Et si les golfeurs belges visaient une médaille aux Jeux de Tokyo ?
Le golf masculin belge vit actuellement sur un petit nuage avec trois champions sur l’European Tour. Thomas Pieters, Nicolas Colsaerts et Thomas Detry rêvent évidemment d’un nouvel exploit lors des Jeux olympiques de Tokyo.
- Publié le 05-06-2019 à 15h26
Le golf masculin belge vit actuellement sur un petit nuage avec trois champions sur l’European Tour. Thomas Pieters, Nicolas Colsaerts et Thomas Detry rêvent évidemment d’un nouvel exploit lors des Jeux olympiques de Tokyo. Nicolas Colsaerts, Thomas Pieters et Thomas Detry vouent un véritable culte pour les Jeux olympiques. Ce sont, il est vrai, de vrais passionnés de sports. De tous les sports. Ils ne manquent pas une grande compétition à la télé. Et ils ont été bercés, depuis leur plus tendre enfance, par les images des exploits des stars olympiques, toutes disciplines confondues.
Lors des Jeux de Rio de Janeiro, en 2016, Colsaerts et Pieters ont eu le privilège de participer à la renaissance du golf sur la scène olympique. Ils en gardent, l’un et l’autre, un souvenir très ému. Quatrième au classement final, Thomas Pieters regrette évidemment de n’avoir pu offrir une médaille à son pays.
"Mais j’ai vécu l’une des plus belles semaines de ma carrière. Les Jeux, pour un sportif de haut niveau, c’est vraiment magique", répète-t-il, les yeux déjà tournés vers Tokyo 2020.
"Je n’oublierai jamais la cérémonie d’ouverture à laquelle j’ai eu le privilège de participer", ajoute Nicolas Colsaerts.
Le retour du golf aux Jeux après 112 ans d’absence a été une belle réussite. Malgré les forfaits des quatre premiers joueurs mondiaux de l’époque (Day, Johnson, McIlroy et Spieth), sceptiques envers le concept ou frustrés par l’absence de prize money, le spectacle fut de très grande qualité avec, en toile de fond, un podium digne d’un Major avec Justin Rose, Henrik Stenson et Matt Kuchar. Le public répondit présent et les audiences télévisées furent largement à la hauteur.
C’est dire si l’attente est grande pour le rendez-vous nippon de 2020. L’épreuve se disputera sur le parcours East Course du Kasumigaseki CC, l’un des clubs les plus renommés de la grande banlieue de Tokyo. Il s’agit d’un parkland manucuré qui a déjà accueilli de nombreuses compétitions. Lorsqu’on connaît la passion des Japonais pour le golf, on peut être sûr du succès de l’événement.
Comme en 2016 à Rio, le tournoi sera réservé à un plateau de 60 joueurs. Il se jouera individuellement en stroke play sur quatre tours. Les 15 joueurs les mieux classés (au 20 juin 2020) seront automatiquement qualifiés. Ensuite, la sélection se fera en suivant l’ordre du ranking mondial avec un maximum de deux joueurs par pays. Avec trois représentants sur l’European Tour, la Belgique a évidemment toutes les chances d’aligner deux joueurs.
Trois Belges en première ligne
Nicolas Colsaerts espère être à nouveau de la fête. Le Bruxellois a du sang olympique dans les veines. Son arrière-grand-père Jean-Jacques Tensen était un athlète de haut niveau qui participa aux JO d’Amsterdam de 1928 (en water-polo) et à ceux de 1936 et 1948 comme chef de délégation en basketball. C’est dire s’il est attaché à ce rendez-vous universel. À Rio, en 2016, il avait vécu intensément le moment, en savourant la vie au Village et en assistant à de nombreuses compétitions notamment en hockey, un sport qu’il a longtemps pratiqué lui-même. Il avait aussi, bien sûr, vécu de l’intérieur la victoire magique de Nafissatou Thiam en heptathlon et les exploits d’Usain Bolt.
"Les Jeux, c’est une autre dimension", sourit-il.
Tout auréolés de leur sacre à la Coupe du monde par équipes à Melbourne, Thomas Pieters et Thomas Detry aimeraient aussi faire retentir la Brabançonne à Tokyo. Certes, cette fois, il s’agira d’un tournoi individuel. Mais les deux jeunes champions ont le talent pour relever le défi.
Le coup était passé tout près pour Pieters à Rio. En raison d’un mauvais troisième tour, l’Anversois avait échoué au pied du podium. Quelque chose nous dit qu’il prépare déjà sa revanche.
"Participer aux Jeux, c’est l’accomplissement d’un rêve pour tout sportif", confie-t-il.
Enfant, il avait envisagé de faire carrière dans le basket où sa grande taille faisait merveille. Élevé dans le sérail du sport made in USA, il ne manque toujours pas un match de NBA et voue une éternelle admiration à Michael Jordan. "En fait, je me passionne pour la plupart des sports. C’est dire si les Jeux me transcendent…"
Thomas Detry est dans le même état d’esprit. Le jeune champion bruxellois avait regardé les Jeux de Rio à la télévision depuis une chambre d’hôtel en Finlande, où il participait à un tournoi du Challenge Tour. Depuis, il a fait son chemin et peut, à son tour, prétendre à une promotion olympique. "Ce serait un rêve, un peu comme la Ryder Cup", glisse-t-il, le regard étincelant.
Alors, une médaille belge en golf à Tokyo. Ce n’est pas impossible !
Les filles aussi montent en puissance En 2016, à Rio de Janeiro, Chloé Leurquin était devenue la première golfeuse belge à participer à des Jeux olympiques. Toujours bon pied bon œil, la championne brabançonne de 28 ans espère évidemment renouveler l’expérience à Tokyo. Mais elle ne sera pas la seule joueuse belge à briguer une sélection. Comme chez les garçons, le golf a le vent en poupe chez les filles. On dénombre ainsi quatre représentantes de notre plat pays au sein du Ladies European Tour (la première division du golf féminin européen).
Les Anversoises Manon De Roey (27 ans) et Leslie Cloots (24 ans) et la Gantoise Fanny Cnops (28 ans) ont rejoint Chloé en haut de l’affiche. Mais attention : les places pour Tokyo seront chères. Très chères. Le système de sélection est le même que les chez les hommes avec un maximum de soixante joueuses (deux par pays en plus du top 15 mondial) sur le tee n° 1. Pour l’heure, les quatre candidates n’ont pas le ranking mondial pour entrer dans le tableau final. Mais il leur reste plus d’un an pour marquer de bons points et grimper dans la hiérarchie.
En attendant les Jeux paralympiques
Le golf ne fait pas encore partie du menu des Jeux paralympiques. Au mieux, ce sera pour 2026. Cela n’empêche pas la Fédération royale belge de Golf (FRBG) de promouvoir la discipline. En collaboration avec les deux Ligues régionales (AFGolf et Golf Vlanderen), elle vient ainsi de lancer le projet #BEgolf Paragolf visant à développer un programme pour les joueurs porteurs d’un handicap physique ou mental. "L’idée est d’unir nos forces afin que le Paragolf devienne un sport complet à tous les niveaux, de la simple pratique de loisir à la haute compétition", résume Emmanuel Rombouts, président de la FRBG.
Concrètement, ce programme a été conçu autour de quatre approches différentes et complémentaires : l’initiation, le développement, la formation et l’excellence. "Le golf est l’une des rares disciplines où les valides et les non-valides peuvent participer, ensemble, à des compétitions. C’est pour cette raison que nous n’avons pas souhaité créer une fédération indépendante mais bien inclure les joueurs moins valides en notre sein à l’échelle nationale avec le soutien des deux Ligues communautaires", poursuit Emmanuel Rombouts.
Des budgets ont été libérés, tant pour l’encadrement des formations que pour l’achat de matériel spécifique, comme des chaises roulantes adaptées. Parallèlement, la Fédération a prévu d’organiser une compétition internationale sur son territoire et de soutenir les meilleurs joueurs de la catégorie lors des grands tournois via des bourses. Elle offrira également une wild-card pour le KPMG Trophy (tournoi professionnel du Challenge Tour qui aura lieu fin août au Golf du Millennium) au joueur belge Paragolf le mieux classé au classement mondial.