La chronique de Mathieu Istace : Sanne Cant, la fin d’une époque
Une chronique de Mathieu Istace.
- Publié le 16-01-2024 à 14h54
Si vous avez suivi le championnat de Belgique féminin de cyclo-cross ce week-end, vous aurez assisté au quinzième succès consécutif de Sanne Cant, mais aussi à la fin d’un chapitre puisque la Campinoise a annoncé qu’il s’agissait de son dernier sacre. Elle roulera, certes, une dernière saison sur route en 2024 et disputera encore des cyclo-cross l’hiver prochain, mais elle ne disputera plus le National.
Quand on regarde dans le rétroviseur, on se dit que les choses ont bien changé depuis le premier titre de Cant en 2010 à Oostmalle. À l’époque, tous les cyclo-cross féminins n’étaient pas diffusés à la télévision et la majorité des suiveurs observaient de loin ce qui se passait chez les filles. Entre-temps, l’intérêt pour les courses féminines a grimpé en flèche et depuis quelques années, toutes les retransmissions du week-end débutent par les courses dames aux alentours de 13h30. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir les audiences des courses féminines flirter avec celles des courses masculines.
Sanne Cant a clairement vu son sport évoluer au niveau médiatique en quinze ans de professionnalisme. Au niveau financier, les gagnantes du Superprestige et de la Coupe du monde remportent depuis quelques saisons la même somme que le vainqueur chez les messieurs. Mais cela ne concerne que la crème de la crème du cyclo-cross international. Peu de filles belges peuvent se targuer aujourd’hui de vivre avec un statut de professionnelle et les primes de départ mettent à peine du beurre dans les épinards. Certains organisateurs proposent 100 euros de “startgeld” à des filles qui sont systématiquement sur le podium au championnat de Belgique. À peine de quoi rembourser les frais kilométriques... La preuve, s’il en est, que les différences existent toujours entre les réalités économiques des dames et ce à quoi peuvent prétendre les messieurs.
Sportivement, la future retraite de Sanne Cant va laisser un fameux vide chez les Belges, incapables de rivaliser avec les Néerlandaises depuis un bon bout de temps. C’est désormais au tour de Marion Norbert-Riberolle et de Laura Verdonschot de reprendre le flambeau et cela ne sera pas une sinécure ! N’oublions pas non plus que Sanne Cant a marqué sa génération en égalant les 15 titres nationaux de Katie Compton aux États-Unis ! Elle réalise une réelle performance, elle qui a trop souvent été sous-estimée en Belgique francophone, malgré ses trois titres de championne du Monde. Proficiat en bedankt, Sanne !