Ralph Mesquita, l'ultra running à la sauce végétale
Le belgo-Brésilien de 26 ans prend du plaisir à mener à bien des défis que beaucoup n’oseraient même pas imaginer. Tout en étant végétalien
- Publié le 21-08-2018 à 09h59
- Mis à jour le 06-09-2018 à 13h11
Le belgo-Brésilien de 26 ans prend du plaisir à mener à bien des défis que beaucoup n’oseraient même pas imaginer. Tout en étant végétalien Un boulot dans une enseigne belge de course à pied, un appartement à Etterbeek qu’il partage avec sa compagne et une passion affirmée pour les sports d’endurance. Ce profil pourrait être celui de bien des coureurs que l’on retrouve aux quatre coins du pays. Mais Ralph Mesquita, 26 ans, n’est pas de ceux-là. Le Belgo-Brésilien aime à surprendre, à se surprendre. Son niveau pourrait lui permettre d’aller glaner sans trop de soucis de nombreux trophées sur les courses régionales mais son truc à lui, c’est justement de ne pas suivre le troupeau. En 2017, Ralph Mesquita avait traversé l’Europe du nord au sud en courant, accumulant plus de 5.000 km (!) durant l’été pour sensibiliser à l’obésité infantile. Voici quelques mois, sa venue, de nuit et en courant à Namur depuis Bruxelles avait fait grand bruit, avant de boucler dans la foulée le premier marathon de la capitale wallonne en 2 h 54.
Ce ne sont là que deux exemples parmi ces nombreux "délires". "Je ne pense pourtant vraiment pas être un fou ! Simplement, j’adore ce que je fais, c’est-à-dire faire des trucs un peu drôles, qui sortent de l’ordinaire. J’aime à changer les règles du jeu. Et je ne fais pas ça pour être remarqué. L’idée est plutôt de montrer qu’il est possible de faire les choses différemment, tout en s’amusant également."
Ralph Mesquita, à vous voir courir mais aussi accumuler les exploits et défis sportifs d’endurance, il est difficile de faire un lien direct entre vous et l’obésité, contre laquelle vous luttez à travers votre association en accumulant les kilomètres.
"Et pourtant… Mais à l’instar de mes défis, l’obésité peut être mal comprise par beaucoup de gens. Nombreux sont encore ceux qui affirment qu’il ne s’agit pas d’une maladie et qu’il suffit aux personnes en surpoids de moins manger ou de bouger plus. Mais la plupart du temps, la cause est ailleurs et beaucoup plus large. À un niveau plus personnel, l’obésité a touché ma famille, moi y compris. Ma grand-mère est morte d’obésité voici douze ans. Et mes frères et moi avons été en surpoids, quasi en obésité. J’ai pourtant toujours fait du sport. Mais mes habitudes de vie étaient tout simplement horribles. Fast-food et pizza faisaient alors partie de mon rituel alimentaire. J’en suis bien loin aujourd’hui."
Comment s’est opéré le déclic ?
"Cela ne se passe pas du jour au lendemain. Mais, petit à petit, je me suis rendu compte que je devais opter pour une vie plus saine, notamment sur le plan alimentaire."
Aujourd’hui, vous êtes végétalien, c’est-à-dire que vous avez banni de votre alimentation viande mais aussi poissons, œufs ou encore laitages…
"Oui. Je suis d’abord devenu végétarien, motivé notamment par des raisons écologiques. La consommation de viande de notre société est énorme, avec toute la pollution que cela induit. On a beau prendre des douches plutôt que des bains, rouler moins en voiture ou trier nos déchets, cela n’a que peu de sens si cela ne va pas de pair avec une modification de nos habitudes alimentaires. J’ai donc d’abord eu envie de voir si je me sentais bien physiquement en supprimant la viande. Et je n’ai remarqué aucun changement négatif sur ma condition, au contraire. L’arrêt du lait et du fromage, lorsque je suis donc devenu végétalien après un stage en montagne où j’avais consommé énormément de fromage, fut une étape encore plus bénéfique. Les courbatures, les douleurs et l’inflammation ont disparu, avec une récupération qui s’est considérablement améliorée d’un seul coup. Je suis persuadé aujourd’hui que si je peux mener à bien mes défis et que beaucoup soulignent mes facultés de récupération, ce n’est pas sans lien avec ce virage effectué il y a deux ans. Je ne suis pas suivi par un kiné, je ne prends que rarement du repos et accumule quand même une bonne dose de kilomètres chaque semaine, entre 120 et 200 bornes en moyenne. Évidemment, il y a un bon entraînement derrière qui aide mais mon régime alimentaire y contribue considérablement."
Jamais de regret d’avoir fait ce choix ?
"Les pizzas me manquent beaucoup. (rires) Mais il y a toujours moyen de trouver des alternatives. Et j’adore, évidemment, toujours l’odeur d’un bon barbecue. Mais il y a tellement de conséquences éthiques derrière que, au final, ça ne me manque pas."
Du coup, avec le volume de sport que vous faites et le nombre de calories que vous devez ingurgiter, manger en suffisance et aller chercher les protéines nécessaires est-il devenu un casse-tête au quotidien ?
"Au début, il faut le reconnaître, c’est compliqué. Mais après un moment, comme la plupart des gens je pense, tu trouves un équilibre et manges finalement régulièrement la même chose. Un Brésilien mangera du riz, des haricots et de la viande. Moi, comme Brésilien d’origine, je mangerai du riz, des haricots et, par exemple, des pois chiches ou un steak vegan. C’est un exemple mais il y a moyen de trouver plein d’alternatives. C’est une question d’habitude. Qui plus est, mon style alimentaire permet une digestion plus rapide. Tous les habitués des longs efforts d’endurance vous diront que c’est une excellente chose."
“J’aime courir, tout simplement”
Mais quel type de coureur est réellement Ralph Mesquita ? “Je ne suis pas facile à classer”, rigole-t-il, ajoutant cependant être d’abord “un coureur de longue distance”. Selon ses envies ou son humeur, on verra aussi bien le Bruxellois sur des défis d’endurance extrême, sur de la route ou dans les montagnes. “Ce que j’aime en fait, tout simplement, c’est courir. J’habite à Bruxelles et donc, malheureusement, je m’entraîne le plus souvent sur de la route. Mais ce n’est pas ce que je préfère le plus, évidemment.”
Si les idées foisonnent dans sa tête, il garde bien pour lui son prochain défi. Celui qui est kiné de formation s’est bien testé sur un Ironman dernièrement, sans réellement s’investir dans les autres disciplines que la course à pied et en tapant malgré tout un chrono de 10 h 09 (!), mais ne compte pas dans l’immédiat approfondir l’expérience dans des versions plus extrêmes. “Je ne cherche pas à faire toujours plus. Mais bien à vivre des choses différentes. Traverser à nouveau un continent en courant serait, par exemple, revenir à des habitudes. Aller vers la nouveauté me tente plus.”
"Pas un adepte de la compétition
"Voici à peine dix ans que Ralph Mesquita s’est réellement mis à courir. Et, rapidement, il fut attiré par les longues distances. "J’ai toujours aimé ça, depuis le début." D’un Color Run - "on ne me verrait plus sur un tel format aujourd’hui" (rires) - comme premier contact avec une organisation à, deux semaines plus tard, un marathon : le ton était donné. Jusqu’à traverser l’Europe en courant du nord au sud pour, aujourd’hui, se focaliser principalement sur des formats de courses au-delà des 100 bornes. "Je ne suis pas issu de l’athlétisme", dit ce polyglotte qui maîtrise cinq langues. "Je n’ai jamais réellement couru après un chrono mais bien après une distance, c’est ça qui m’attire. Mais les courses, la plupart du temps, c’est d’abord pour rigoler, s’amuser. Et quand bien même je gagne, il faut relativiser. Nous sommes en Belgique et ne sommes pas pros. L’essentiel est de prendre du plaisir, de rencontrer des gens et de se battre pour soi-même. La compétition pour la compétition, très peu pour moi, même si je respecte les gens qui ont cette approche."
Le Bruxellois ne cherche donc pas à aller gagner des secondes en suivant à la lettre un programme d’entraînement. "Mais le maximum de mon potentiel, je pense que je l’ai exploité lors de mon défi à travers l’Europe. En plus d’avoir du sens, je n’avais aucune idée si j’allais arriver au bout. Pour moi, cela a beaucoup plus de sens que de me battre pour, un jour, finir Top 100 du marathon de Paris, par exemple."