Ibrahima Seck: "J’aurais pu vivre cette finale de l’autre côté"
Le Standard a fait une offre pour acheter Ibrahima Seck cet hiver.
- Publié le 17-03-2018 à 14h07
Le Standard a fait une offre pour acheter Ibrahima Seck cet hiver.
Depuis son arrivée en Belgique, Ibrahima Seck (28 ans) a toujours fait parler de lui. D’abord à cause de son style atypique : un joueur qui a du football dans les pieds malgré ses 193 centimètres et sa carrure de déménageur. Ensuite parce qu’il est diablement efficace. En 18 mois, il s’est érigé en patron de Waasland-Beveren et en valeur sûre de la Pro League.Au point d’avoir attiré les convoitises des clubs étrangers et du Standard. "Mais j’ai choisi Genk", sourit-il en levant les bras. "Je pouvais aussi choisir le Standard."
Vous auriez donc pu vivre cette finale de Coupe de Belgique de l’autre côté ?
"Oui voilà, c’est ça (rires). Mais ce n’est pas le cas."
Expliquez-nous vos contacts avec le Standard. Certains disent qu’on vous a proposé au club, d’autre disent qu’Olivier Renard vous a approché…
"Je ne sais pas si quelqu’un m’a proposé au Standard. En tout cas pas mon agent. Je peux juste vous dire que le Standard a fait une offre. Aussi bien à Beveren qu’à moi. J’ai encore le mail avec les chiffres. Il y avait d’autres clubs aussi mais le Standard et Genk étaient les plus concrets."
Le Standard vous voulait-il pour pallier le futur départ d’Agbo ?
"Je ne sais pas mais le club m’a dit qu’il voulait un gars capable de jouer devant la défense et de sortir le ballon. Genk cherchait aussi ce profil surtout vu les blessures à ce poste (NdlR : Sander Berge est sur le retour) . Et j’étais intéressant car mon contrat venait à son terme en juin."
Pourquoi avoir choisi Genk ?
"Le club me voulait déjà avant cet hiver et il s’est montré très motivé. Le coach Philippe Clément a également appuyé pour que je vienne. Je ne suis toutefois pas ici uniquement grâce à lui. Il ne sera pas là éternellement. Ça a juste un peu accéléré les choses. J’étais surtout agréablement surpris par l’attitude de la direction. Elle montrait qu’elle me voulait vraiment. Les dirigeants ont tout fait pour que je signe."
Financièrement, vous voulez dire ?
"Non, c’était plus dans leur attitude. Je vous le répète, ils ont tout fait pour me prendre. J’avais des nouvelles tous les jours durant les négociations. C’était différent avec le Standard."
Vous dites que Philippe Clément a joué un rôle dans votre arrivée à Genk. À quel point est-il devenu important dans votre carrière en même pas dix mois ?
"Je connais le coach, sa manière de fonctionner. Ce n’était pas facile pour lui lors de son arrivée à Genk. Je sais de quoi il est capable et j’ai toujours cru en lui. Il m’a beaucoup appris."
Vous avez un exemple ?
"Depuis que je l’ai comme coach, je n’ai plus loupé le moindre match. Vous savez pourquoi ? Car il m’a appris à mieux communiquer avec les arbitres, à moins râler. La saison passée, j’avais manqué six matches à cause de suspensions. C’est énorme !"
Comment s’y est-il pris ?
"J’étais capitaine à son arrivée et je suis vite devenu un vrai relais pour lui. Il m’a beaucoup parlé du football belge. Il le connaît par cœur. Il m’a expliqué comment je devais me comporter avec les arbitres, comment je devais communiquer. J’ai appliqué ses consignes et ça a payé."
Nous avons l’impression que vous avez passé un cap cette saison. Il vous a fait évoluer en tant que footballeur ?
"J’avais déjà ces qualités de relanceur en moi. L’an passé à Beveren, on se contentait de défendre. On n’avait pas le ballon. Il est dès lors difficile de dire qui sait et qui ne sait pas jouer au football. Les gens pensent que j’ai les pieds carrés parce que je suis grand et que je peux aller au contact. Avec le jeu offensif prôné par le coach, j’ai prouvé que je savais conserver la balle et relancer. J’évolue au quotidien. Je suis d’ailleurs meilleur qu’à mon arrivée à Genk."
Clément a quoi de plus que les autres ?
"Il sait comment mettre les joueurs en confiance. À Beveren et à Genk, il a repris des groupes presque identiques à ceux de ses prédécesseurs. Et avec lui, ça a fonctionné. Il sait donner ce qu’il faut pour que les joueurs aient de la confiance. Il le fait en communicant très bien."
Tactiquement, il a impressionné par son football positif et maîtrisé…
"Il sait bien préparer ses matches. Après, je garde ses secrets. Il ne joue pas en fonction de l’adversaire. Quand tu vas au combat et que tu penses à ton opposant, tu perds la majeure partie de tes moyens. On respecte l’autre mais on se focalise sur nous."
"Perdre la finale me ferait mal"
Genk vibre pour la Coupe depuis plusieurs jours. Ibrahima Seck reste tranquille.
"La défaite de ce week-end ? J’espère qu’elle nous aidera à revenir les pieds sur terre."
Genk marche sur l’eau ces dernières semaines. Ce petit retour sur terre dans un match presque amical face à La Gantoise n’entachera en rien l’enthousiasme limbourgeois au moment d’entamer la finale de la Coupe.
La ville s’est parée de bleu et de blanc pour soutenir son équipe et les supporters genkois seront présents en masse au stade Roi Baudouin. "Nous, on essaie de ne pas se mettre la pression. Regarde le début d’année. Nous n’étions pas dans le Top 6 et avions perdu la demi-finale aller face à Courtrai. Personne ne nous voyait aller en playoffs et en finale de la Coupe. C’est notre force : on revient de loin et on savoure le fait d’être là. J’ai senti que le club était fait pour être dans le top."
Seck n’est, lui, pas stressé. "Moi ? Jamais ! Je suis concentré. Je prends ce match comme un autre en me concentrant au maximum. Je sais juste que je joue cette finale pour la gagner. C’est la seule chose qui compte. Cela me ferait vraiment mal de la perdre."
La carrière du milieu de terrain a été un parcours du combattant. Il n’a jamais connu les joies d’un club du top (à part en National - D3) avant d’arriver à Genk. "Je n’ai jamais eu un trophée. Certains joueurs n’ont pas gagné le moindre trophée en vingt ans de carrière. J’ai été promu de National en Ligue 2 mais ici, c’est autre chose. C’est la D1. Le palmarès c’est ce qui reste. Beckham ne serait pas Beckham sans trophées."
Le Sénégalais ne pense pas une seule seconde à la défaite. Le Racing Genk peut toutefois encore tout perdre s’il ne gagne pas la finale de la Coupe et qu’il finit la saison à la sixième place des playoffs 1.
"On n’y pense pas. Notre groupe est assez fort pour voir match par match et ne pas trop penser à la suite. Après, on doit être conscient que tout peut arriver."