Onyewu, jeune retraité, revient sur ses années à Sclessin: "Au Standard, le jeune Américain est devenu un monstre"
Oguchi Onyewu a raccroché les crampons en ce début de semaine. L’occasion de revenir avec l’Américain sur une carrière riche en expériences
- Publié le 22-09-2018 à 07h24
- Mis à jour le 22-09-2018 à 07h41
Oguchi Onyewu a raccroché les crampons en ce début de semaine. L’occasion de revenir avec l’Américain sur une carrière riche en expériences. Seize ans de carrière, 322 matches, 26 buts et 12 assists. Footballeur de l’année en 2006 aux États-Unis, trois fois vainqueur de la Gold Cup avec son pays (2005, 2007, 2013), double champion de Belgique avec le Standard et vainqueur de la Coupe des Pays-Bas à Twente, 67 sélections avec les USA et deux Coupes du Monde à son actif. Vous l’aurez reconnu, il s’agit bien du colosse américain, Oguchi Onyewu.
À 36 ans, Captain America a décidé, lundi, après une dernière pige à Philadelphia Union, de raccrocher les crampons. L’occasion de revenir, avec lui, sur une carrière riche en émotions. Entretien.
Oguchi, pourquoi avoir décidé de refermer le livre ?
"Car c’était le bon moment pour arrêter. J’ai 36 ans et j’ai beaucoup donné dans ma carrière, que ce soit en club ou en sélection. Il n’y a rien que j’aurais pu faire de plus. Il était donc temps de dire goodbye ."
C’est chez nous, en Belgique, que la belle aventure a commencé.
"Oui, avec La Louvière, même si j’ai effectué mes débuts en Europe à Metz. Le club louviérois marquera tout de même le lancement de ma carrière professionnelle. Je n’ai que de bons souvenirs de mon passage chez les Loups . J’y ai rencontré des gars exceptionnels avec qui je suis encore en contacts aujourd’hui comme Michael Klukowski, Peter Odemwingie mais aussi Ariël Jacobs. C’est le premier coach qui m’a donné ma chance dans le foot. Je lui dois beaucoup."
Un an plus tard, en 2004, vous entamez ce qui sera le plus gros chapitre de votre carrière ?
"Le Standard. Bon, tu as combien d’heures devant toi ? C’est à Sclessin que j’ai explosé. Du jeune petit Américain que j’étais, ce club en a fait un monstre (rires) ."
C’est aussi au Standard que vous avez écrit les premières lignes de votre palmarès.
"Remporter un titre, c’est ce qu’il y a de plus beau. Il y a énormément de grands joueurs qui n’ont rien gagné. Moi, j’ai été champion deux fois de suite en Belgique. Pour certains, ce n’est pas ronflant car il ne s’agit que de la Belgique mais un titre, c’est un titre. On s’est battu comme des chiens durant deux saisons pour être sacrés et en plus, deux fois devant Anderlecht (rires) . C’est aussi grâce à mes performances au Standard que je me suis ouvert les portes de l’équipe nationale pour finalement disputer deux Coupes du Monde. J’ai également obtenu de beaux transferts à Newcastle et Milan."
Le Standard vient de connaître une déroute à Séville. Vous gardez aussi de bons et de moins bons souvenirs de Coupe d’Europe.
"Ah, l’Espagne et Bilbao ! Si je pouvais zapper ce match de ma mémoire. Mais on a aussi joué des gros matches comme Liverpool, Everton, Séville. La petite équipe belge était crainte en Europe. D’ailleurs, c’était stupide de prétendre que nous étions un petit club sous prétexte que nous venions de Belgique. Regarde où ont joué les joueurs de l’époque. Je suis parti à Milan, Jovanovic à Liverpool, Defour a joué à Porto et est maintenant en Angleterre, Marouane est à Manchester United, Dante est resté de longues années au Bayern tandis qu’Axel évolue désormais à Dortmund. Tous ces joueurs sont devenus importants et ont joué la Coupe du Monde. Le championnat belge a produit de grands joueurs pour les meilleurs clubs du monde."
La défense Marcos-Onyewu-Sarr-Dante, c’était ce qui se faisait de mieux en Belgique ?
"À l’époque, assurément, oui. On a été sacré champion sans perdre (NdlR : le Standard s’inclinera après son titre à Charleroi) en encaissant 19 buts. À ce moment-là, oui, nous étions les meilleurs."
Quand on vous entend parler du Standard, on sent encore beaucoup d’émotion...
"Oui, c’est vrai. Le Standard, c’est ma deuxième maison. Liège, c’est chez moi aussi. Je suis Liégeois et Belge puisque j’ai mon passeport belge. On a coutume de dire : ‘Rouche un jour, Rouche toujours’ ; c’est la pure vérité. Je suis revenu à l’Académie, il y a quelques semaines, pour saluer les gens du club. Quand je marchais dans les rues de Liège, les gens m’accostaient et me parlaient du bon vieux temps. Cela prouve que je n’étais pas simplement de passage et que j’ai marqué les esprits des supporters."
"Laissez le temps à MPH"
L’Américain n’est pas surpris par le retour du Liègeois à Sclessin.
Il y a quelques semaines, Oguchi Onyewu a effectué une visite de courtoisie à l’Académie Robert Louis-Dreyfus. L’occasion pour lui de saluer son ancien coach, Michel Preud’homme.
"Coach et vice-président", fait-il remarquer. "C’est tout de même quelque chose ça ! Mais honnêtement, je ne suis pas surpris par ce retour sur ses terres. Michel, c’est un enfant du Standard. C’était certain qu’après plusieurs expériences, il allait revenir là où tout a commencé pour lui."
Pour son ancien défenseur central, Michel Preud’homme est l’homme de la situation.
"Depuis mon départ, j’ai constaté pas mal de changements, notamment au niveau des propriétaires. Pour le Standard, le retour de MPH est une excellente chose. Il va ramener au club sa vraie identité."
Pour ce faire, Onyewu préconise une chose : la patience. "Il faut lui laisser le temps. Il va réussir, j’en suis persuadé. C’est d’ailleurs pour ça que le président l’a choisi car il sait qu’il va stabiliser le club."
Lors de sa visite, Oguchi Onyewu en a également profité pour revoir deux gamins de son époque.
"Mehdi et Régi. Ce sont les boss aujourd’hui. Ça fait tout drôle. Je suis heureux de voir qu’ils sont revenus. Encore une fois, il est question ici d’identité. Franchement, même si beaucoup de choses ont changé au club, j’y ai retrouvé la même atmosphère. Je suis confiant pour le club."