Revivre grâce à la course à pied, c'est possible. La preuve avec l’histoire d’Alain Jeanty, jeune runner quinqua
L’histoire d’Alain Jeanty pourrait être celle de beaucoup de Belges. Celle d’un jeune quinqua prenant conscience que, faute de mettre le sport au cœur de ses priorités, il a perdu toute condition physique. Et pour qui la course à pied est aujourd’hui synonyme de nouvelle naissance. Rencontre.
- Publié le 19-03-2019 à 16h59
- Mis à jour le 26-03-2019 à 14h04
L’histoire d’Alain Jeanty pourrait être celle de beaucoup de Belges. Celle d’un jeune quinqua prenant conscience que, faute de mettre le sport au cœur de ses priorités, il a perdu toute condition physique. Et pour qui la course à pied est aujourd’hui synonyme de nouvelle naissance. Rencontre.
Du boulot par-dessus la tête, une vie de famille bien remplie et le sentiment de s’être oublié. Ce constat, Alain Jeanty, 52 ans, l’a posé récemment.
Comme beaucoup d’autres adultes au passé de sportif, ce Waterlootois, papa de deux grands enfants, veut redevenir "le produit principal de sa vie" , indique-t-il dans une métaphore qui traduit son job dans la publicité. Objectif : retrouver une condition physique digne de ce nom par la pratique du sport combinée à la perte d’un certain embonpoint. "Je ne suis pas encore un coureur, loin de là" , tempère-t-il cependant. "Mais aujourd’hui, je sais que j’ai envie d’y arriver."
Sa rencontre avec Catherine Lallemand, quadruple lauréate des 20 Km de Bruxelles et reconvertie comme personal trainer , l’aide dans son aventure aux allures de grand défi. Interview.
Alain Jeanty, vous faites désormais partie de la famille des runners ?
"Non, pas encore. Loin de là même. (rires) Voici peu, je considérais d’ailleurs encore tous ceux qui couraient comme des extraterrestres, des addicts. J’avais vraiment du mal à comprendre les raisons qui poussaient ces gens à courir. Pourtant, j’ai été sportif, notamment en jouant jusqu’en D2 en foot en salle et en ayant toujours pratiqué le tennis ou la randonnée. Mais j’ai pris conscience que cela ne suffisait plus. Au tennis, malgré mes 90 kilos, je peux me débrouiller ou compenser autrement. Par contre, accumuler les kilomètres en courant sans un entraînement régulier, impossible."
C’est ce constat qui vous pousse aujourd’hui à vous mettre à la course à pied ?
"Oui ! J’ai vendu dernièrement ma société, même si j’y travaille encore. Pour moi, c’était le moment idéal pour enfin prendre soin de moi, réfléchir à mon hygiène de vie. Mon premier objectif est de me sentir mieux au quotidien."
Mais est-ce facile de tourner le bouton du jour au lendemain ?
"Pas du tout. C’est même bien plus dur que je ne l’aurais imaginé. Il y a des hauts mais aussi des bas. Et beaucoup de questionnement. Au niveau de la course en elle-même, j’ai rigolé au début lorsque j’ai vu que le programme qu’on m’avait concocté comportait des courtes séances de course entrecoupées de marche. Je voulais aller plus vite, brûler les étapes. Mais j’ai vite pris conscience que je n’avais tout simplement plus de souffle, voire plus de condition physique du tout. Acquérir de la régularité quand on a un agenda chargé est compliqué également. Il faut vraiment se caler des plages horaires, prendre rendez-vous avec soi-même, sans quoi on a toujours un alibi pour ne pas aller courir. Et lorsqu’on arrête quelque temps, comme ce fut le cas durant les fêtes, on repart de zéro et c’est encore plus difficile. Mais aujourd’hui, je pense avoir compris cela et je sens les premiers bénéfices. Cela me booste, me motive ! Je peux dire que la course m’intéresse aujourd’hui. C’est déjà un grand changement par rapport à il y a quelques mois."
Avoir quelqu’un comme Catherine Lallemand pour vous accompagner dans votre démarche est-il indispensable dans votre cas ?
"Avec Catherine, on s’est à peine croisé jusqu’à présent, tant mon cheminement est long et compliqué. Mais sans sa présence et son soutien, je ne pourrais cependant pas y arriver. En ce qui me concerne, c’est donc indispensable. Ce n’est pas tant les programmes que j’ai reçus qui sont importants mais bien le fait d’avoir quelqu’un qui est là en cas de doute ou pour répondre à mes "bêtes" questions et m’expliquer des choses qui, pour les routiniers, doivent paraître basiques. Sans cette patience et cette compréhension que je peux sentir à mes côtés, je pense que j’aurais déjà lâché."
Réapprendre à courir, ça vous apporte quoi concrètement ?
"Au début, je pensais juste à retrouver la forme et à perdre du poids. Maintenant, et même si je suis loin d’avoir atteint ces objectifs, je vois beaucoup plus loin. Je ne parle pas de l’aspect compétition, qui ne m’intéresse pas du tout. Par contre, j’ai envie, par l’entremise de la course à pied, de pouvoir découvrir de nouveaux paysages par exemple, plus que je ne peux en voir lorsque je fais de la randonnée dans les Vosges. Je me rends compte aussi que courir, c’est se vider la tête. Je ne suis pas encore au niveau de pouvoir me dire que cela va me faire cet effet mais je comprends ceux qui disent que courir est bon pour évacuer le stress et retrouver la sérénité."
Quelles sont les principales difficultés que vous avez dû surmonter jusqu’ici ?
"Je suis d’un naturel hyperactif. Tant pour le boulot que pour la famille. Dès lors, le plus dur est de faire passer la pratique du sport dans mes priorités. Il faut aussi bien plus de volonté que ce que je pensais. De la motivation, j’en ai à la base. Je suis quelqu’un qui va de l’avant. Mais vouloir apprendre à courir et adopter une meilleure hygiène de vie, c’est un combat au quotidien. Au final, il y a une chose dont je suis sûre : mon cheminement va prendre du temps."
Catherine Lallemand : "Bouger, c’est le mot magique pour tous"
Catherine Lallemand, en tant qu’ex athlète de haut niveau et personal trainer, connaît mieux que quiconque les bienfaits de la pratique de la course à pied pour le grand public. Outre Alain Jeanty, celle qui a remporté, entre autres, les 20 Km de Bruxelles à 4 reprises a vu la vie de bien de personnes radicalement changer suite à la remise au sport.
"Nous vivons dans une société où beaucoup de gens sont la majeure partie du temps assis, sans oublier la malbouffe et le stress. Cela constitue un cocktail particulièrement néfaste pour notre condition physique et notre santé de façon plus globale" , explique-t-elle. "Le sport peut agir à ce niveau comme un véritable déclencheur. Sa pratique permet de prendre conscience à nouveau de son corps, de ses limites et ses faiblesses. Et la course à pied, de par la flexibilité qu’elle permet et sa facilité de mise en œuvre, est logiquement choisie par beaucoup lorsqu’il s’agit de reprendre une activité sportive."
Celle qui est à la tête d’un nouveau projet d’accompagnement des sportifs dénommé Beauty Fun Nutrition affirme que les bienfaits du running peuvent se faire ressentir rapidement. Auprès de tous. "Certes, on ne passe pas de rien à 30 minutes de course à pied sans s’arrêter. Le mot d’ordre doit être la progressivité. Mais le corps est capable de s’adapter plus vite qu’on ne peut le penser. Après 3 ou 4 semaines se produit généralement un déclic : plus d’énergie, une humeur reboostée, une envie de mieux manger et prendre plus soin de soi. On découvre aussi des muscles qu’on ignorait jusqu’alors tout en voyant son stress diminuer."
Et de passer un message auprès des patrons : "Tous devraient autoriser leurs employés à sortir 45 minutes chaque midi pour s’aérer, bouger, faire du sport. Bouger, c’est vraiment le mot magique. C’est loin d’être du temps perdu. Au contraire, avec un moral et une santé boostés, la productivité ne pourra qu’être améliorée."