Daniel Piron, 78 ans et marathonien
Le résident d'Erpent a participé à son 40e marathon ce dimanche à Namur. Et dans un mois, le résident d’Erpent remet cela !
- Publié le 24-04-2018 à 10h49
- Mis à jour le 24-04-2018 à 11h03
Le résident d'Erpent a participé à son 40e marathon ce dimanche à Namur. Et dans un mois, le résident d’Erpent remet cela !
Le chrono du marathon de Namur égrène ses minutes, ses heures, depuis 5h06.53 lorsque Daniel Piron franchit la ligne d’arrivée d’une première édition marquée du sceau de la réussite. Au micro, à l’entendre partir dans les mille histoires de son marathon et de son passé de coureur, on se demande presque s’il vient de courir. Autour de lui, tout le monde ou presque semble exténué.
Notre homme a pourtant 78 ans et 42 bornes dans les guiboles. Domicilié à trois kilomètres à peine de là, ce marathonien inépuisable n’aurait raté pour rien au monde le premier marathon de Namur, son 40e qui plus est ! Daniel Piron en a tellement des choses à raconter de sa carrière de marathonien qu’il nous a conviés le lendemain à partager avec nous sa passion à son domicile, à Erpent.
Cet ancien journaliste n’a pourtant chaussé ses premières baskets qu’à 51 ans. "À 51 ans et demi", précise-t-il plusieurs fois. "Mon fils, Damien, également marathonien, a trouvé que j’avais un petit ventre et m’a dit que je devais me mettre à la course à pied. Je faisais les 12 km aller-retour entre mon domicile et mon travail à vélo. J’ai fait un premier jogging, et j’ai commencé à faire mes trajets professionnels en courant, peu importent les conditions. Six mois plus tard, je participais à mon premier marathon à Huy, que je bouclais en… 3h12."
"Prépensionné, la course m’a sauvé"
Depuis lors, la course à pied, et plus encore sa distance mythique de 42,195 km, est devenue la véritable drogue du bien-être pour Daniel Piron. "J’ai été prépensionné à 59 ans, les anciens ont fait la place aux jeunes, je n’y étais absolument pas préparé", confie-t-il. "À ce moment, la course m’a sauvé."
Au rang de ses innombrables meilleurs souvenirs, Daniel Piron en ressort notamment deux. "J’ai participé deux fois au rendez-vous de New York, la Mecque du marathon", souligne-t-il. "Toutes les nationalités du monde sont représentées, la fraternité qui règne entre les participants la veille de la course lors de la pasta party est géniale… Mon fils m’a accompagné à New York. Infographiste, il a réalisé un magnifique ouvrage sur notre séjour qu’il m’a offert. Je m’y suis une fois classé 17e sur 279 dans la catégorie des 65 ans et plus, en 4 h09."
"Je me suis étiré une seule fois et me suis blessé"
Et le second : "Un jour, mon fils me téléphona pour m’annoncer que j’étais officiellement champion de Belgique", sourit Daniel Piron. "J’avais fini premier sur dix de mon 29e marathon, à Bruxelles en 2010, dans la catégorie 70 ans et plus. Mais je n’ai pas reçu de médaille, parce que je n’étais pas affilié à un club. Je n’ai d’ailleurs jamais fait partie d’un club."
"Mourir en courant serait une belle mort…"
Jamais rassasié, Daniel Piron participera déjà à son premier marathon dans un mois, en prenant le départ du Maasmarathon qui fête cette année sa 20e édition (voir page 4). "L’homme ne connaît pas la puissance de son mental", clame notre inusable marathonien. "Vous m’auriez dit à 50 ans qu’à 78 ans j’allais courir mon 40e marathon, je vous aurais pris pour un fou. Je courrai tant que la santé me le permettra. Je n’ai jamais été blessé, sauf une fois. Je ne fais jamais d’étirements, et la seule fois que je me suis étiré, je me suis blessé. J’estime que pour rester en bonne santé, il ne faut jamais aller chez le médecin. Même si bien contre ma volonté, j’ai consulté un docteur avant le marathon de Namur. C’était la première fois en quarante marathons qu’on me réclamait un certificat médical. Je ne suis jamais malade, je touche du bois. J’espère mourir en courant, ce serait une belle mort."
90.000 km consignés dans ses notes
On aurait presque tendance à croire que Daniel Piron, même s’il a enfilé ses baskets de coureur sur le tard, ne compte plus les kilomètres. Or, détrompez-vous. “Je note tous mes kilomètres depuis ma première sortie, c’est ma coquetterie de coureur de fond, j’ai déjà consigné 90.000 bornes”, confie celui qui était, sans surprise, le doyen des quelque 2.000 participants au marathon de Namur. “Lorsque je ne m’entraîne pas pour un marathon, je fais 80 km, 85 km, ou alors 70 km par semaine : 30 km le lundi, 20 km le mercredi et 20 km le vendredi. J’ai mes parcours pour avoir mes points de repère.”
Et ne lui demandez pas d’enrober son poignet d’une montre connectée. “J’ai ma montre avec l’heure, celle-ci me permet de connaître mon temps sur les courses. Et puis, il y a les meneurs d’allure…”
“J’ai survécu grâce au destin”
Grand prématuré à sa naissance en 1940, Daniel Piron aurait dû avoir une durée de vie très brève à en croire les médecins à l’époque. “Je pesais 975 grammes, on m’a mis dans une boîte à chaussures avec de l’ouate”, explique-t-il. “Un médecin des prématurés de la KUL, à Louvain, m’a dit que j’avais dû lutter tellement pour survivre que j’étais devenu résistant grâce à cela. En 1940 toujours, en période de guerre, en plus d’être prématuré, j’ai été évacué alors que je souffrais d’une gastro-entérite. Pendant la guerre, je me trouvais entre deux personnes qui sont mortes mitraillées à mes côtés. J’ai sans doute survécu à tous ces événements grâce au destin.”