Tombé au Pays basque, Evenepoel dit au revoir aux Ardennaises : “Remco sera opéré en Belgique ce vendredi”
Remco Evenepoel a chuté, ce jeudi, comme Jonas Vingegaard ou Primoz Roglic. Il souffre d’une fracture de la clavicule et de l’omoplate.
- Publié le 04-04-2024 à 21h31
La chute fait partie intégrante du sport cycliste. Mais un peu trop, en ce moment. Huit jours après le terrible crash qui a envoyé Wout van Aert ou Jasper Stuyven au sol, sur À Travers la Flandre, c’est la 4e étape du Tour du Pays basque qui a été marquée par un énorme crash collectif, dans une descente, à 35 kilomètres de l’arrivée.
Une chute dont trois des quatre victimes font partie du fameux “carré d’as”, dixit Christian Prud’homme dans nos colonnes, qui devrait se disputer la victoire sur le Tour de France : Jonas Vingegaard (clavicule et plusieurs côtes cassées), Primoz Roglic (écorchures et abrasions) et Remco Evenepoel.
Les ambulances étaient en sous-nombre, la course a été neutralisée. Seule l’échappée de six coureurs a été autorisée à se disputer la victoire, revenue à Louis Meintjes (Intermarché Wanty). “Mais c’est un mauvais jour pour tout le monde”, ne cachait pas celui qui porte également le maillot de meilleur grimpeur.
Comment la chute est-elle arrivée ?
Les images parlent d’elles-mêmes. Dans un virage que Mikel Landa, né dans la région et qui en connaît toutes les routes par cœur, a abordé en tête, le premier à être tombé est Natnael Tesfatsion (Lidl Trek). Sa roue avant a visiblement touché la roue arrière de Remco Evenepoel, qui a filé tout droit. Après un saut impressionnant pour éviter le fossé qui bordait la route, le Belge n’a pas été en mesure de se réceptionner dans l’herbe. Ses roues se sont directement dérobées et il a glissé sur plusieurs mètres, évitant miraculeusement les arbres et les rochers.
Parfois, on repousse un peu trop les limites.
”Je pense que les coureurs à l’avant ont mal évalué le virage. Parfois, on repousse un peu trop les limites, expliquait Quinten Hermans, témoin de la chute, à l’arrivée. Il y avait beaucoup de bosses sur la route et certains ont été surpris, perdant leur point de freinage. Et une fois qu’un premier coureur est tombé, d’autres ont suivi.”
Ces petites bosses, ce sont en fait des racines d’arbres présentes sous la route, comme l’a expliqué le coureur basque Mikel Bizkara sur Twitter, qui connaît bien cette route. “On ne les aperçoit pas au premier coup d’œil mais elles rendent la route bondissante. Et si on n’a pas le guidon bien en main, il est facile de s’envoler.”
C’est ce qu’il s’est passé, provoquant une scène de chaos, avec des coureurs en détresse presque partout, et des ambulances débordées. Certains ont même heurté des parties en béton. “Je ne cache pas qu’après la chute, j’ai essayé de regarder le moins possible autour de moi”, reprenait le maillot vert Hermans. Comme tout le peloton, il était conscient qu’un drame a été évité de peu. Et il est important que tout le monde s’en rende bien compte.
Comment va Remco Evenepoel ?
À l’instant où Remco Evenepoel est tombé, on s’est dit qu’il avait évité le pire. Et qu’il pourrait même reprendre la course. Mais sur l’image suivante du Belge, il a vite été clair que ce ne serait pas le cas. Le coureur de Soudal Quick-Step se tenait l’épaule droite et avait le bras en sang. Il a directement abandonné la course, avant d’être transporté dans la foulée à l’hôpital de Vitoria-Gasteiz.
Autour du bus belge, juste après la course, la déception pouvait se lire sur le visage des hommes du Wolfpack, qui tentaient de se réconforter avec des tapes amicales. Certains coureurs des autres formations, comme Tao Geoghegan Hart (Lidl-Trek) sont également venus aux nouvelles. “Les gars, Remco va bien ?”, demandait-il aux membres du staff. Mais personne ne savait vraiment de quoi souffrait le Brabançon.
Dans le même temps, l’équipe des Flandriennes et Patrick Lefevere donnait une conférence de presse en prélude de Paris-Roubaix, dimanche. Il venait de voir les images de la chute sur l’écran de leur téléphone. Et forcément, tout le monde ne parlait que de ça. “Quand on se tient l’épaule, ce n’est jamais bon signe”, expliquait le manager général de Soudal Quick-Step. “Remco a perdu sa concentration à cause du coureur tombé derrière lui. Cela a l’air assez sérieux, mais avec les arbres et les rochers, cela aurait pu être bien pire.”
Alors que toutes les équipes impliquées dans le crash avaient communiqué sur leurs coureurs, la nouvelle venue de l’équipe belge est tombée à 20h40 : Remco Evenepoel souffre d’une fracture de la clavicule droite et de l’omoplate. “Remco rentrera en Belgique ce vendredi et sera opéré de l’omoplate à l’hôpital de Herentals.”
Là où Wout van Aert et Jasper Stuyven ont également été opérés (de la clavicule) la semaine dernière. Le chirurgien sera également le même : le désormais bien connu docteur Claes.
Pourra-t-il rouler les classiques ardennaises ?
La réponse est simple : non. “Si cela avait été uniquement une clavicule cassée, l’exemple d’Amaury Capiot, de retour sur le vélo après deux semaines suite à la même blessure, aurait pu être utilisé”, indique notre consultant Axel Merckx. Mais l’opération prévue à l’omoplate demande une immobilisation d’une quinzaine de jours.
Le Tour de France n'est pas hypothéqué.
L’Amstel, la Flèche wallonne et Liège, ce sera donc sans Remco Evenepoel. Et la suite ? Son programme ne sera pas modifié. “Cette chute modifie mes plans à court terme mais pas à long terme”, a précisé le Brabançon dans une vidéo postée sur Instagram jeudi soir.
“Le Tour n’est pas hypothéqué”, a également réagi Patrick Lefevere. Le Critérium du Dauphiné, début juin, non plus. Remco devrait y retrouver Jonas Vingegaard. Pour définitivement tourner la page basque.