Rapprochement entre l'Olympic et Châtelet: une ville, deux grands clubs. Est-ce une équation impossible?
Avec le flirt annoncé entre l’Olympic et Châtelet, l’histoire repasse une nouvelle fois les plats…
- Publié le 16-01-2019 à 11h45
- Mis à jour le 16-01-2019 à 22h14
Club, avec une situation en centre-ville, supporters vieillissants (râleurs mais chaleureux), cherche soutien pour retrouver le lustre d’une jeunesse fanée.
Club déjà marié, en manque de place et de fans, ayant toujours eu un faible pour vous, aimerait vous rencontrer pour discuter d’une éventuelle aventure…
L’amour et ses mystères. La séduction, les rumeurs, le fantasme, les enfants… Si au départ, les supporters ne voulaient pas entendre parler d’un mariage entre papa et la dame, le fait d’avoir de beaux jouets laisse rêveur ! D’accord. Mais que nous apprend l’histoire ? Rien ne dure. Au cours des vingt dernières années, l’Olympic a toujours été un club attrayant tant qu’il évoluait entre la promotion et la D3, après, cela devenait plus compliqué. Il n’y a pas assez de supporters et les sponsors ont d’autres choix.
L’argent n’a qu’un temps, les résultats appellent les résultats jusqu’à… Bonne question. Les réponses devraient arriver au cours de l’année. Mais à quelle fin ? Un club hybride de Dogues-Loups qui évoluent aux seins de la D1 amateurs, pendant que les petits se feront les dents en D3 amateurs ? Pour attirer qui ? Ceux qui ne se retrouvent déjà dans aucun des deux projets ? Une chose est certaine, il semble bien difficile pour un club de survivre derrière le Sporting de Charleroi.
Chaque club a sa limite
En 2002, en 2011, en 2018, les mots faillite, fusion, rapprochement, rachat, vente de matricule alimentent toujours autant les conversations. Par le passé, on évoquait toujours le Sporting et l’Olympic, Couillet et l’Olympic, l’arrivée de La Louvière, l’aide d’Heppignies ? Les fantasmes les plus fous ont toujours été permis. Il existe sans doute des contacts entre Patrick Rémy, président de Châtelet, et Adem Sahin, patron des Dogues. Vont-ils aboutir ? Cela dépendra de l’intérêt de chacun. Mais cette situation sous-tend une autre question. Pourquoi ces scénarii se répètent-ils perpétuellement ?
À Charleroi, l’offre sportive est importante. Les sponsors et le public doivent se partager entre le Sporting, le Spirou, Charleroi Volley, le Futsal Team, Roselies, Farciennes volley ou la Villette… Dans la prairie, derrière, les Zèbres, les Loups et les Dogues tentent de se frayer un chemin.
"Ce n’est pas simple", explique Roberto Leone, ex-président de Couillet. "Un club a besoin d’une identité, d’un public, d’un homme fort et de sponsors. Il doit avoir pour objectif d’atteindre l’élite."
Mais le mieux est le mortel ennemi du bien. "Ok, je prends donc un club qui mise sur ses jeunes", explique Jean-Pierre Murari, manager des Dauphines et qui a travaillé à l’Olympic. "Les jeunes commencent à faire des résultats. Le club monte. Les supporters en veulent plus. Mais plus le niveau est élevé, plus il faut des renforts. Les prix augmentent, les défaites arrivent, le public suit moins… les difficultés surviennent."
Clairement ? Chaque club aurait donc sa limite. Au niveau des sponsors, le Sporting est la locomotive et a justement su se rendre autonome par rapport à la nécessité d’un mécène : "Le soleil brille pour tout le monde, mais il ne faut pas se contenter de se dorer la pilule", lance Walter Chardon, pour le RCSC. "Il est certain que le Sporting est le porte-drapeau. Mais c’est le fruit d’un long travail qui ne cesse jamais."
Le public ? "Il ne peut pas tout suivre", souligne Jean-Pierre Murari. "Chez nous, le week-end, il y a de nombreuses affiches. C’est là qu’une école des jeunes est importante."
"Elle permet d’apporter le soutien des enfants et des parents", insiste Roberto Leone. "Il faut arrêter de séparer les deux entités. Elles sont liées."
Les jeunes ont besoin de l’équipe première pour avoir de l’ambition. Mais la locomotive ne doit pas négliger les wagons. Il faut sans doute savoir trouver sa place et se contenter de ce qu’on a, au risque de tout perdre.
Heppignie, le contre-exemple
Pascal Lenoble revient sur la défunte fusion fleurusienne. Pascal Lenoble porta longtemps le contre-exemple d’une fusion “qui jamais ne marche”. “Firmin Terwagne et moi avions pas mal de caractère mais jamais nous n’avons essayé, durant notre longue collaboration, de nous piéger”, Pascal Lenoble, au sujet du défunt RJSHLF.“À force de travail et de courage, nous étions arrivés à trouver la bonne formule. Nous nous devions de rationaliser ensemble les choses au sein d’une entité pas forcément très attirée par le sport.” Quand on lui parle des bruits de rapprochement entre l’Olympic et Châtelet, l’ancien homme fort heppinois se veut positif.
“Il y a, à côté du Sporting, de la place. Ce qui me chiffonne par contre un peu plus, c’est cette idée de formations inscrites en D1 amateurs et en D2. Je croirais plus par contre à une équipe de jeunes venant s’aguerrir mais en D3. La D1B n’est pas non plus, me semble t-il, un objectif des plus raisonables. Mais qui sait, si les dirigeants se trouvent et que les finances suivent, pourquoi pas ?”
“Garder son identité”
André Liesse, président historique, du RACS Couillet ne digère toujours pas aujourd’hui la fuite de son matricule à La Louvière. Les rapprochements régionaux, il n’y croit pas. “Les clubs se doivent de conserver leur identité propre et ne pas perdre leur âme dans des projets où l’argent est le moteur principal. Croyez-moi, dans les discussions à venir entre futurs mariés, le ‘faible’n’aura pas voix au chapitre et se fera avaler. Cela fait des années que l’Olympic fait de la corde raide. Celle-ci finira par casser un jour.”
“Il faut un homme fort”
“Il faut un homme fort pour tenir un club”, explique Sabino Boccuzzi, ex-manager du RCCF. “Le président doit souvent sortir de l’argent de sa poche pour combler les trous. Mais quand cela ne va plus, c’est difficile de continuer. Il faut de bons sponsors, mais ils sont rares et ne tiennent pas toujours leurs promesses. S’il y a un rapprochement, il faut alors qu’un président accepte de céder sa place à l’autre… C’est sans doute le plus compliqué.”