Crauwels : "Je serais fou de ne pas les écouter"
- Publié le 21-02-2019 à 17h31
- Mis à jour le 21-02-2019 à 17h36
L’entraîneur de l’Orée a placé, en un an, son équipe au sommet de la DH.Que l’équipe qui affrontera l’Orée en quarts de finale se méfie doublement. Les Bruxellois que nous annoncions comme candidats au maintien ont pris la carrure d’un outsider pour le titre final.
Du gardien à la pointe de l’attaque en passant par son rideau de fer défensif, le noyau ne manque pas de qualités. Durant 70 minutes, l’Orée a d’abord contenu la fougue du Watducks dimanche dernier avant d’écœurer le seul club invaincu cette saison.
L’édifice bruxellois est solide. Son architecte n’est pas le plus coté de Belgique, mais il abat un travail formidable. Steve Crauwels, qui travaille dans le secteur aérien, ne peut se targuer d’un curriculum vitae d’un Pascal Kina. "Je n’ai pas besoin de la lumière, souffle-t-il avec un grand sourire. Le staff est présent pour mettre en avant les qualités de l’équipe. Mes joueurs suent, courent et se battent sur le terrain."
Il a suivi sa propre voie
Cette volonté de discrétion ne signifie pas un manque d’ambition de ce Brabançon de 45 ans. "Je vis tous mes matchs intensément avec la volonté de toujours gagner en proposant un jeu offensif. Mon esprit est formaté pour la compétition."
Après dix journées de championnat, Steve Crauwels est un entraîneur comblé. Ses gars occupent la première place du groupe A devant le Racing et le Dragons. En un an, le T1 a marqué en profondeur un groupe qui a vécu une crise l’an passé. Lors du deuxième tour, le groupe a signifié à la présidente son incompatibilité avec le staff faisant fonction. Xavi Arnau a été prié de faire ses valises. "Moi, j’entraînais en Open DH, mais je connaissais très bien tous les gars que j’ai fréquentés en tant que T2 de Marcelo Orlando puis de Zoulou Brulé. À la suite de ce divorce entre l’équipe et le staff, j’ai accepté de reprendre les rênes du groupe pour quelques matchs. Je leur avais dit que je n’avais pas demandé à être là. Si je venais, c’est parce qu’ils croyaient en moi."
Le Brabançon, ancien joueur du White Star, du Baudouin et du Daring, ne débarquait pas en terrain inconnu. Avec le Baudouin, il avait fourbi ses premières armes en tant qu’entraîneur d’une équipe majeure. "Marcelo Orlando m’a amené dans son staff à l’Orée. Durant deux ans, il m’a appris à gérer un groupe." Sous l’ère Zoulou, il a goûté aux premières analyses vidéo. "Tactiquement, il m’a beaucoup apporté."
Steve Crauwels n’est pas l’héritier spirituel d’Orlando ou de Brulé. Il a suivi sa propre voie pour accomplir des exploits avec son équipe. Cette année, il vit sa première saison complète comme T1 d’une équipe de Division d’Honneur. "Je ne m’étais pas fixé cet objectif. Moi, je prends le hockey comme un hobby, un hobby qui me prend quatre soirs par semaine et tous mes dimanches (rires)."
"Les joueurs sont des artistes"
Dès son premier match de la saison, il a marqué l’histoire du club en ramenant 3 points du Dragons. Au fil des semaines, l’effet de surprise diminuait au même rythme que les points étaient collectés. Si ses joueurs ne le dépeignent pas comme un grand maître tacticien, ils ne changeraient pour rien au monde d’entraîneur. "Les joueurs sont des artistes. Moi, je me mets juste à leur niveau. Je prends le temps de les écouter et d’échanger nos points de vue. Je ne viens pas avec mes vérités et mes ordres. Dans toutes les équipes, on retrouve des leaders qui ont souvent beaucoup d’expérience comme Callioni, de Paeuw, Simar ou encore Masson. Je note leurs conseils. Au final, c’est moi qui décide, mais je serais fou de ne pas les écouter. J’ai à ma disposition un Red Lion, des internationaux français et irlandais et même un champion olympique."
En d’autres mots, Steve Crauwels a réussi à fédérer ses vingt joueurs autour d’une même vision du jeu. Tous ses gars sont prêts à se sacrifier pour l’intérêt commun. "La tactique ne vient qu’après."
On en oublierait presque que l’Orée évoluait encore en D1 il y a quatre ans seulement. "Je garde les pieds sur terre car en sport, tout change si vite. Nous venons de signer dix bons matchs. Il faudra encore confirmer."
La présidente Isabelle Frankignoulle a mis en place un véritable projet sur le long terme. Steve Crauwels adhère à cette vision. "Le projet est sain. Nous avons les moyens de nous maintenir en DH tout en attirant des renforts en cas de besoin même si nous n’avons pas la puissance financière du Racing."
"Pas de raison de partir ailleurs"
L’Orée a longtemps souffert de la fuite de ses jeunes à cause d’un manque d’ambition dû, en partie, à ses infrastructures sommaires. "Tous les clubs de Bruxelles sont limités au niveau de la superficie. Nous avons déjà un 2e terrain au parc de la Woluwe. Sur notre site, nous avons une piste pour bâtir un autre terrain. Avec tout ce qui se passe dans le hockey actuellement, tous les projets ont une chance d’aboutir. Depuis que nous sommes stabilisés en DH, nous parvenons à mieux garder nos jeunes, même s’ils sont appelés de tous les côtés."
Steve Crauwels, aussi, pourrait être appelé par d’autres clubs. "Je m’entends bien avec les dirigeants de l’Orée. Je ne ressens pas le besoin de bouger", conclut le papa de Lucien et de Gaspar qui a trouvé son équilibre entre son métier et son hobby.