Mettet : à Maison, Le P’tit curieux de nature, l’antidote aux écrans
Rencontre avec le "P’tit curieux de nature", qui murmure à l’oreille des plantes et conte aux enfants sa prodigieuse diversité. Il en est certain, la nature sauvera les humains des machines et des écrans.
- Publié le 01-05-2024 à 09h02
- Mis à jour le 01-05-2024 à 09h26
On dit qu’un canari chanteur est un canari heureux. Chez Sébastien Keffer, qui nous reçoit dans un ancien entrepôt de fleurs coupées réhabilité en logement, à Maison (Saint-Gérard), le spécimen isolé et jaune de l’iconique espèce volante exécute, à l’heure du café, des vocalises entêtantes. C’est que le volatile est doublement heureux. Il est même privilégié puisqu’hébergé chez un guide nature sensible au bien-être animal, il lui est accordé de temps à autre de pouvoir accompagner son maître à l’école, non-chanteur lui, et d’émettre entre deux bols d’air, certes en cage, des sonorités s’apparentant à celles d’un paradis multicolore de l’océan indien.
À Maison, on est pourtant loin du moindre souffle océanique. C’est que Sébastien se suffit de peu. Sa déclaration d’amour à dame nature, il la déclame dès son jardin, avec l’envie de la transmettre.
Avant toute chose, il affectionne avec tendresse son hameau pittoresque, à quelques enjambées du bois Labbé, son terrain de jeu. Il en savoure les infimes bruissements, le kaléidoscope des atmosphères à toutes saisons. Les brumeuses et les lumineuses. Les dorées et les mornes.
Auprès des enfants, ce guide nature de 42 ans, formé en 2015 au centre Ifapme de Dinant, en célèbre l’intemporelle beauté et les rêves éveillés par une diversité de stages, d’ateliers et de promenades ludiques pour petits et grands.
Le nom de l’ASBL qu’il a créée voici 4 ans, un jour d’automne, lui colle à la peau. Elle le définit pour ce qu’il est au plus profond de lui-même: "Le p’tit curieux de nature". Il tient à la virgule supérieure de l’apostrophe.
Quand il n’est pas technicien de surface à la Commune de Sombreffe, et surveillant à l’école de Boignée, il exerce sa curiosité joyeuse dans la nature, avec l’optique d’en révéler aux enfants son génie créatif infini, bien au-delà des capacités de l’intelligence humaine. "C’est en son sein que je me déconnecte, me régénère et vais faire le plein d’énergie", se réjouit-il, comme pour expliquer la vie qu’il mène à 100% et son ardeur à réinventer des jeux à des fins pédagogiques.
Cette vocation à se mettre au vert, elle remonte à l’enfance: "J’ai toujours eu les mains dans la terre. Petit, sur des photos, on me voit avec un arrosoir", raconte-t-il.
Un grand-père maraîcher
Cette passion pour la terre s’expliquerait-elle par le métier de son grand-père, feu Louis Keffer, maraîcher à Jambes et fraisiériste à Wépion ? La déco de sa maison témoigne de son attachement à cet aïeul, par des empilages de cageots, chacun estampillé de son nom, à l’encre noire, telle une signature d’une autre époque. On les imagine d’emblée débordants.
"Les enfants que j’accompagne dans la nature (de 5 à 12 ans pour la majorité), ils repartent chez eux avec une trace de leur passage dans le vivant", assure-t-il. Dernièrement, il a offert un petit livret dédié au triton, cet amphibien traînant la nageoire-patte dans et à proximité des mares.
Ceux qui rencontrent Sébastien lui auraient volontiers creusé un sillon dans l’enseignement, mais il préfère exclusivement les classes vertes.
Sur demande, il organise des animations scolaires, les lundis et mardis matins, lesquelles sont synonymes d’immersions. "J’explique aux enfants la vie des plantes, comment les cueillir et à quel endroit. De préférence toujours dans les bois, à l’abri des pulvérisations en prairie. Récemment, on a récolté de l’ail des ours", cet ail sauvage qui apporte aux plats une piquante fraîcheur printanière.
Sans surprise, la perte de la biodiversité le chagrine, quand elle ne le rend pas malade. Comme guide, il se trouve aux avant-postes pour déplorer cette lente extinction: "Je remarque qu’il y a moins d’hirondelles qu’avant. Par contre, il m’arrive de découvrir de nouveaux insectes."
Sur sa page Facebook, où il jouit de l’audience de 2000 followers, il dédie chaque semaine une citation à la nature. "Cher humain, si tu ne me détruis pas, je te donnerai un abri, de la nourriture, de l’eau et de l’oxygène." Être guide nature, c’est éduquer au respect absolu du vivant et de sa prodigalité, et Dieu sait si, en 2024, ils en ont besoin.
49e coup de cœur
On connaît les pêchés capitaux des réseaux sociaux : le narcissisme, les - news etc. Mais «Le P’tit curieux de nature» fait de Facebook une intelligente plateforme à communiquer des infos enrichissantes pour tous. Comment? En donnant rendez-vous à jour fixe. Par exemple, le vendredi est dédié à la photo coup de cœur. La 49ede la série a été captée par Rolande Prumont, le 15 avril. Au-dessus de Bossière, Celle-ci a vu le ciel paré d’une splendeur insoupçonnée.
L’info de la semaine
Chaque dimanche, il livre l’info de la semaine. Celle du 22 avril braque l’objectif sur un invertébréayant mauvaise réputation : la grande limace. Sébastien en dresse un portrait sommaire mais complet.
Une balade fondue
Cette gourmande balade, créée lors de sa formation, il la destine aux adultes. Il s’agit d’aller déguster sous les canopées un joli panier de saveurs locales, garni de produits laitiers de la ferme de la Grosse Haie, à Arsimont, et d’autres de la boucherie-charcuterie artisanale Ferraris Rosart, également d’Arsimont
Bon anniversaire
À sa façon, Le P’tit curieux de nature convie à fêter les anniversaires avec originalité. L’animation a l’allure d’un parcours pédestre jalonné de devinettes enfermées dans des capsules. «Les enfants, dit-il, c’est en les emmenant dans la nature qu’on les sortira de leur bulle technologique et guérira de l’addiction aux écrans.»
Sous les étoiles de l'été
L’année du P’tit curieux de nature culmine lors du camp d’été, sous tentes, plantées dans la propriété de Pierre Joye, animateur sur Vivacité, à Maison. En 2023, il a même été invité à intervenir dans l’émission radio «En cuisine», avec Candice Kother. Car, entre autres activités, il organise des ateliers de fabrication de gaufres salées à l’alliaire, de confiture à l’épicéa.
Avis aux amateurs
Il lui reste de la place pour la 2esemaine de stage des vacances de printemps, du 6 au 10 mai.