Carrefour Léonard : “Certains collaborateurs avaient des informations, mais pas les détails”, se défend la ministre
Accusée d’avoir ignoré des avertissements envoyés dès le mois de février, la ministre bruxelloise de la Mobilité a retracé le fil des échanges entre les administrations régionales. Elle affirme que les premiers échanges étaient informels et peu détaillés, renvoyant ainsi à la Flandre une part de la responsabilité des désagréments du chantier. Les députés se sont montrés peu convaincus par ses explications.
- Publié le 19-04-2024 à 14h54
- Mis à jour le 20-04-2024 à 15h03
Jeudi, La Libre révélait, après avoir analysé des documents et des échanges d’emails, que les administrations bruxelloise et wallonne étaient au courant depuis février de l’ampleur des travaux qui allaient avoir lieu à hauteur du carrefour Léonard. Interrogés, les cabinets de la ministre bruxelloise de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen) et du ministre wallon de la Mobilité Philippe Henry (Ecolo) s’étaient défendus.
Les députés bruxellois ont demandé ce vendredi des comptes à Elke Van den Brandt en séance plénière au parlement. “Votre administration était au courant depuis début février et, incontestablement, depuis le 1er mars de la fermeture du tourne-à-droite. Pourquoi ne pas l’avoir mentionné aux députés ?”, a questionné Christophe De Beukelaer (Les Engagés). ” La commission de chantier n’a été informée que bien plus tard, ça pose question”, a ajouté Emmanuel De Bock (Défi).
David Leisterh (MR) a aussi rebondi : “Vous disiez avoir été mise devant le fait accompli, mais en réalité, des alertes avaient été envoyées par la Flandre dès le 7 février. Est-ce que vous avez été avertie par votre administration et avez décidé d’ignorer les informations, ou bien est-ce votre administration qui a lourdement fauté ?”
La ministre Elke Van den Brandt s’est défendue dans une réponse longue de plusieurs minutes, revenant sur toutes les dates évoquées et sur les informations dont elle disposait. “Certains conseillers avaient en effet reçu des informations informelles de l’AWV (Agentschap Wegen en Verkeer, l’agence flamande en charge des travaux, NdlR), mais sans beaucoup de détails, a expliqué la ministre. Le centre de mobilité a renvoyé ces informations vers la coordination de chantiers de Bruxelles Mobilité (l’organe officiel de centralisation des chantiers).”
La première réunion de commission de chantiers a été reportée
”Le 20 février, Bruxelles Mobilité a participé à une réunion 'Minder hinder' où plus de détails ont été donnés sur le chantier et a relayé les informations, a-t-elle poursuivi. Le 1er mars, les agents ont reçu une nouvelle version du calendrier, mais il n’y avait pas d’information sur les études d’impacts, ni les mesures d’accompagnement. Le 13 mars, la réunion de commission de chantiers a été reportée car aucun document préparatoire de l’AWV n’avait été envoyé. Une nouvelle date a été fixée au 29 mars.”
”Le 15 mars, Bruxelles Mobilité a fait des suggestions à l’AWV pour les mesures d’accompagnement dans une réunion préparatoire à la commission de chantiers. Le 29 mars, l’AWV a enfin formellement présenté les phases de chantier en commission de chantiers. La commission a constaté qu’aucune mesure d’accompagnement n’avait été prévue et a décidé d’écrire un courrier à Bruxelles Mobilité et à mon cabinet.”
Informée suite à ce courrier, la ministre précise donc qu’elle n’était pas au courant du chantier plus tôt. Dans leurs répliques, les députés se sont montrés peu convaincus de l’explication avancée. Jonathan de Patoul (Défi) a pointé “l’amateurisme” de la gestion du dossier. Christophe De Beukelaer a regretté un “problème clair entre Bruxelles Mobilité et le cabinet de la ministre”, tandis que David Leisterh a souligné que “rien n’a été fait pour éviter le chaos, c’est scandaleux”.
Dans une réponse complémentaire, la ministre a enfin précisé que l’essentiel était désormais que “toutes les mesures d’accompagnements nécessaires soient mises en place pour que la mobilité reste viable”.