Griezmann-Messi: le match au sommet
Jusque-là plutôt décevants, les deux attaquants sont très attendus pour le choc entre la France et l'Argentine. Décryptage de leur face-à-face en 5 points.
- Publié le 30-06-2018 à 10h16
- Mis à jour le 30-06-2018 à 10h17
Jusque-là plutôt décevants, les deux attaquants sont très attendus pour le choc entre la France et l'Argentine. Décryptage de leur face-à-face en 5 points.
1. Relation avec le coach :
À l’ Euro 2016, Didier Deschamps n’a pas hésité à chambouler son dispositif pour offrir à Antoine Griezmann son rôle préférentiel, aux côtés ou en soutien d’Olivier Giroud. Les deux hommes sont proches, comme peuvent l’être un sélectionneur et son meilleur attaquant. Griezmann a par exemple joué un rôle dans le choix de Lucas Hernandez, son coéquipier à l’Atletico, d’opter pour la France plutôt que pour l’Espagne. Si DD a piqué son attaquant en le sortant très tôt contre l’Australie lançant "il peut faire plus" , il a ensuite été plus protecteur évoquant "un mieux" .
La relation entre Lionel Messi et Jorge Sampaoli se veut moins idyllique. En lui mettant une énorme pression avant le tournoi quand il a déclaré "que le football devait un Mondial à Messi" , le technicien n’a pas forcément placé son joueur dans les mêmes dispositions. Et il a joué l’apaisement après la victoire contre le Nigeria quand les deux hommes ont terminé bras dessus bras dessous. "Les gens disent qu’il n’aime pas jouer pour l’Argentine, mais c’est faux" , a encore rappelé Sampaoli.
Avantage : Griezmann
2. Lieutenants
Très complice avec Paul Pogba, Antoine Griezmann se situe au cœur d’un projet de jeu autour duquel gravitent Olivier Giroud, sans doute le joueur avec qui il est le plus complémentaire, mais aussi Kylian Mbappé ou Ousmane Dembélé. Sans oublier la qualité des défenseurs autrement supérieure à celle des Argentins qui pâtissent aussi d’un déficit de talent dans l’entrejeu. Offensivement en revanche, les individualités entourant Lionel Messi sont d’un niveau comparable aux Français mais elles peinent, elles aussi, à trouver le bon canevas leur permettant de s’exprimer et la présence du quintuple Ballon d’Or a même tendance à les inhiber.
Avantage : Griezmann
3. Leadership
La question lui a été posée encore et encore. Antoine Griezmann est-il prêt à endosser le statut de leader en équipe de France ? Lui s’en amuse, refuse de se voir coller cette étiquette. Par ses facilités et son talent, l’attaquant s’est érigé comme un leader technique. Comme le joueur autour duquel tout gravite. Dans le groupe, "il ne va pas se transformer en quelqu’un qui aboie" , selon Didier Deschamps, mais les échanges entre les deux hommes sont nourris. Signe de son importance, de son statut de patron à défaut d’être un leader.
Capitaine de la sélection depuis 2011, Lionel Messi a essuyé de nombreuses critiques liées à sa personnalité jugée peu en adéquation avec la fonction. Porteur du brassard lors du titre mondial en 1978, Daniel Passarella avait estimé que la Pulga "était trop timide" . Sans être le plus grand bavard, Messi s’est érigé comme un leader technique qui n’hésite pas à prendre la parole comme à la mi-temps du match contre le Nigeria juste avant de remonter sur le terrain. "Il nous a dit que c’était une question de vie ou de mort, il m’a dit de monter et d’attaquer" , a dévoilé le buteur Marco Rojo pour qui "c’est un leader, le meilleur."
Avantage : Messi
4. Forme physique :
Antoine Griezmann n’a pas encore disputé le moindre match dans son intégralité. Sorti à la 70e contre l’Australie, à la 80e face au Pérou et à la 68e devant le Danemark, l’attaquant sort d’une saison en club à 49 matches (pour 3.872 minutes) en sachant à quel point le jeu de l’Atletico peut être énergivore. "On a fait une grosse préparation qui m’a coupé un peu les jambes. Mais je me suis senti mieux. Ce soir, j’ai pu faire un peu ce que je voulais, m’intercaler entre les lignes" , a-t-il expliqué après le match contre le Danemark en sachant que la préparation physique des Français vise à amener le groupe à un pic de forme à partir des huitièmes de finale. Lionel Messi a plus joué avec le FC Barcelone (54 matches et 4.468 minutes). L’Argentin a l’habitude de vivre des saisons avec une telle cadence mais la nouveauté provient cette fois des plages de récupération dont il a pu bénéficier avec l’élimination en Ligue des Champions dès les quarts de finale et un titre de champion acquis très tôt. Avantage : Messi
5. Début de tournoi
Un penalty obtenu et transformé contre l’Australie pour rehausser une performance bien terne. Deux matches sans vraiment de saveur ensuite : Antoine Griezmann diffuse l’impression de ne pas être encore entré réellement dans son tournoi. "Je vais monter en puissance et je suis sûr que le niveau que tout le monde attend va venir très rapidement " , a-t-il affirmé dans Téléfoot précisant : "à l’ Euro 2016, c’était pareil, ce n’est qu’à partir des huitièmes que j’étais bien." Et l’attaquant avait inscrit 5 de ses 6 buts.
116 ballons touchés face à l’Islande et ce penalty raté. 49 ballons touchés contre la Croatie, son plus petit total en 14 matches de Coupe du Monde avant l’amorce d’un réveil fatal aux Nigérians avec ce but qui a tout débloqué. Messi est parti de très bas sur les deux premiers matches et tout un peuple espère désormais le voir se réveiller. Sachant qu’il est capable de tout…
Match nul
L'avis de Thomas Chatelle : " Empêcher Messi de se mettre en mouvement "
La France est malade, elle manque d’un match référence et va affronter une équipe encore plus malade qu’elle finalement. La victoire contre le Nigeria ne peut pas tout effacer. L’Argentine est au bord de la la crise, très friable mentalement. Forcément, il faudra tenir Messi.
Pour le mettre hors du match, il faut l’empêcher de se mettre en mouvement. Comment ? Matuidi peut couper les lignes de passe, même si avec lui, la France perd en qualité offensive en étant déséquilibrée ce qu’elle gagne en présence défensive. Le trio Varane - Hernandez - Umtiti connaît aussi très bien Messi, soit pour évoluer avec lui, soit contre lui, ce qui leur offre certaines ficelles. Mais même le connaître par cœur n’est pas une garantie. Cela peut rassurer, par contre.
Offensivement, la France reste dépendante de la forme physique et mentale de Griezmann qui m’inquiète. Il a déjà débuté l’ Euro doucement mais là, il a été trop absent. Il doit alterner profondeur, ce qui lui a permis de provoquer ce penalty contre l’Australie, et décrochage dans le centre du jeu pour être le déclencheur dans cette zone de Mascherano où il y a quelque chose à faire face à un joueur qui a du mal et qui est souvent esseulé devant sa défense.
D’autant que Griezmann va commencer à sentir dans sa nuque le souffle de Fekir, en grande forme et qui ne va pas attendre indéfiniment que Griezmann retrouve ses sensations.
Mbappé doit quant à lui retrouver son côté plus incisif en délaissant le spectacle. Il a souvent fait le dribble de trop et il doit retrouver cette simplicité qui fait sa force et qu’on n’a pas encore assez vue en Russie.