L‘entrepreneur de Tertre, violent avec sa femme, ne souhaite pas aller en prison : “gérer une entreprise ne vous protège pas”
Quatre mois après avoir obtenu une mesure de faveur au tribunal, il récidive en cognant encore sa femme.
- Publié le 16-04-2024 à 17h02
Mohamed est chef de deux entreprises, une dans les Hauts Pays et l’autre dans le Brabant wallon. Il vit à Tertre et il a une secrétaire, laquelle gère visiblement ses affaires et sa vie privée. Il y a quelques semaines, la police s’est présentée chez lui avec un billet d’écrou. Mohamed apprend qu’il a été condamné à un an de prison, le 11 avril 2023, pour des coups portés à sa compagne. Le choc pour lui !
Mardi matin, il a comparu devant le tribunal après avoir fait opposition au jugement, le 4 mars dernier. Le tribunal l’informe qu’un huissier de justice est allé lui remettre la décision du tribunal et qu’il a signé le document et ses annexes. “Je ne savais pas qu’il s’agissait de cela”, dit-il. Il était donc au courant de sa condamnation, bien avant.
Il reconnaît sa signature
Il prétend avoir signé, vite fait, un tas de documents remis par sa secrétaire avant son départ pour le Maroc. “Sa secrétaire le confirme”, indique Me Druite, avocate du prévenu.
Ce qui étonne le tribunal, c’est que ce jugement est d’ordre privé et qu’il s’est retrouvé dans des papiers professionnels. Le prévenu raconte que le siège social de son entreprise se trouve chez lui et que sa secrétaire gère les documents administratifs, professionnels et privés. “Ils travaillent ensemble depuis plus de vingt ans, il y a une relation de confiance entre eux. Cette dame a cru bien faire”, poursuit l’avocate.
Pour le ministère public, l’opposition est irrecevable, car faite hors délai. Toutefois, la cour de cassation semble assouplir la situation dans ses arrêts. Un arrêt, prononcé en février, pourrait profiter au prévenu.
En aveux
Sur le fond du dossier, Mohamed ne conteste pas les coups portés à sa femme. Il reconnaît l’avoir giflée, tirée par les cheveux et lui avoir mis une claque dans la nuque. Depuis quelque temps, les disputes se multipliaient. En 2022, le prévenu avait bénéficié d’une suspension du prononcé de la condamnation pour des coups portés à sa femme, en 2019.
“Il a recommencé quatre mois plus tard, accusant son épouse d’être à l’origine de la faillite de sa société”, s’insurge le substitut du procureur du roi qui demande la confirmation du jugement.
Me Druite propose un sursis probatoire, déclarant qu’une peine de prison causerait beaucoup de tort à la gestion de ses entreprises. La présidente bondit sur sa chaise : “C’est inacceptable de frapper une femme après avoir été condamné. Être chef d’entreprise ne vous protège pas ! ”.
Tête basse, Mohamed attendra le 21 mai pour connaître sa peine.