"Un énorme soulagement" pour les gymnastes belges
Nina Derwael dit le sentiment de l’équipe belge après sa qualification olympique.
- Publié le 07-10-2019 à 09h32
- Mis à jour le 07-10-2019 à 10h29
Emmenée par sa championne du monde, la Belgique a terminé 10e au Mondial et s’est qualifiée pour les Jeux de Tokyo…
À Stuttgart, les murs de la chambre d’hôtel dans laquelle s’étaient réunies les six gymnastes belges ont tremblé quand le score final du Japon est apparu sur les écrans d’ordinateur ! 161,228 points, soit un centième de moins que la Belgique (161,238 pts).
"Ce fut un énorme soulagement !" raconte une Nina Derwael absolument rayonnante. "Ce résultat inespéré nous permettait de conserver notre huitième place devant les Japonaises qui étaient sixièmes l’an dernier, à Doha."
Et les cris de joie fut à la hauteur (sonore...) de l’attente, stressante dans l’optique de la qualification olympique. Cinquième à l’issue de la première journée (derrière la Chine, la France, le Canada et l’Allemagne), la Belgique avait reculé de trois rangs après les prestations de la Grande-Bretagne, de l’Italie et les Pays-Bas. Et il y avait encore de gros morceaux à venir comme la Russie, les États-Unis, voire le Brésil et des inconnues comme la Suisse et la Hongrie. C’est dire si ce centième de point entre notre pays et celui du Soleil levant avait son importance aux yeux de nos gymnastes qui rejoignirent la salle pour l’apothéose de cette deuxième journée de qualifications.
Finalement, seuls les deux ogres (États-Unis et Russie) se sont logiquement glissés dans le Top 3, ce qui permis à la Belgique de se classer 10e, soit une place de mieux que l’an dernier à Doha ! Mission accomplie donc pour Nina Derwael et ses copines, qualifiées pour Tokyo 2020… La fête pouvait commencer !
"C’était fantastique de pouvoir partager notre bonheur avec la famille, les amis et les nombreux supporters, venus nous encourager. Vous savez, ce résultat est l’aboutissement de longues années de travail."
Et Nina d’expliquer toute l’importance de pouvoir participer aux Jeux en équipe.
"On est forcément meilleures ! Je ne me voyais pas m’envoler seule pour Tokyo. Ce sera plus rassurant d’avoir mes coéquipières, mes amies, avec moi, autour de moi."
Engagées dès vendredi, les Belges sont passées par tous les sentiments avant l’heureux dénouement de ce samedi soir dans la mesure où leur total de 161,238 points aurait pu être plus rassurant sans un quatrième exercice moyen à la poutre (38,200 pts) alors que, jusque-là, elles avaient brillé, notamment aux barres asymétriques (42,040 pts), agrès de prédilection de notre championne du monde, créditée d’un excellent 15,141 pts, le meilleur score de toutes les concurrentes.
Auparavant, "Nina and Co" avaient débuté au sol avec un total de 39,732 pts, dont 13,600 déjà pour la Trudonnaire. Passées au deuxième agrès, le saut, nos gymnastes enchaînèrent avec d’excellentes prestations, notamment de Jade Vansteenkiste, dont la note de 14,100 rattrapait sa chute au sol ! Et comme, aux barres asymétriques, le troisième agrès, nos compatriotes portaient leur total provisoire à… 123,038 pts, elles pouvaient raisonnablement envisager la barre des 162 points, fixée par leur coach, Marjorie Heuls, comme sésame olympique.
Mais, à la poutre, Nina Derwael fut victime de deux déséquilibres, ce qui ne lui permit d’engranger que 13,200 pts. Suivit la chute de Maellyse Brassart et le doute s’installa dans le clan belge. Dans la foulée, Margaux Daveloose (12,900) et Senna Deriks (12,100) limitèrent la casse. Avec 161,238 points, la Belgique avait quand même signé une belle prestation, compte tenu de l’enjeu et du stress de cette compétition mondiale. Ce que confirma l'incontestablen°1 belge…
"J’ai peu et mal dormi. La tension était énorme ! Avant, pendant avec des juges assez sévères, et après. Mais nous pouvons être satisfaites de notre prestation d’ensemble."
Avec 162 points, la Belgique aurait figurer dans le Top 8, à la septième place même, car la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Allemagne se tiennent en quelques centièmes !
"Pour y parvenir, nous aurions dû réussir un sans-faute, ce qui n’est pas évident, à la poutre qui, hormis pour Maellyse et moi, n’est pas notre agrès de prédilection. Et vu la pression des circonstances de ce Mondial qualificatif pour les Jeux."
Et comme Maellyse a malheureusement chuté, le poids est retombé sur les épaules de Margaux Daveloose et Senna Deriks qui n’ont pas à rougir de leur prestation.
Trois finales individuelles cette semaine…
Sur le plan individuel, Nina Derwael a répondu présent ! Elle disputera trois finales, celles du concours général (8e avec 55,441 pts), jeudi, des barres asymétriques (1re avec 15,141 pts), samedi et au sol (8e avec 13,600 pts), dimanche.
"J’ai laissé une partie de mon coeur dans ces qualifications par équipes, mais je suis sûre que mes coéquipières m’aideront à prester à mon meilleur niveau lors de ces trois finales individuelles. Je sais que j’ai un titre à défendre aux barres asymétriques. Vendredi, je n’avais pas beaucoup de temps d’y réfléchir tant j’étais focalisée sur la qualification de l’équipe. Mais il est évident que j’ai encore quelques détails à régler. J’ai six jours pour me préparer au mieux..."
Nina Derwael est la seule à présenter un degré de difficulté de 6,5 sur cet agrès.
"Par rapport à 2018, c’est le même degré, mais pas le même exercice ! Nous avons mis l’accent sur l’exécution, en espérant que ça me rapportera une nouvelle médaille."
Si possible d’or, bien sûr… Lors des qualifications, aucune autre gymnaste n’a osé un degré de difficulté de 6,5, mais deux ont totalisé une note de 15 ou plus, à savoir la Russe Spiridonova (15,016 pts) et l’Américaine Lee (15,000 pts).
Marjorie Heuls : "Et maintenant, l’or aux barres !"
"À ma connaissance, le classement n’a jamais été aussi serré, raison pour laquelle les filles ont stressé quant à l’issue de ces qualifications. Mais, au bout du compte, elles ont réussi une belle performance en prestant à leur meilleur niveau. Certes, il y eut de petites imperfections, en particulier à la poutre, mais l’ensemble est très encourageant pour l’avenir ! Malgré l’absence d’Axelle Klinckaert, les filles ont réussi à garder une dynamique et les jeunes ont répondu présent, ce qui n’était pas évident avec la tension ambiante… Pour ce qui est de Nina, elle est, bien entendu, soulagée. Et heureuse ! Elle le peut parce qu’elle fut exemplaire… Je craignais un peu qu’elle ne croule sous le poids des responsabilités, mais non ! La qualification par équipe pour Tokyo 2020 en poche, elle sait qu’elle sera bien entourée. Mais elle disputera encore trois finales individuelles ici, à Stuttgart, avec un titre à défendre. Ce que nous préparerons cette semaine. Et maintenant, l’or aux barres !"