De présumés marchands de sommeil, poursuivi pour avoir loué des logements insalubres à Schaerbeek
"Je n'étais pas impliquée dans ce bâtiment, c'était surtout ma fille qui s'en occupait", a raconté une ancienne gérante de la société de logements.
- Publié le 23-04-2024 à 20h14
- Mis à jour le 23-04-2024 à 21h44
Une société de logements, en personne morale, et trois de ses anciens gérants, en personnes physiques, ont comparu mardi après-midi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pour avoir loué des appartements insalubres rue des Coteaux à Schaerbeek à des personnes sans papiers, avant de les expulser violemment en avril 2022. Les anciens gestionnaires ont contesté avoir été des marchands de sommeil.
"Je n'étais pas impliquée dans ce bâtiment, c'était surtout ma fille qui s'en occupait", a raconté une ancienne gérante de la société de logements, prévenue dans ce dossier tout comme son ex-compagnon et leur fille, qui était absente mardi. Tous étaient employés dans la gestion de biens immobiliers pour le compte de cette société. "Je l'ai juste épaulée de temps en temps. Je sais que je n'ai pas bien suivi cet immeuble, mais c'était très complexe là-bas", a-t-elle encore dit.
Quant au prénommé "Mohsine", qui agissait comme un concierge et se chargeait de récolter les loyers auprès des locataires, la prévenue a déclaré ne pas le connaître. "À qui donnait-il l'argent alors?", l'a interrogée le juge. "Pas à nous en tout cas, pas à la société", a-t-elle répondu.
Concernant les problèmes d'insalubrité, la prévenue a affirmé qu'elle et sa fille avaient fait tout ce qu'il fallait pour répondre aux fuites d'eau, pannes de chaudière et autres, en contactant des sociétés de plomberie notamment.
L'immeuble dont il est question est situé rue des Coteaux à Schaerbeek, un bâtiment qui était prévu pour deux logements mais qui avait été subdivisé en 39 chambres, en totale infraction aux règles urbanistiques. Cet aménagement avait été réalisé avant le rachat du bâtiment par la société prévenue.
En mars 2022, les sans-papiers qui louaient ces chambres, insalubres, pour un loyer mensuel entre 300 et 400 euros, ont été priés par les gestionnaires de quitter les lieux dans les quinze jours. Un peu plus tard, en avril, des expulsions sauvages ont eu lieu. L'un des gestionnaires et d'autres hommes, équipés de pieds de biche et de masses, ont détruit des portes de chambres et du mobilier appartenant aux locataires, selon les récits de ces derniers.
Interrogé également par le tribunal, ce gestionnaire a nié tout ce qui lui est reproché, soit l'infraction de marchand de sommeil, celle de menace et celle de harcèlement. "Ma fille m'avait demandé d'aller voir ce qu'il se passait là-bas, car ça devenait ingérable. Le nombre de gens qui vivait sur place s'était multiplié. Les voisins se plaignaient du bruit, des coups de feu ont été tirés et un homme s'est jeté du premier étage... On a essayé de parler, on a essayé d'expulser selon les règles, mais ça n'a pas marché...", a-t-il expliqué au juge.
Un jugement sera rendu dans les prochains mois.