L’incroyable voyage de Malou, la grand-mère des soeurs Sana médaillées de bronze aux Jeux Paralympiques
- Publié le 12-03-2018 à 15h58
- Mis à jour le 13-03-2018 à 10h26
La grand-mère des sœurs Sana, 80 ans en mai, a parcouru 9.000 km en train et en avion pour assister à leur superbe exploit Quand on aime, on ne compte pas. Voilà une maxime qui colle parfaitement à la peau de Marie-Louise. Malou, pour les intimes, qui a traversé la moitié de la planète pour venir à Pyeongchang et partager l’exploit historique de ses petites-filles, Eléonor et Chloé, qui ont décroché la première médaille féminine de l’histoire de la Belgique aux Jeux Paralympiques d’hiver.
Jusque-là, rien d’extraordinaire dans cette histoire. Sauf que Malou aura 80 ans en mai et ne s’attendait peut-être pas, il y a quelques mois encore, à boucler ses valises pour un si long périple… "Quand Eléonor, qui est malvoyante, a commencé le ski de compétition et s’est mise à rêver des Jeux Paralympiques, elle m’a dit : ‘Mamy, tu viendras me voir’", explique la pétillante Malou. "J’ai répondu oui, oui, sans être convaincue que ma petite-fille atteindrait son pari fou qui me semblait impossible. Au fur et à mesure que les résultats s’amélioraient, je me suis dit que je devrais honorer ma parole, même si je vais atteindre le quatrième âge. Et puis, je ne voulais pas que ma fille, Patrica, la maman d’Eléonor et Chloé, vive ce moment d’émotions seule. Nous sommes une famille unie et je désirais le partager avec ma fille et mes petites-filles, même si on ne savait pas encore qu’une médaille de bronze serait décrochée. C’est vrai que partir en Corée du Sud à mon âge, c’est une aventure. Mais c’est peut-être la dernière fois que je peux vivre un truc aussi enrichissant. Et puis, ce n’est pas comme si je ne sortais jamais de chez moi. Je pars deux fois par an à l’étranger avec les seniors de Rochefort, où j’habite. En mai, ce sera la Crête et, en septembre, Prague."
Et alors que certains profitent de leur pension pour se reposer, cultiver ou suivre toutes les émissions TV de l’après-midi, Malou, elle, travaille encore… "Je gère cinq chambres d’hôtes chez moi, à Jemelle, dans la commune de Rochefort", ajoute cette ancienne citoyenne d’Eupen qui parle, en plus du français, l’allemand et le néerlandais. "Il y a des personnes d’un peu partout qui viennent y dormir. C’est pour cette raison que je suis, chaque lundi, des cours d’anglais pour pouvoir discuter avec les personnes qui s’arrêtent chez moi. Je pratique aussi le tai chi, je suis active dans la chorale et j’apprends l’art floral. Tout cela est bon pour garder mon cerveau en éveil."
Et son voyage en Corée du Sud, cette petite dame toute spitante ne l’oubliera pas… "J’ai découvert un pays avec des gens respectueux. Dans le train, le contrôleur a salué les voyageurs en rentrant et en sortant du compartiment. On dit que les Coréens sous les Italiens de l’Asie car ce sont les plus expressifs dans ce coin du monde. Et puis, il y a l’exploit d’Eléonor et Chloé. La cérémonie de remise des médailles était un moment rempli d’émotions. Je n’en revenais pas. Je suis fière de mes deux petites. En plus, elles sont si gentilles. On doit profiter de ces moments car la maladie peut nous toucher n’importe quand. On a connu un grand malheur avec Eléonor et son cancer de la rétine. Qu’elle profite de ce grand moment dans sa vie. Et maintenant, je peux lui dire : ‘Tu as vu, je suis venue…’"
"On l'entend crier !"
La présence de Malou à PyeongChang est un adjuvant moral pour les sœurs de glisse. "On l’entend crier à la fin des courses avec notre maman", explique Chloé. "C’est beaucoup de joie de la voir ici. Pour elle, c’est un voyage exceptionnel. Nous sommes contentes qu’elle ait pu le faire et heureuses de partager cette expérience avec elle. Ce n’est pas donné à toutes les mamies de faire un tel voyage."
Et si c’est à cause d’Eléonor que Malou est aux Jeux Paralympiques, la skieuse nous livra un petit secret avant de rejoindre sa mamy : "Vous savez, moi, je ne me rappelle pas du tout de ce pari."
En bref
Quatrièmes en Super-G
Au lendemain de leur médaille de bronze, les sœurs Sana ont rechaussé les skis pour le Super-G. Après un bon départ, Eléonor et Chloé ont perdu du temps sur une piste piégeuse. Au final, nos deux représentantes terminent à la 4e place à une seconde et 46 centièmes d’une deuxième médaille de bronze. La fatigue engendrée par la journée de samedi, très émotive, et la pression redescendue après leur exploit ont joué un rôle dans un résultat qui n’est en rien catastrophique.
Quid de l’avenir ?
Avec le retrait de Chloé, qui veut se concentrer sur ses études d’institutrice, comme guide à la fin des Jeux, la question se pose de savoir si Eléonor poursuivra sa carrière. La cadette analysera la situation après Pyeongchang. Du côté du Comité paralympique, la volonté sera de trouver un nouveau guide pour Eléonor. Marine Antoine est présente comme réserviste pour emmagasiner de l’expérience. Il faudra aussi voir si Stéfan Sazio, l’entraîneur des sœurs, poursuivra l’aventure.
Coup de fil royal
Les performances d’Eléonor et Chloé Sana ne sont pas passées inaperçues en Belgique. Suite à leur médaille de bronze décrochée, samedi, aux Jeux Paralympiques, son altesse le roi Philippe a téléphoné, dimanche en fin d’après-midi, pour les féliciter de vive voix. Une attention toute particulière qui a fait plaisir aux deux sœurs ainsi qu’à toute la délégation de la Team Belgium… Le chanteur Sioen a également joué un petit concert privé.