilibre, sourit le nouveau manager général. Nous possédons, dans l’équipe, un réseau fort qui doit nous permettre de relever les défis d’un cyclisme qui va au devant d’une importante mue." Si Lotto et Soudal sont encore engagés jusqu’au terme de la saison 2020, le souhait est de ne pas se faire déborder par des équipes aux enveloppes devenues plus épaisses. "Notre priorité est de conserver un budget en adéquation avec les réalités du secteur et de ce marché si spécifique", résume Roger Malevé (Loterie Nationale) président du Conseil d’administration de l’équipe.
L’avenir de Boonen prochainement discuté
Recruté comme ambassadeur de Captains of Cycling et consultant pour la formation Lotto-Soudal en février dernier par son manager historique et prédécesseur de John Lelangue au poste de manager général, Paul De Geyter, Tom Boonen arrivera au bout du contrat qui le lie à la formation WorldTour ce 31 décembre. "Tom ne possède, en effet, plus d’engagement pour la saison prochaine, commente Lelangue. Je ne suis entré en fonction que jeudi et ai logiquement besoin d’un peu de temps pour faire le point sur certains dossiers. Je me mettrai en rapport avec lui dans les prochaines semaines et nous évaluerons alors quelle décision prendre quant au futur de cette collaboration. Je ne suis pas fermé à l’idée que celle-ci puisse se poursuivre."