Assises de Namur : les témoins présentent Nico Becker comme un garçon très respectueux, qui ne rackettait personne
"Le nom de famille Becker est difficile à porter car beaucoup d’entre eux ont eu des problèmes dans d’autres régions."
- Publié le 18-04-2024 à 11h02
Les témoins de personnalité de Nico Becker ont été entendus jeudi matin, dans le cadre du procès en assises de Gaëtan Legros et d’Alix Verbruggen, qui doivent répondre de l’assassinat de Nico Becker et d’incendie volontaire.
Le corps de Nico Becker a été retrouvé dans sa camionnette, qui avait été incendiée, le 8 août 2022 à Lonzée. Gaëtan Legros, tenancier d’une friterie de la région a reconnu avoir tiré à 2 reprises sur la victime, qu’il accusait de vouloir le racketter. Il a été aidé par Alix Verbruggen pour évacuer le corps. Tous deux nient avoir prémédité la mort de Becker.
Jimmy B., 24 ans, était un ami proche et cousin éloigne de Nico Becker. “On se voyait très régulièrement, mais cela faisait un mois que je ne l’avais plus croisé car je travaille de nuit. Ce n’était pas un voyou, c’était quelqu’un de bien, nous allions souvent au bowling ensemble. Nico était comme moi, il ne voulait pas de problèmes. C’était un solitaire, qui préférait rester dans son coin, il ne s’étendait pas sur sa vie privée. Il a rencontré Legros durant le mois où on ne s’est pas vu. Il ne m’avait donc pas parlé de lui. Je ne comprends pas ce qui a pu arriver. ”
Le témoin évoque la personnalité de l’accusé : “Plus jeune, il était taquin et énergique. Il n’aimait pas l’école. Il aimait bien s’habiller, il voulait être propre, même en habit de travail. Il aimait plaire aux filles mais il était exigeant en la matière. Il n’a jamais été addict à la drogue ou à l’alcool. Il m’est arrivé de vendre de la drogue et cela ne plaisait pas à Nico, donc on ne s’est pas vu pendant un petit temps. Il a travaillé un peu dans la restauration puis dans le bâtiment, il voulait passer le permis camion. Il avait du caractère et ne se laissait pas marcher sur les pieds, il pouvait être rancunier et rendait beaucoup service. Il n’a jamais eu de problème avec la justice ou la police. Le nom de famille Becker est difficile à porter car beaucoup d’entre eux ont eu des problèmes dans d’autres régions. ”
Sarah B, 23 ans, a ensuite pris la parole. “Je connaissais bien sa famille, avec qui il vivait toujours. Il a passé une enfance heureuse, ils étaient très liés, ils ne manquaient de rien. Sa maman était une maman poule. Le respect est très ancré dans la famille Becker et envers les autres, c’était très important pour eux. Il s’entendait très bien avec mon compagnon, on passait de très bons moments, on ne gardera que de bons souvenirs de lui. Il ne supportait pas les gens qui se droguaient, ce n’était pas son milieu ni son mode de vie. Il était très pudique sur sa vie sentimentale. Il a eu des petites amies mais il ne voulait présenter que “la bonne” à sa famille. Il était très soigné. Il avait un petit cercle d’amis et ne se mélangeait pas avec tout le monde. Son principal ami était mon frère Jimmy. Il était joyeux et très taquin, sérieux, très respectueux avec les autres. Il n’aimait pas la violence. Il avait la joie de vivre et quand on passait du temps ensemble, ce n’était que du bonheur, on en gardera que des bons souvenirs."
Marie-France D., l’ex belle-mère de la sœur de Nico Becker déclare à son sujet : “Il voulait se mettre en couple et avoir un enfant plus tard, avoir une maison. Je le taquinais souvent à ce sujet. Il n’aimait pas se faire remarquer ni les conflits, il était toujours très posé, sans un mot plus haut que l’autre. Je retiens de lui sa gentillesse. Il était jeune mais on pouvait parler avec lui, il écoutait les plus âgés. ”
Claudine N., 62 ans habite en face de la maison familiale des Becker, à Ham-sur-Sambre. “Ils ont emménagé en 2011. “Il aimait bien les chiens, nous avons choisi le mien avec lui et il avait refait toute ma clôture pour ne pas qu’il prenne la fuite. Il aimait les personnes âgées aussi, il venait fréquemment relever mon papa lorsqu’il chutait. Il était bricoleur et touche à tout. Je ne l’ai jamais vu en colère, il était toujours souriant. Il ne méritait pas ce qui est arrivé."
Jonathan G., 29 ans, était gérant d’un bar de Gembloux fréquenté par Nico Becker, Gaëtan Legros et Alix Verbruggen. “Ils venaient de temps en temps. Je n’ai jamais eu de problème avec Nico Becker, qui venait souvent seul, depuis 4 ou 5 ans. Ni avec les autres. Ils étaient très sympas. Je connais pas mal de commerçants de Gembloux. On disait que Nico Becker rackettait des commerçants, moi, je n’ai jamais entendu personne dire qu’il avait été racketté par Nico. ”
Après ce témoignage, Me Mayence a souligné le fait que ce témoin avait été contacté avant l’audience par un des avocats des parties civiles, afin de savoir s’il avait déjà été racketté par Nico Becker. Ce qui a été consigné dans son procès-verbal d’audition, antérieur au procès. “C’est contraire aux principes élémentaires de droit pénal. Je ne dis pas que le témoin a été influencé, mais c’est dérangeant. ”
Me Sven Mary, également conseil des parties civiles a réagi à cette observation : “Le témoin a été entendu par un policier. L’intention d’avoir contacté le témoin était malheureuse. Mais personne ne lui a pas dit ce qu’il devait dire. Les réponses du témoin sont importantes et c’est ce qu’il faut en retenir : Nico Becker ne rackettait personne."
Me Mayence de conclure : “Je demande une certaine réserve aux jurés par rapport à ce témoignage. ”