Enfants, parents, écrans, un trio de plus en plus infernal : "Éteindre la tablette c’est allumer sa furie"
Avec un nombre moyen de 5 écrans par foyer et une augmentation régulière du temps passé dessus, parents et enfants font face à de plus en plus de difficultés de communication concernant ce domaine : incompréhensions mutuelles, confrontations, renonciation parfois. L’enquête de Partenamut à ce propos est préoccupante.
- Publié le 08-04-2024 à 13h10
- Mis à jour le 08-04-2024 à 13h24
Régulièrement, la mutualité Partenamut se penche sur les habitudes de vie des Belges qui peuvent impacter leur santé (pathologies et santé mentale). Elle a consacré sa dernière enquête à l’usage des écrans et l’impact sur la vie familiale, un sujet devenu omniprésent (en moyenne, on compte 5 écrans par foyer) et de plus en plus problématique. Les usages s’étendent : jouer, échanger avec ses amis et communautés, réaliser son travail scolaire, regarder des vidéos, etc.
Résultat : les heures passées devant un smartphone, un ordinateur, une tablette ou un système de gaming par les enfants/ados sont en augmentation. Elles empiètent sur la vie sociale, et sont souvent sources de tensions et conflits familiaux. Car entre les enfants nés dans le digital et les parents pour qui ce domaine est plus ou moins bien maîtrisé, ces relations ne sont pas toujours simples à gérer.
Un vrai combat pour certains
D’après l’enquête menée auprès de plus de 2000 parents d’enfants âgés de 1 à 18 ans, 84 % des répondants ont déclaré avoir un enfant utilisant un écran. Une famille sur 3 (35 %) avoue éprouver des difficultés lorsqu’il s’agit de gérer l’usage des écrans par les enfants. Un chiffre qui passe à 52 % chez les parents d’enfants de 13 ans et plus. Dans 28 % des foyers, il est source de tensions et de conflits.
Le phénomène touche toutes les familles, mais les monoparentales sont davantage dans le désarroi (62 %) que les familles traditionnelles (54 %) surtout au niveau des symptômes ou des changements de comportement constatés. Les tensions commencent souvent quand il s’agit de lâcher l’écran, “un vrai combat” pour certains. Mais l’enquête met aussi au jour la frustration des parents face à l’augmentation du travail scolaire sur écran : 41 % des parents d’enfants de 7 à 15 ans trouvent pénible que l’école impose l’utilisation d’une plateforme connectée rendant ainsi l’écran encore plus omniprésent.
S’intéresser vraiment à l’univers de son enfant
”Pour moi, le problème n’est pas l’écran en soi. Il faut avant tout rétablir la communication avec les enfants”, décrypte le psychothérapeute Jory Deleuze. Aline Durieu, facilitatrice en parentalité numérique va dans le même sens : “Souvent, on met l’accent sur la durée d’utilisation des écrans, mais la vraie préoccupation réside dans le contenu. Tout n’est pas mauvais dans l’usage des écrans !”
Mais lorsqu’il y a problème persistant qui impacte les relations et que la vie familiale devient un enfer, alors il faut tout faire pour “renouer le dialogue. Et s’intéresser, vraiment, à leur enfant, à ce qu’il fait, ce qu’il ressent”, conseille le psychologue. “La collaboration avec l’enfant pour choisir ce qu’il regarde est essentielle, de même que l’encourager à proposer ses propres activités, à exprimer ses préférences est également crucial”, poursuit Mme Durieu.
Si le dialogue n’est pas ou plus possible, mieux vaut s’orienter vers un spécialiste comme un psychologue qui pourra faciliter les échanges. Si presque quatre familles sur dix cherchent des conseils dans leur entourage (collègue, amis, proches), seulement 5 % font appel à un spécialiste. Ce faible pourcentage montre à quel point les solutions d’accompagnement en cas de comportements problématiques sont peu connues.