L’annonce de la nomination de 500 agents à Charleroi a amené des critiques et des interrogations: voici les réponses à vos questions
Les lectrices et lecteurs se sont posé de nombreuses questions suite à l’annonce d’un grand plan de nominations. La Ville de Charleroi y réagit. Voici les explications.
- Publié le 03-05-2024 à 14h36
- Mis à jour le 03-05-2024 à 14h47
Fin avril, la DH publiait une information qui a causé des remous sur les réseaux sociaux et suscité de nombreux questionnements auprès de ses lecteurs : la Ville de Charleroi a validé un plan de recrutement, mais surtout de nomination de 500 agents dans l’administration.
”Bientôt les élections”, souligne Joseph. “Des potes à placer”, critique Maelle. “De belles paroles… le blabla des élections”, ajoute Christine. “L’usine à voix est relancée”, dit Pascal. “C’est les élections, il faut des électeurs. Rien de tel que de nommer des agents juste avant”, commente Eric. Des agents ou ex-agents communaux ont aussi été nombreux à réagir, critiquant ici le fait qu’ils soient contractuels depuis des années et des années, là un entretien “RH” qui aurait mal tourné parce que les managers avaient une personne bien précise en tête pour une nomination. “La carte de parti est-elle la première condition à remplir pour être nommé ?” demande par exemple Estelle.
Face à tant de questionnements (et de critiques), on s’est renseigné. Voici les réponses qu’on a pu trouver, via le cabinet du bourgmestre et l’administration de la Ville de Charleroi. À chaque critique, une explication du “pourquoi du comment”.
1. C’est suspect, à quelques mois des élections
Une annonce de nomination massive alors qu’on vote aux régionales et aux fédérales dans un mois, puis que les élections communales suivent en octobre, peut susciter des interrogations.
Cependant, la nomination de 500 agents (50 par an à la Ville, 50 par an au CPAS, entre 2023 et 2027), a en fait été décidée… en juin 2022, au conseil communal. Il a fallu attendre l’approbation du gouvernement wallon (fin 2022), puis “la concertation avec les organisations syndicales courant 2023”, dit Charleroi. Le plan n’a trouvé sa forme finale qu’en avril 2024.
2. Les nominations, c’est pour s’assurer les votes des agents nommés ?
Officiellement, il y a deux raisons qu’avance la Ville de Charleroi pour relancer ses nominations.
D’abord, offrir des perspectives professionnelles aux agents : la nomination permet d’améliorer leur pension, “mais c’est aussi une reconnaissance de leur investissement, puisque les critères (cf. plus bas) font la part belle au mérite des agents”, nous dit-on. “Pour les responsables de service, la nomination est un outil de management.”
Ensuite, pour limiter la charge des pensions… étonnamment. Un agent nommé a une meilleure pension qu’un agent non-nommé, à carrière équivalente. Mais il existe en Belgique une “Cotisation de Responsabilisation”, une sorte d’amende infligée aux villes et communes qui ne nomment pas assez d’agents. À tel point que, selon les estimations du SPF Pension rapportées par Charleroi, payer davantage par agent nommé revient moins cher que payer cette “amende”, annuellement. “D’autres grandes villes se sont lancées dans des campagnes de nomination, d’ailleurs. Nous ne sommes pas les seuls à Charleroi.” D’ailleurs, Charleroi a aussi mis en place en 2022 un “second pilier de pension” (nom légal) pour les agents contractuels, c’est aussi une autre façon de valoriser les retraites de ces travailleurs tout en diminuant le montant de “l’amende” des cotisations de responsabilisation.
3. Pourquoi 200 nominations en 2024, pile quand on vote, et moins les années après ?
Il y aura, en 2024, 100 nominations à la Ville et 100 nominations au CPAS. “Étant donné que nous n’avons pas pu concrétiser le plan avant, nous devons + rattraper + 2023, et donc nommer en 2024 les agents qui auraient dû l’être en 2023, en plus de ceux prévus pour 2024, tout simplement.”
4. Ce serait l’occasion de récompenser “les copains”
On a vu que les commentaires sous-entendent que les agents nommés seront en priorité les copains. La nomination est pourtant régie par des critères précis. S’il est impossible de dire, de l’extérieur, que certains critères ne sont pas biaisés par le népotisme ou l’entre-soi, ce qui est toujours possible mais doit aussi être rationalisé, on va plonger un peu plus en détail dans ces critères.
Les agents nommés seront ceux qui ont le plus de “points” cumulés. La grille de lecture est la suivante :
- 15 points : Examen
- 5 points : Ancienneté dans le grade
- 30 points : Ancienneté dans l’institution
- 25 points : La dernière évaluation de l’agent (D’excellent : 25 points, à Insuffisant : 0 point)
- 25 points : Le taux de Bradford sur les 5 dernières années (en excluant 2020 et 2021, années Covid) – une méthode permettant d’objectiver l’absentéisme au travail. En grossissant le trait, cela permet de noter “bien” ceux qui ne sont pas absents ou qui le sont pour maladie (jambe cassée, hospitalisation, fièvre, etc.), et en notant “mal” ceux qui sont absents de manière récurrente, voire chaotique, empêchant la bonne vie du service.
Ces critères ne sont pas tous objectifs, notamment l’examen et l’évaluation de l’agent. Mais ils valent pour moins de la moitié des points, et sont en plus susceptibles de recours si l’agent trouve qu’il a été mal noté à son examen ou mal évalué par son management. Et le simple fait qu’une grille existe évite les passe-droits et le favoritisme, au moins le plus basique.
De plus, les grades nommés (de A à E) seront ventilés de façon objective également, pour éviter qu’une “classe” soit plus représentée qu’une autre, proportionnellement.