Conférence d'extrême droite à Saint-Josse, le Conseil d'Etat se réunit ce mardi soir, Alexander De Croo fustige Emir Kir
Après avoir été annulée par deux fois à d’autres endroits, le bourgmestre de Saint-Josse ne laissera pas se poursuivre la conférence.
- Publié le 16-04-2024 à 12h37
- Mis à jour le 16-04-2024 à 20h57
Mis sur le fait accompli ce matin qu’une conférence rassemblant plusieurs personnalités d’extrême droite sur le territoire de sa commune, le bourgmestre de Saint-Josse Emir Kir a pris un arrêté ce midi pour faire cesser l’évènement organisé (en dernière minute) au Claridge, dans sa commune.
Pour rappel, cette conférence était organisée initialement organisée au Concert Noble mais a été annulée sous la pression de plusieurs associations antifascistes au vu d’un casting d’extrême droite. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le député européen Vlaams Belang Tom Vandendriessche, l’eurodéputée Rassemblement national Patricia Chagnon ou encore l’homme politique britannique europhobe Nigel Farage y sont notamment invités à prendre parole. Ce mardi soir, La DH apprend également que Amichai Chikli, Ministre israélien de la diaspora et de la lutte contre l'antisémitisme, la princesse Gloria von Thurn und Taxis, qualifiée par beaucoup de catholique intégriste ou encore le cardinal Muller qui affirme que l'homophobie n'existe pas.
”La police va rencontrer le gestionnaire de la salle et les organisateurs pour faire le nécessaire”, confirme le bourgmestre après avoir annoncé sur Facebook avoir pris un arrêté. “À Bruxelles-Villes, Etterbeek ou Saint-Josse, l’extrême droite n’est pas la bienvenue”, affirme-t-il en référence aux autres communes où l’évènement a voulu se produire.
”Il y a un risque de désordre public si cette conférence est maintenue”, a expliqué le bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode. “Sur base d’un avis de mon chef de zone de police ainsi que de l’avis de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (Ocam), j’ai décidé de prendre un arrêté de police visant à interdire l’événement – et cela avec effet immédiat”, a-t-il continué.
”Cette entité est légale”
La conférence a débuté dès 8 h 00, selon le gestionnaire privé du Claridge. Ce dernier, interrogé par Belga, n’a pas semblé inquiété de la teneur idéologique de cette réunion annuelle. “Nous avons signé un contrat avec le coorganisateur, le Mathias Corvinus Collegium (MCC) Brussels. Cette entité est légale, donc je ne vois pas pourquoi je devrais répondre de quoi que ce soit”, a-t-il insisté. Il a ensuite avancé avoir reçu l’accord des autorités communales, mais cette affirmation n’a pas été confirmée par le bourgmestre.
Emir Kir souligne l’importance d’éviter “tout désordre public” et rappelle son refus catégorique face à l’organisation de tout événement à tendance fasciste au sein de sa commune.
Les prises de parole n’ont pas cessé
En fin d’après-midi, la police de la zone Bruxelles-Nord, contactée par La DH, a fait savoir que “pour des raisons opérationnelles, la police n’a pas évacué la salle” pour des raisons de sécurité, mais y a interdit l’accès. Les prises de parole ont donc continué, mais plus personne n’a pu entrer dans la salle.
Au fil de la journée, l'affaire a pris une dimension nationale, voire plus. "Ce qui s'est passé au Claridge aujourd'hui est inacceptable, entamait le Premier Ministre Alexander De Croo sur X. L'autonomie communale est une pierre angulaire de notre démocratie mais ne peut jamais l'emporter sur la constitution belge qui garantit la liberté d'expression et de réunion pacifique depuis 1830. Interdire les réunions politiques est inconstitutionnel. Point final."
A l'international aussi, l'affaire s'ébruite. "La police belge a décidé d'interrompre la conférence, a réagi le Premier Ministre hongrois Viktor Orban. (...) Je suppose qu'ils ne pouvaient plus accepter la liberté d'expression. La dernière fois qu'ils ont voulu me faire taire avec la police, c'était quand les communistes m'ont attaqué en 1988." Nigel Farage, lui, a qualifié le bourgmestre de Saint-Josse de "antidémocratique, opposé à la liberté d'expression et constitue une excellente publicité pour le Brexit".
A bonne source, La DH apprend que le Conseil d'Etat se réunit ce mardi soir à 22 heures pour décider ou non de la tenue de cet évènement ce jeudi, ce qui devrait définitivement clore les débats.