Dutroux, chômage, criminalité… : un tabloïd anglais tourne la ville de Charleroi en ridicule
Le tabloïd anglais The Sun a réalisé un reportage à Charleroi, ville citée comme étant “la plus moche au monde”.
- Publié le 20-07-2023 à 13h58
- Mis à jour le 20-07-2023 à 14h32
Les nombreux lecteurs britanniques du tabloïd anglais ont fait la connaissance de la ville de Charleroi cette semaine suite à un reportage peu glorieux pour la ville réalisé par l’un de leur journaliste.
Mais pourquoi donc se rendre à Charleroi en ce mois de juillet 2023 ? L’idée de ce reportage remonte à l’année 2008. Cette année-là, le magazine Volkskrant demande à ses lecteurs d’élire la ville la plus moche au monde. La première place revient à Charleroi dans ce classement qui n’a rien d’officiel vu qu’il a été réalisé par un média indépendant sur base d’un simple sondage destiné à ses lecteurs.
Il n’en fallait pas moins pour que ce titre, tout à fait officieux et sans le moindre fondement, ne fasse le tour de la toile et reste ancré malgré les années qui passent. En 2018 déjà la BBC avait posé sa caméra dans le Hainaut pour y faire un reportage.
C’est pour cette raison qu’en 2023, un journaliste de The Sun a décidé de traverser la Manche afin de réaliser un reportage sur la ville de Charleroi. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que tous les clichés possibles sur la ville n’ont pas manqué d’être relevés et ce pour appuyer l’idée farfelue que Charleroi et bel et bien la ville la plus moche au monde.
Comme intervenant sur place, le journaliste a tout simplement pris l’artiste carolo Nicolas Buissart qui a, suite au titre décerné par les lecteurs du Volkskrant à Charleroi, créé le concept de safari urbain à Charleroi nommé “Charleroi Adventure”.
Un safari urbain décalé basé sur le second degré. Sauf que The Sun tourne cela au premier degré, et ce n’est pas glorieux pour les Carolos. Nicolas Buissart explique les raisons pour lesquelles il a décidé de lancer cette promenade originale dans Charleroi où il y explique l’histoire de la ville avant de se rendre dans certains points clés, dont les usines abandonnées. Avec le titre de “ville la plus moche au monde”, l’artiste ne cache pas avoir trouvé “une parfaite affaire de marketing” en lançant ce concept, comme il l’explique au Sun.
Le déclin industriel qu’a subi la ville avec la chute du charbon lors des dernières décennies est bien évidemment abordé. Le “Pays noir” étant composé de multiples mines à charbons, l’économie a pris cher durant cette crise lorsque le pétrole est devenu le combustible dominant.
Depuis cette crise, The Sun explique que Charleroi connaît un déclin grandissant avec un taux criminalité qui ne cesse d’augmenter et un taux de chômage qui bat tous les records. “Une situation endémique qui pousse le chômage à hauteur de 20 % alors que la moyenne du chômage en Belgique est de 6 %”, est-il expliqué dans ce reportage.
Le politique en prend aussi pour son grade. The Sun y indique que “le même parti socialiste est au pouvoir depuis 40 ans et voit les classes sociales huppées et moyennes déménager vers d’autres banlieues” mais aussi que “plus personne ne veut venir habiter dans le centre-ville de Charleroi”.
Marc Dutroux et sa “maison de l’horreur”
Le déclin de la ville serait également lié à l’association faite avec Marc Dutroux. Un long chapitre est même dédié à Dutroux et sa “maison de l’horreur” située à Marcinelle. Si le journaliste ne manque pas d’indiquer que cette dernière a été rebaptisée en un mémorial pour les victimes, selon lui, la ville a gagné en notoriété suite à cette affaire qui a secoué la Belgique pendant de nombreuses années.
À lui seul, Marc Dutroux symboliserait l’insécurité qui règne dans la ville de Charleroi et sa périphérie selon le tabloïd.
Un repaire de vandales
L’accent est également mis sur la situation géographie de la ville “qui ne se trouve qu’à 40 minutes du sud de Bruxelles” et qui est reconnaissable à “ses maisons lugubres et ses usines désaffectées”.
Pour aller plus loin dans son analyse, l’article reprend également les termes de l’anthropologue Teun Voeten, qui a réalisé un blog sur Charleroi : “A Charleroi, les toxicomanes se shootent ouvertement à l’héroïne dans des bâtiments vacants, tandis que les prostituées exercent leur métier sous des viaducs, à quelques rues de l’hôtel de ville. Deux des cinq lignes de métro destinées à desservir la ville n’ont jamais été achevées. Des stations fantômes vides servent aujourd’hui de repaire aux vandales, aux graffeurs autoproclamés et aux junkies.”