Laurent Colemonts, ancien arbitre de foot, désormais patron des arbitres de hockey: “Le hockey est comme le foot d’il y a 30 ans”
L’alcool, les réseaux sociaux, le manque d’éducation et l’argent polluent le stick.
- Publié le 10-10-2019 à 12h51
- Mis à jour le 10-10-2019 à 13h16
L’alcool, les réseaux sociaux, le manque d’éducation et l’argent polluent le stick. Le hockey n’échappe pas à l’évolution de la société. Laurent Colemonts jette un regard lucide. "Ce monde de communication va très vite. Nous voyons tout en live. De plus, l’alcool représente un danger. J’ai déjà vu un arbitre monter sur le terrain avec une bière et son sifflet."
Les insultes également pleuvent durant les matchs.
"Je veux protéger les arbitres. Ils doivent se forger une carapace par rapport aux critiques. Les gens se croient tout permis. Le hockey est comme le foot d’il y a 30 ans. J’espère que je n’assisterai jamais à une bagarre ou à une scène où l’arbitre se fait taper dessus. Le supporter oublie vite ses valeurs. Certains sont victimes de championnite et voient leur enfant devenir Red Lion ou Panther."
L’argent n’aide pas à préserver les valeurs ancestrales.
"Les primes à la victoire existent. Le débauchage aussi. Tout le monde œuvre pour revenir à une situation financière plus saine."
Face à ces nombreux défis, Laurent Colemonts prône un arbitrage plus sévère.
"Ils doivent oser sanctionner sans tomber dans l’extrême de la chasse aux sorcières. Entendre une insulte hurlée par un Red Lion nuit à l’image de notre sport."
Quand il songe à l’avenir, l’official manager est inquiet et motivé.
"Il faut enrayer ces problèmes de comportements déviants. Tous les acteurs veulent marcher dans la même direction, ce qui me donne beaucoup de confiance."
Il est prêt à faire la révolution du stick
Laurent Colemonts, qui a arbitré durant 12 ans au foot, en D1, baigne dans le hockey depuis 24 ans.
Laurent Colemonts n’a pas été bercé par trois fées qui lui auraient glissé un stick dans le berceau. Aidé par son ex-femme, il a attendu ses 22 ans pour pousser les grilles de l’Amicale Anderlecht. "J’ai joué au football jusqu’à 15,5 ans", commence celui qui a accepté d’arbitrer son premier match… par intérêt. "Mon papa m’avait promis de m’offrir une raquette si j’arbitrais un match."
Il s’est pris au jeu. Avec ses cartes en poche, il a réalisé une si grande carrière dans l’univers du football qu’il en a remisé ses raquettes au vestiaire.
"L’arbitrage est une véritable école de vie, dit-il. J’ai rencontré beaucoup de personnes. J’ai appris à gérer des situations peu évidentes."
Durant 12 ans, il a dirigé les plus grands matchs de football de Division 1. Il était l’homme qui a brandi des cartes rouges à Odidja et Perisic lors d’un Genk - Bruges inédit. "Hoefkens s’était blessé à 10 minutes de la fin, ce qui a réduit les Brugeois à 8."
Il a aussi sifflé un Bruges - La Gantoise qui appartient aux bons souvenirs : "On ne garde que les bons souvenirs et les différents partages. Encore aujourd’hui, je suis bien accueilli dans les stades."
Cette étiquette appartient à son ADN pour l’éternité.
À 46 ans, il a mis son expertise au service du hockey belge, un univers qu’il fréquente depuis 1995. Simple spectateur, il a évidemment vite mis les habits de referee.
Professeur de sport, Laurent Colemonts a alors entraîné des équipes de l’Amicale avec une certaine réussite.
Instigateur de projets tels Umpire coach ou Hockey to school, il a fini par rejoindre l’ARBH comme boss de l’arbitrage belge - dite official manager - avec une envie de faire une douce révolution.