Egan Bernal: "On gagne un premier Tour et on pense au deuxième"
Premier gagnant colombien, Egan Bernal prend rendez-vous avec l’avenir.
- Publié le 29-07-2019 à 06h33
- Mis à jour le 29-07-2019 à 10h43
Premier gagnant colombien, Egan Bernal prend rendez-vous avec l’avenir. Dans une ambiance indescriptible, avec des centaines, des milliers peut-être, de supporters colombiens qui mirent littéralement le feu aux Champs-Élysées pour fêter la première victoire d’un de leurs compatriotes, Egan Bernal a enlevé le 106e Tour de France qui restera longtemps dans les mémoires.
Pas uniquement pour cette première d’un coureur sud-américain en jaune sur la plus belle avenue du monde, mais aussi parce que les trois semaines de course ont fait de l’ensemble de ce Tour 2019 un grand cru. Bernal a marqué le centenaire du maillot jaune de son empreinte, en frappant un premier coup sur le Galibier et en enfonçant définitivement le clou sur l’Iseran. Dans la montée vers Val Thorens, samedi, le coureur d’Ineos, entouré de ses équipiers, a contrôlé la course et empoché définitivement sa victoire.
Vous avez conscience de devenir un mythe dans votre pays ?
"Tout arrive tellement vite que je ne m’en rends même pas compte. Ces derniers jours, tout était réglé par la course, me lever, déjeuner, partir à la course, courir, revenir à l’hôtel, manger, dormir. Parfois, je n’ai pas eu le temps de parler avec ma famille, je ne sais pas ce qu’il se passe en Colombie, même si j’en ai une idée. J’imagine que les gens sont heureux. C’est notre premier Tour de France, la Colombie a eu de bons coureurs, de bons grimpeurs. Nous avons déjà gagné le Giro et la Vuelta et maintenant le Tour, je suis très fier d’être le premier."
On vous a vu ces jours-ci très ému avec votre compagne et votre père.
"C’était en effet spécial qu’ils soient là. Ils ont toujours été à mes côtés. Pour un coureur, préparer ces grandes courses, cela implique énormément de travail et de sacrifices, ma fiancée a toujours été là. Avec mon père aussi, la relation est forte. Il a toujours été à mes côtés. Quand je roule en Colombie, il vient avec moi chaque fois avec sa moto. Il est le seul qui sait combien de kilomètres je fais, tous les efforts que je fournis."
Normalement, vous auriez dû courir le Giro pour le gagner et ne pas être au Tour dans cette position.
"Depuis octobre dernier, le Giro était planifié. J’étais en forme, puis, je suis tombé et me suis cassé la clavicule. C’est le destin, des choses qui arrivent. Ce que je sais, c’est que si je n’étais pas tombé avant le Giro, je n’aurais pas été dans cette position au Tour. Car, à 22 ans, après le Giro, je n’aurais pas récupéré. Mais deux heures après ma chute, alors que l’on ne m’avait pas encore soigné, que mon entraîneur pleurait presque à mes côtés, j’ai pensé au Tour."
Vous avez montré toute la saison, depuis Paris-Nice à maintenant, que vous êtes plus qu’un grimpeur. À qui peut-on vous comparer ?
"Je n’aime pas les comparaisons. Je ne vois personne à qui me comparer. Le niveau est très, très élevé, si vous êtes seulement un bon grimpeur, mais que vous ne roulez pas contre-la-montre, vous n’avez aucune chance dans le Tour, la même chose si vous n’êtes pas bon sur le plat. Les rouleurs se sont améliorés en montagne, nous devons faire l’inverse. J’ai beaucoup travaillé tout cela, notamment les chronos. Justement, dans le seul chrono de ce Tour, je n’étais pas bien, j’aurais pu perdre le Tour sur un seul jour."
L’an prochain, vous viserez un nouveau succès au Tour, ou plutôt le Giro ou la Vuelta ?
"Je ne sais pas, j’y penserai plus tard. C’est comme une drogue. On gagne le Tour et on pense au Tour suivant. Comme coureur, on en veut encore plus. On gagne le premier, on pense à gagner un deuxième, un troisième et aussi aux autres courses… Mais d’abord, je veux savourer cette victoire."
Le Tour est son 21e succès chez les pros
De son nom complet Egan Arley Bernal Gomez, le vainqueur du Tour de France 2019 est né le 13 janvier 1997 à Zipaquira (Colombie).
En 2016, il devient professionnel, à 19 ans, dans l’équipe Androni Giocattoli-Sidermec de Gianni Savio. À la fin 2017, alors qu’il a remporté le Tour de l’Avenir, le coureur sud-américain est transféré chez Sky (désormais Ineos), qui rachète son contrat (pour une indemnité de 300 000 euros).
À ce jour, il compte 21 victoires chez les professionnels.
2016 - 2 victoires : Tour de Bihor (+ 1 étape).
2017 - 9 victoires : Tour de Savoie Mont-Blanc (+ 2 étapes), Tour de Sibiu (+ 2 étapes), Tour de l’Avenir (+ 2 étapes).
2018 - 6 victoires : Championnat c-l-m de Colombie, Colombia Oro y Paz, Tour de Californie (+ 2 étapes), 1 étape au Tour de Romandie.
2019 - 4 victoires : Paris-Nice, Tour de Suisse (+ 1 étape), Tour de France.
Il enlève le Tour pour sa deuxième participation à la Grande Boucle après s’y être classé quinzième l’an dernier. Cette année, il aura porté trois fois le maillot jaune.
Son succès au Tour devrait lui permettre de se hisser en 4e ou 5e position au classement mondial Uci publié ce lundi, après avoir fini les saisons 2016 en 453e, 2017 en 60e et 2018 en 35e position.