Philipsen sur la domination des Alpecin-Deceuninck à Roubaix : “Le menu de notre petit-déjeuner ? Des crêpes et du porridge…”
La formation de Mathieu van der Poel a été très impressionnante dans l’Enfer du Nord.
- Publié le 08-04-2024 à 13h33
”La force de cette équipe, c’est de suivre son propre chemin sans jamais se laisser influencer par le monde extérieur…” Adrie van der Poel a le sens de la synthèse. En une phrase seulement, le papa du champion du monde a sans doute résumé la clé de l’exceptionnel printemps de la formation Alpecin-Deceuninck, lauréate des trois premiers monuments de la saison. Souvent dépeinte comme une joueuse de poker qui laisse volontiers le contrôle de la course à d’autres dans une forme de bluff, l’équipe belge n’en a pas lâché les rênes ce dimanche.
”Quand Mathieu te dit qu’il a de bonnes jambes, cela veut dire qu’il a des sensations exceptionnelles et ça donne des ailes, souriait pour sa part Jasper Philipsen, deuxième sur le vélodrome comme la saison dernière. Nous voulions durcir la course assez rapidement afin de ne pas arriver avec un peloton entier à l’approche de la nouvelle chicane qui précédait l’entrée d’Arenberg. Elle était périlleuse et il était préférable de ne pas l’aborder dans un contexte trop nerveux.”
Une prise d’initiative facilitée par le vent qui soufflait, pour l’essentiel, de dos. “Dans de telles conditions, il est moins énergivore d’évoluer à l’avant, analysait pour sa part Christoph Roodhooft, le patron de l’équipe belge. Et sur les pavés, au regard de ce contexte, il n’y a pas meilleure position. Toute l’équipe a évolué avec beaucoup de confiance ce dimanche. Cela tient évidemment en la confiance que ses équipiers ont en Mathieu mais aussi dans l’écolage cyclo-cross de la moitié de la sélection que nous avons alignée ici. Les gars savent qu’ils maîtrisent ce terrain et il en ressort une forme de sérénité.”
Avec trois coureurs dans le Top 10 (Vermeersch 6e en plus du podium de MVDP et de Philipsen), Alpecin-Deceuninck a traduit au classement sa puissance collective. “Qu’avions-nous mangé au petit dej dimanche matin ? Rien d’autre que du porridge et des crêpes, rigolait Philipsen. J’ai eu le sentiment que tout le monde dans l’équipe était à son meilleur niveau ou presque. Personnellement, même si le fait d’avoir fait l’impasse sur le Tour des Flandres m’a offert un surplus de fraîcheur, je n’avais cependant pas les mêmes sensations qu’à Sanremo. J’avais le niveau pour rester dans les roues dans le groupe des favoris. Mais quand votre équipier est intouchable et qu’il s’envole à 60 bornes de l’arrivée, cela rend les choses plus simples…”
La dynamique de l'équipe sera différente à partir de l'Amstel.
Si les sourires étaient évidemment de mise au pied du bus couleur jeans, on se refusait d’y basculer dans l’euphorie. “Sommes-nous en train d’écrire l’histoire ? Non. Ce que nous avons réalisé depuis le début des classiques est très fort mais je n’utiliserai pas une telle phrase, tempérait Christoph Roodhooft. À partir de la semaine prochaine sur l’Amstel Gold Race, nous allons entrer dans une tout autre dynamique, avec une autre équipe autour de Mathieu. Nous y courrons de manière différente.”
Dans la foulée du triplé Sanremo-Ronde-Roubaix, un quatre à la suite semble pourtant à la portée des Alpecin-Deceuninck sur Liège-Bastogne-Liège. “C’est dommage que certains potentiels rivaux soient forfaits pour la Doyenne, concluait van der Poel. Mais j’aimerais à y avoir un niveau au moins aussi élevé que ce dimanche pour avoir une chance de l’emporter…” Et comme tracer sa propre voie est le meilleur chemin vers le succès…