Un interprète pour passer le permis à BXL ? Ca existait jusqu’en 2019 mais “certains traducteurs trichaient en donnant plus d’informations que prévu”
La proposition du PS bruxellois de rétablir la possibilité de passer un examen de conduite dans sa propre langue fait polémique. Communautarisme ou tempête dans un verre d’eau ?
- Publié le 22-04-2024 à 12h08
C’est la proposition qui fait polémique sur les réseaux sociaux ce lundi matin. Les députés socialistes Hasan Koyuncu, Ibrahim Donmez et Sevket Temiz proposent de rétablir les interprètes pour passer le permis de conduire pratique ainsi qu’une traduction pour le théorique. “La maîtrise d’une des deux langues (nationales) ne doit pas être un frein. Le plus important, c’est la maîtrise des panneaux de signalisation, explique le premier cité dans une vidéo publiée sur X. “L’incapacité à passer l’examen théorique du permis de conduire dans une langue autre que celles actuellement permises est d’autant plus paradoxale que, pour certaines catégories de personnes, la possession d’un permis de conduire est essentielle pour leur insertion rapide sur le marché de l’emploi. Cette restriction a des répercussions significatives sur l’intégration sociale et professionnelle des personnes ne maîtrisant pas les langues autorisées.”
Très vite, la proposition a fait réagir sur X, certains accusant cette proposition d’être communautariste et électoraliste. Le président du MR bruxellois, David Leisther, estime quant à lui que “le communautarisme n’a décidément qu’une seule langue, celle de la gauche”.
Deux cas par mois
Dans les faits, qu’en est-il ? Il existait en effet la possibilité d’être accompagné d’un traducteur pour passer les examens de conduite jusqu’à fin avril 2019. “Certains traducteurs trichaient en donnant plus d’informations que prévu”, constate Myriam Van Winghe, monitrice d’auto-école à l’agence Escam basée à Etterbeek. Depuis lors, seule la traduction vers l’anglais est acceptée, “mais attention, le candidat doit payer 80 euros en liquide au traducteur à la fin de la séance”, explique la monitrice qui a recours à ce service “environ deux fois par mois, et tout le monde comprend toujours ce qui est dit”. Elle assure pourtant n’être pas opposée à un retour vers la traduction en plusieurs langues, “à condition que personne ne triche”, ce qui impliquerait peut-être le besoin d’une agrégation.
Autre chiffre intéressant, dans une étude publiée en 2008 par le chercheur Rudi Janssens, il apparaît que 95,52 % des Bruxellois estiment (par eux-mêmes) très bien parler le français. Pour 33 % en néerlandais, un chiffre quasiment identique à l’anglais.
Lorsque la restriction est tombée, en avril 2019, l’Union professionnelle des traducteurs et interprètes assermentés (Uptia) estimait que les épreuves pour l’obtention d’un permis de conduire ressemblaient davantage à “un examen de langues déguisé”, tant les prérequis linguistiques requis pour passer l’examen étaient plus complexes que ceux demandés pour obtenir la nationalité belge. “L’examen pour le permis de conduire ne devrait pas évaluer les connaissances linguistiques mais bien les compétences pour une conduite sûre.”