Pas d’appels ni de SMS hors des heures de boulot : un droit qui prend du temps à entrer dans les mœurs des managers
Depuis un an, le droit à la déconnexion existe pour les employés. Un acquis négocié dans le cadre du pacte social mais qui n’est une réalité que pour moins d’un travailleur sur deux. Même si ça avance.
- Publié le 22-04-2024 à 08h32
En dehors des heures de travail, place à la détente et à la déconnexion… Enfin, pas pour tout le monde : un an après la mise en place du droit à la déconnexion, plus de la moitié des employés (54 %) n’en bénéficient pas et sont encore contactés par leur manager ou leur employeur en dehors des heures de travail. Ces interventions qui demandent la plupart du temps un suivi ont lieu via des appels téléphoniques (65 %) principalement et des SMS (45 %) ou des mails (43 %).
Ces chiffres proviennent de l’étude de Protime, société spécialiste de la gestion du temps et du personnel. Dans laquelle on peut voir que ce droit à la déconnexion est très apprécié : plus de quatre employés sur cinq le considèrent comme une bonne initiative et un sur trois dit ressentir moins de stress dans son travail grâce à cela. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux (51 % au total : 54 % chez les hommes contre 48 % chez les femmes) à se montrer aujourd’hui plus fermes lorsqu’ils sont contactés en dehors des heures de travail.
Des employés tous différents
Les nouvelles pratiques comme le télétravail et la flexibilité dans les horaires qui ont découlé des années marquées par le Covid ont contribué dans la plupart des cas à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Il faut savoir “qu’un employé sur trois ne travaille plus selon un horaire fixe et 9 % bénéficient même d’une complète flexibilité tant pour les heures que pour les jours travaillés”, explique Florent Bovicelli, le porte-parole de Protime. “Il s’agit d’une évolution logique mais elle nécessite des accords clairs quant à la disponibilité” des uns et des autres. Tout comme “les outils d’enregistrement du temps qui peuvent contribuer à promouvoir une culture de travail saine” entre engagement des uns et prévention de la surcharge de travail pour les autres. “
Tout en facilitant les choses pour les organisations”, car face au travail, “nous sommes tous différents. Certains ne voient aucun problème à répondre à des courriels professionnels ou à encore téléphoner à leur manager entre deux tâches domestiques, quand d’autres souhaitent une séparation stricte entre leur travail et leur vie privée”, remarque le spécialiste.
Une surconnexion par manque de repères
Cela dit, les employés admettent qu’ils ressentent un impact positif : 4 sur 10 déclarent être appelés moins souvent.
Pour Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KU Leuven, cela va dans le bon sens mais la “surconnexion” a d’autres causes, explique-t-il comme une “charge de travail excessive et un manque de concentration durant les heures de travail peuvent conduire à des situations où les employés se sentent obligés de travailler en dehors des heures de travail normales, ce qui accroît le besoin de déconnexion”.