Rallye de Monte-Carlo: Pourquoi Neuville peut toujours rafler la mise
2e à 4.3 d’Ogier, le Saint-Vithois songe à une première victoire à Monte-Carlo mais aussi au titre mondial...
- Publié le 27-01-2019 à 08h48
2e à 4.3 d’Ogier, le Saint-Vithois songe à une première victoire à Monte-Carlo mais aussi au titre mondial... La bagarre a continué à faire rage samedi sur les routes du Monte-Carlo entre l’enfant du pays, sextuple champion du monde et sextuple vainqueur en Principauté, Sébastien Ogier, et un très grand Thierry Neuville.
Sur la journée de vendredi, notre compatriote avait repris 3.2 au Gapençais pour rentrer à deux secondes. Hier, lors de la 3e étape, le héros local a été plus vite que lui de 2.3 secondes sur 93,38 km. Des écarts infimes en disant long sur l’intensité de leur duel. Dans la douzième et dernière spéciale, la plus sèche depuis le départ, les deux stars du Mondial ont repoussé les limites encore un peu plus loin. Ils ont tout donné. Et à l’arrivée le pilote Citroën a devancé la meilleure des Hyundai de 2 dixièmes. Génial !
C’est dire aussi si avec un peu plus de quatre secondes à peine avant les quatre dernières spéciales dominicales, soit 63 km, rien n’est joué. Tout reste à faire. Tous les espoirs sont permis. Dans un camp comme dans l’autre. Le résident monégasque n’a jamais été aussi proche d’une première victoire à domicile. Même si… "Tout va dépendre des conditions météo", analysait Thierry avant un final promettant d’être haletant. "S’il fait complètement sec, qu’on part tous en slicks, on aura honnêtement peu de chance de l’emporter face à la Citroën redoutable sur l’asphalte. Par contre, s’il reste des plaques de glace ou de givre, s’il faut monter des clous ou que les choix de pneus sont déterminants, que le talent joue plus que le matériel, alors peut-être qu’on peut encore espérer faire quelque chose…"
Thierry ne va pas nous mentir : "Vous ne baissez pas les bras en vue de l’arrivée quand vous vous êtes battus durant trois jours et que vous êtes à 4.3 du leader du Monte-Carlo. Ce n’est pas fini. Bien sûr qu’on va essayer d’aller chercher Ogier. On va prier pour des conditions difficiles, essayer de régler l’auto au mieux et donner tout ce qu’on peut. Le Turini réserve souvent des surprises. Si la descente est gelée, il y a moyen de creuser des écarts. J’avais mis tout le monde d’accord là-bas l’an dernier. On va attaquer, mais pas question de prendre tous les risques non plus. On ne veut pas faire de connerie. On doit penser au championnat. Le nôtre mais aussi celui des constructeurs. Ici, c’est le terrain d’Ogier et de Citroën. Deuxième, ce serait un bon résultat aussi pour débuter la saison. Et cela nous donnerait une meilleure position de départ pour la Suède."
Voilà une manière de s’enlever de la pression. Mais, comme Monaco en F1, le Monte-Carlo est une épreuve à part. La plus prestigieuse. Nul doute que Thierry a encore rêvé la nuit dernière de s’imposer cet après-midi à domicile. Et l’on peut compter sur son tempérament de feu pour tenter tout ce qui est possible pour transformer son songe en réalité. Dans les limites du raisonnable...
"Le titre ne se joue pas ici"
Sébastien Ogier vise le record de sept succès monégasques.
Poussé dans ses derniers retranchements par Thierry Neuville, Sébastien Ogier a dû mouiller sa combinaison ce samedi sur les spéciales tracées dans sa région natale, près de la maison familiale. L’ex-moniteur de ski a sué des grosses gouttes, mais n’a pas mis une roue de travers. Enfin, façon de parler. Tout shuss, le métronome français a réussi à plus que doubler son avance passée de 2 secondes à 4.3.
"Les écarts restent faibles", constatait-il avant d’entamer la longue liaison ramenant les concurrents vers Monaco. "Souvent, la situation s’est déjà décantée à ce moment. Mais là, Thierry ne lâche rien. Il continue à me mettre la pression."
Pas question donc de rêvasser, de déjà songer à cette septième victoire monégasque (comme un certain Sébastien Loeb), la sixième consécutive et surtout avec une quatrième marque différente, exploit que n’a réussi avant lui que le grand et légendaire Walter Rörhl. "Depuis deux ans, je suis habitué à devoir me cracher dans les mains. Neuville est un coriace adversaire. C’est loin d’être gagné pour moi. Il va falloir rester concentré jusqu’au dernière mètre, observer la météo, faire le bon choix de pneus et essayer d’aller la chercher."
Toujours sans commettre de faute éliminatoire. "Exact, je ne peux pas faire n’importe quoi. Le championnat ne se joue pas ici non plus. C’est mon premier rallye pour Citroën et, honnêtement, c’est une belle surprise de me retrouver directement en tête. Maintenant, il faut finir le boulot."
En escaladant encore deux fois le col du Turini : "Un mythe. L’ascension est toujours différente. L’adhérence n’est jamais la même d’une année ou d’une montée à l’autre. Il faudra se montrer vigilant."
Avec Thierry Neuville aux trousses, prêt à faire tomber le prince de son trône, Sébastien Ogier n’aura cette année pas le temps de soigner le spectacle lors du passage au célèbre sommet, l’Everest du WRC ayant perdu beaucoup de sa magie depuis qu’on n’y passe plus de nuit.