Nos clubs dans le collimateur de la justice suite au Footgate: les 4 questions clés
La justice enquête sur 34 transferts de Dejan Veljkovic. Genk, Malines et Lokeren sont dans le viseur. Le Standard et Anderlecht estiment avoir tout fait dans les règles.
- Publié le 28-02-2019 à 06h45
- Mis à jour le 28-02-2019 à 07h58
La justice enquête sur 34 transferts de Dejan Veljkovic. Genk, Malines et Lokeren sont dans le viseur. Le Standard et Anderlecht estiment avoir tout fait dans les règles. Pas de tout repos, le job d’enquêteur sur le footgate ! Depuis le grand déballage de Dejan Veljkovic, l’agent au cœur du scandale, la justice doit éplucher de très nombreuses transactions liées à ce dossier. Ce mercredi, le Nieuwsblad a révélé que l’enquête s’intéressait à 34 transactions de joueurs de Malines, mais aussi du Standard, d’Anderlecht et d’Ostende, en plus de Genk, sur base d’un rapport de l’Union belge. Un nouvel épisode qui suscite certaines questions.
1. Quels sont les transferts auxquels les enquêteurs s’intéressent ?
Le transfert d’Ivan Obradovic de Malines à Anderlecht lors de la saison 2015-16 fait partie de transactions suspectes. Il en va de même du transfert et de la prolongation de contrat de Kosanovic au Standard, ainsi que celui de Cimirot du PAOK à Sclessin. Il y a aussi le cas de Milinkovic-Savic, lors de son passage de Genk à la Lazio, ainsi que celui de Marusic, d’Ostende vers la capitale italienne.
2. Comment fonctionnait le système Veljkovic ?
Pour un transfert, Dejan Veljkoic dressait des factures de commissions, parfois déguisées en factures de scouting, au nom de sociétés basées à Chypre et au Montenegro, utilisant un vaste réseau de prête-noms et de sociétés écrans. L’une d’elles, Highballed Trading, est officiellement une entreprise spécialisée "dans les fruits de mer, la viande et le poisson". Ce qui ne l’a pas empêché de recevoir plusieurs factures suite à la prolongation de contrat de Veselinovic à Malines en 2015…
Le but de ces opérations est simple : pratiquer l’évasion fiscale et payer 9 à 12,5 % d’impôts plutôt que 29,58 % en Belgique.
Mais le stratagème ne s’arrête pas là. Pour certains clients de Veljkovic, l’argent revenait en cash jusqu’en Belgique, soit dans des enveloppes soit dans des... sacs assez volumineux. Ou soupçonne ainsi Peter Maes d’avoir touché 2,5 millions d’argent noir lors de son passage à Lokeren et Genk.
La justice essaie désormais de savoir si des joueurs ont bénéficié de ce système et si les clubs étaient au courant.
3. Comment ont réagi les clubs cités ?
Le Standard et Ostende ont à peu près tous tenu le même discours. "Les factures remises au procureur ont été établies correctement", estime Ostende.
"Le club collabore en toute transparence", précise le Standard. "Toutes les transactions sont toujours conclues dans le cadre de conventions totalement classiques et courantes. Elles respectent les principes internes du club en termes de budgets alloués aux intermédiaires pour leurs interventions : entre 5 et 10 % du budget salarial du joueur. Les montants payés aux différents intermédiaires ont également été systématiquement renseignés au fisc belge."
En coulisses, le discours d’Anderlecht est le même : ses dirigeants affirment qu’ils ne sont pas inquiets.
On ne peut pas en dire autant de Genk, Lokeren et Malines. Le club limbourgeois est suspecté d’avoir payé des fausses factures de scouting, pour des montants exorbitants de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Malines serait concerné par plusieurs transactions louches. Dont des sommes payées pour deux joueurs ghanéens, dont le fils de l’ancien président du Ghana. Au final, ils n’avaient même pas le niveau pour évoluer dans l’équipe espoir ! Mais ils ont tout de même engendré des commissions importantes.
4. Que risquent les clubs en cas de condamnation ?
En cas de match truqué par un dirigeant, la sanction est la radiation pure et simple du club. C’est ce qui pourrait arriver à Malines, soupçonné de corruption.
Pour l’argent sale, la sanction est un peu moins lourde. S’il s’avère qu’un dirigeant a pris part au blanchiment d’argent ou qu’une double comptabilité a été tenue, le club incriminé peut perdre sa licence pro. Au fil des mois, l’enquête fera la lumière sur les responsabilités des clubs. Genk, Lokeren et Malines sont directement ciblés. D’ici quelques années, la D1 amateurs pourrait être sacrément riche. Aussi corsée qu’une facture de Dejan Veljkovic…