Pieter Timmers monte en puissance en vue de l'Euro: "Bien sûr, je veux l’or à Glasgow"
Vice-champion olympique du 100 m libre, le Limbourgeois monte en puissance avant des championnats d’Europe où il rêve de briller.
- Publié le 19-06-2018 à 11h08
- Mis à jour le 19-06-2018 à 11h27
Vice-champion olympique du 100 m libre, le Limbourgeois monte en puissance avant des championnats d’Europe où il rêve de briller. Dans un Wezenberg toujours en chantier en raison de travaux d’aménagement ayant pris un peu de retard, c’est au bord du bassin d’entraînement réservé aux nageurs de haut niveau que Pieter Timmers nous reçoit, chez lui , à Anvers. Le vice-champion olympique du 100 m libre sort d’une séance matinale où il a parcouru 5,5 km à haute intensité. Un (tout) petit aperçu de sa préparation pour les championnats d’Europe de Glasgow où notre compatriote aura de grandes ambitions.
Pieter, à un mois et demi du début de l’Euro, comment vous sentez-vous ?
"Ce n’est pas la période la plus facile dans la préparation mais je me sens de plus en plus fort. En vitesse pure, en explosivité. À l’entraînement, je signe d’excellents chronos et Ronald (NdlR : Gaastra, son coach) se montre parfois vraiment impressionné. D’après lui, je ne réussissais pas de tels chronos l’an dernier ni l’année d’avant. Si j’arrive encore à l’impressionner, c’est, en tout cas, plutôt bon signe. Et si j’arrive à transposer cette forme à la compétition, je peux faire de beaux résultats début août."
Osez-vous dire que vous viserez le titre de champion d’Europe du 100 m libre à Glasgow ?
"Je mentirais si je disais que j’y allais pour le bronze ! Bien sûr, je veux décrocher l’or, c’est logique. Évaluer mes chances reste toutefois un exercice difficile, cela dépend toujours de la concurrence et je n’ai pas de boule de cristal. Qui sera fort ? Qui le sera moins ? Impossible à dire. Certains chronos très solides ont, en tout cas, déjà été réalisés. La chance est réelle qu’il faille nager en 47.50 pour gagner. Le Russe Morozov a signé un 47.75. Le Britannique Duncan Scott (champion du Commonwealth) évoluera sous les 48 secondes aussi. Et l’Italien Luca Dotto, pour ne citer que lui parmi les autres candidats au podium, sera prêt également. Je m’attends à vivre une compétition de très haut niveau à Glasgow et je devrai peut-être nager plus vite que mon record de Belgique (NdlR : 47.80, à Rio) pour rencontrer mes ambitions."
Comment va se dérouler la dernière phase de votre préparation ?
"Je vais terminer ma deuxième semaine axée spécifiquement sur le sprint, puis j’aurai une semaine de récupération avec simplement une compétition à Rome (du 29 juin au 1er juillet) . Ensuite j’aurai encore un stage de 15 jours intensifs, puis place à l’affûtage juste avant les championnats."
Votre approche est-elle différente de celle que vous connaissiez auparavant ?
"Oui, je m’entraîne de manière plus intensive, en faisant un peu moins de kilomètres, en travaillant sur des points bien précis comme les virages. Ce n’est pas plus facile pour autant ! Je croyais que j’allais préférer cette manière de faire mais vu à quel point je sens mes jambes en rentrant à la maison, je sais que je me suis trompé ! (rires) La combinaison avec les entraînements de résistance fait mal. Mais j’ai déjà récolté les premiers fruits de ce travail à Copenhague avec une médaille d’argent en 100 m libre à l’ Euro en petit bassin."
Vous étiez pourtant très déçu juste après la finale.
"Oui, sur le moment, quand j’ai touché, parce que j’avais vraiment une bonne chance de décrocher le titre et que j’avais pris le départ pour gagner. Quand j’ai vu que j’étais deuxième, j’étais un peu dégoûté mais c’est une attitude qui définit un sportif de haut niveau, non ? Avec le recul, je sais toutefois que je peux être super content de ma prestation parce qu’au début des championnats, je me sentais super mal, j’avais été malade et je ne pensais même pas à une finale éventuelle. En plus, le voyage avait été très compliqué et dans l’eau, je ne me sentais pas bien. Avec quelques jours de plus, j’aurais sans doute pu faire mieux, mais j’ai tiré de ces championnats, outre un record de Belgique, certains enseignements. Cela m’a fait plaisir et insufflé de la confiance de voir que je tournais toujours avec les meilleurs nageurs."
Quid des relais ? Sont-ils toujours aussi importants à vos yeux ?
"Très honnêtement, non. Je ne pense pas qu’on pourra atteindre le niveau que l’on avait à Rio par exemple. N’oubliez pas qu’on a dû reconstruire avec des jeunes, qu’on manque d’expérience et de vitesse, et une finale serait déjà un excellent résultat, dès lors, pour cette équipe. Quant au relais 4x200 m, j’ai décidé de le laisser tomber dans la mesure où je ne m’entraîne quasiment plus pour le 200 m. Je ne serais plus une valeur ajoutée pour le groupe."
"La naissance de Jutta a changé ma vie"
Le Limbourgeois a dû trouver un nouvel équilibre au plan privé.
Le 27 juin 2017, il y a près d’un an, Pieter Timmers et sa femme Elle De Leeuw annonçaient avec beaucoup de fierté la naissance de leur premier enfant, une petite fille prénommée Jutta. Un événement qui, comme pour tout parent, a profondément modifié les habitudes du couple. Et donc celles du nageur.
"D’un point de vue sportif, la saison 2017 a été une année difficile mais beaucoup de choses se sont produites dans ma vie, tout est arrivé un peu en même temps, souligne Pieter Timmers. Il y a d’abord eu beaucoup de sollicitations après les Jeux olympiques, puis j’ai appris pendant la Coupe du Monde que j’allais devenir papa. Sans oublier que j’avais des Championnats du Monde à préparer aussi... Comme chacun peut l’imaginer, la naissance en soi a été tout un événement et j’ai dû enchaîner peu de temps après avec la compétition aux Mondiaux, ce n’était pas évident."
Souhaitant bien sûr profiter de sa paternité et assumer son rôle au sein du foyer, Pieter Timmers s’est adapté à cette nouvelle situation.
"Tout a changé : avant, tout tournait autour de moi, maintenant j’arrive seulement en deuxième position, lance-t-il dans un grand sourire. Il y a encore un an, ma vie entière était placée sous le signe du sport. Quand je rentrais de l’entraînement, la première chose que je faisais, c’était manger. Puis j’allais dormir quand je le voulais, et je mangeais à nouveau. Maintenant, je repousse mon repas à plus tard, jusqu’au moment où la petite a mangé et s’est recouchée. Je récupère donc moins vite et moins facilement après mes deux heures d’entraînement. Mon repos est différent aussi. C’est tout bête mais avant, je pouvais m’allonger dans le fauteuil tranquillement tandis que maintenant je dois me lever régulièrement pour Jutta ou pour aider. Du moins quand je peux encore m’asseoir !"
Et les nuits sont évidemment perturbées aussi. "Je ne peux pas trop me plaindre à ce niveau-là mais bien sûr, je dois quand même remplir certains devoirs de papa aussi, dit-il. Et puis, en ce moment, ce sont les dents qui sortent. C’est toujours un peu difficile la nuit mais il faut s’y faire..."
"Tokyo 2020 ? C’est une réelle option"
Le nageur de 30 ans n’est pas obsédé par une 3e participation aux JO mais celle-ci se rapproche de plus en plus fortement.
Après les Jeux Olympiques de Rio, où il a décroché une superbe médaille d’argent en 100 m libre, Pieter Timmers a envisagé de mettre un terme à sa carrière. "Bien sûr, j’y ai vraiment pensé. Ce sont des choix qu’il faut faire à un moment donné dans une carrière" , explique-t-il. "J’ai donc pesé le pour et le contre et, après avoir disputé quelques manches de Coupe du Monde, j’en ai conclu que le plaisir de nager était encore trop fort pour le moment. J’aurais trouvé dommage de mettre un terme à ma carrière trop tôt. Ma décision a été de continuer tant que je trouverais chouette de nager en compétition et de voir année après année."
Et voilà déjà le Limbourgeois à mi-chemin sur la route de Tokyo 2020. "Vu comme cela, c’est vrai que les Jeux se rapprochent et que Tokyo devient une réelle option" , poursuit Pieter. "Ceci dit, ce n’est pas du tout une obsession au quotidien, je n’y pense vraiment pas... alors que tout le monde a l’air d’y penser pour moi ! (rires) Je n’exclus pas d’y aller mais je suis dans une tout autre situation qu’avant Rio 2016. À l’époque, je devais encore élever mon niveau, franchir des paliers et faire en sorte d’arriver en pleine forme là-bas. Je ne voulais pas manquer LE grand rendez-vous de ma carrière et j’ai répondu présent. Le grand moment est passé. À présent, je continue parce que j’aime ce sport, parce que les choses vont bien pour moi et que j’espère encore signer de bons résultats à l’avenir. Mais plus rien n’est obligatoire pour moi..."
Avec deux ans de préparation devant lui et deux grands rendez-vous intermédiaires en grand bassin avant les Jeux de Tokyo, Pieter Timmers se verrait bien garder le cap.
"Même quand je dois m’entraîner seul, comme c’est le cas aujourd’hui, cela ne me dérange pas vrament" , dit-il. "La clé, c’est d’aimer vraiment ce que l’on fait et tant que c’est mon cas, je ne me vois pas arrêter."
Mondiaux 2017: "Pas question d’être déçu"
Demi-finaliste du 100 m libre à Budapest à l’été 2017, Pieter Timmers a tourné la page de ce qui ne s’apparente pas à un échec pour lui. "Je trouvais certes dommage d’avoir été plus lent le soir qu’en matinée mais j’étais réaliste : j’avais prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à grand-chose dans la mesure où je n’avais rien montré d’exceptionnel. Je n’avais pas fait de compétition de préparation, j’avais raté un stage, autant de facteurs ne permettant pas de livrer une prestation de top niveau. Faut-il être déçu ? Non, surtout quand on est devenu papa deux ou trois semaines avant. Mais apparemment certaines personnes avaient quand même des attentes…"
Médaillé olympique: "Je me protège contre les attentes"
En tant que vice-champion olympique et l’un des meilleurs sprinters du continent, Pieter Timmers doit faire face à une certaine pression de résultats. "Je suis un des meilleurs Européens, il y a donc beaucoup d’attentes auxquelles j’ai dû m’habituer un peu au début", dit-il. "Je ne laisse toutefois pas la pression m’atteindre. Je me protège volontairement contre les attentes. Pour moi, le plus important actuellement est de prendre du plaisir en nageant et ce n’est pas parce que tout le monde estime que je dois gagner toutes les courses auxquelles je participe que je pense nécessairement de la même façon. Pas du tout même."
Un Flamand connu: "Pas sollicité comme un Diable Rouge"
S’il est devenu un BV (Bekende Vlaming, pour Flamand connu) au Nord du pays grâce à ses résultats sportifs, le double mètre se complaît dans la discrétion. "J’ai une certaine popularité", fait remarquer Pieter. "En rue, il m’arrive de signer des autographes et de poser pour des photos. Attention, pas massivement, je ne suis pas non plus un Diable Rouge ! Ce n’est que de la natation. Je suis heureux d’être l’un des visages connus de ce sport en Belgique. Pour le reste, je ne sais pas si j’ai bien fait fructifier ma médaille olympique. Quand je vois les contrats qu’a conclus Nafi Thiam, c’est impressionnant. Moi, je n’ai pas plus de sponsors qu’avant."