Allemagne: L'avenir du sélectionneur Joachim Löw ne tient plus qu'à un fil
La position du sélectionneur apparaît de plus en plus précaire. Sans qu’il soit vraiment menacé. Explications.
- Publié le 16-10-2018 à 15h00
- Mis à jour le 16-10-2018 à 15h02
La position du sélectionneur apparaît de plus en plus précaire. Sans qu’il soit vraiment menacé. Explications. Ses 168 matches font de lui le Bundestrainer le plus capé de l’histoire de la Mannschaft. Ses douze ans de règne font de lui le sélectionneur le plus anciennement en poste de la planète derrière l’Uruguayen Oscar Tabarez, nommé quatre mois avant lui. Et même l’incroyable série de mauvais résultats dans ce qui pourrait devenir en cas de défaite ce soir en France la pire année de l’histoire du football allemand ne parvient pas à déboulonner Joachim Löw.
Si ses hommes venaient à s’incliner ce mardi, sauf incroyable rebondissement de situation, Löw ne serait pas débarqué. Ce qui n’empêche pas tout un pays de s’interroger.
La Coupe du Monde avait été catastrophique cet été ? L’automne est en passe de le devenir après la claque contre les Pays-Bas. Et les reproches sont de plus en plus pressants, autour de l’autorité d’un sélectionneur remis en question par Mesut Özil, qui n’a pas daigné le recevoir à Londres. Preuve que le vent tourne et que Löw le prend de face. Sans personne derrière qui s’abriter, lui qui a bouleversé son staff après cette désastreuse campagne de Russie. "Comme beaucoup d’autres, j’étais convaincu que Löw devait continuer après la Coupe du Monde. C’est un très bon entraîneur mais il doit le démontrer. Il est aussi clair que les résultats sont très mauvais et que les joueurs ont aussi leurs responsabilités" , a affirmé sur Skysport Lothar Matthäus, avant de lister les griefs formulés. "Pourquoi des joueurs sont alignés alors qu’ils sont hors de forme ? Pourquoi certains joueurs évoluent à des postes qui ne sont pas les leurs ? Löw leur fait confiance mais cela ne fonctionne plus."
Sans les nommer, l’ancienne gloire vise clairement la connexion bavaroise qui avait servi de socle à la conquête du Mondial en 2014 : Manuel Neuer, Mats Hummels, Jérôme Boateng et Thomas Müller. Mais tous rivalisent de médiocrité, à l’image du gardien qui s’est troué sur l’ouverture du score des Pays-Bas et qui apparaît comme de plus en plus menacé par Marc-André ter Stegen.
Si des alternatives existent pour les autres, notamment en défense centrale avec Rüdiger (Chelsea), Süle (Bayern), Tah (Leverkusen), Kehrer (Paris SG), Ginter (Mönchengladbach) ou Mustafi (Arsenal), aucun des prétendants n’avance les mêmes références que ter Stegen, titulaire au FC Barcelone. Ce qui résume aussi l’appauvrissement d’un réservoir jugé jusque-là sans limite et l’ouverture assez limitée de Löw aux jeunes.
"Werner, Brandt, Sané ou Gnabry ont encore besoin de temps" , justifie à l’envi le sélectionneur dont la chance réside aussi dans le manque de remplaçants potentiels disponibles.
Si Jürgen Klopp et Thomas Tuchel bénéficient d’une aura comparable à la sienne, ils sont aussi bien installés à Liverpool et au Paris SG. Les entraîneurs sur le marché ? Hannes Wolf (ex-Stuttgart), Ralph Hasenhüttl (ex-Leipzig) ou Peter Stöger (ex-Dortmund) ne parviendront jamais à l’unanimité. Matthias Sammer ? L’ancien directeur sportif de la Fédération a le profil mais pas forcément l’envie, notamment pour des raisons de santé, quand Jupp Heynckes, 73 ans depuis mai, entend maintenant profiter de sa retraite. Julian Nagelsmann, qui à la fin de sa troisième saison à Hoffenheim partira à Leipzig, est jugé trop jeune alors que les alternatives à l’étranger que sont Zinédine Zidane ou Arsène Wenger relèvent plus du fantasme.
En interne, le profil de Stefan Kuntz, à la tête des Espoirs, est jugé un peu trop léger. Ce qui fait écrire à l’Abendzeitung que la Fédération allemande se retrouve "sans alternative". Un peu à l’image de son sélectionneur finalement.