Le Dezemberfest du Bayern
Niko Kovac retrouve Francfort, ce samedi, avec un Bayern qui a retrouvé des couleurs, en décembre. L’entraîneur germano-croate est bien placé pour savoir qu’une première saison en Bavière est parfois compliquée. D’autant plus quand le club entame sa mue…
- Publié le 21-12-2018 à 16h45
Niko Kovac retrouve Francfort, ce samedi, avec un Bayern qui a retrouvé des couleurs, en décembre. L’entraîneur germano-croate est bien placé pour savoir qu’une première saison en Bavière est parfois compliquée. D’autant plus quand le club entame sa mue…
2018 restera une année contrastée pour le Bayern. Champion pour la 28e fois, mais surtout la 6e saison d’affilée, le Rekordmeister a tourné cet été une page de son histoire avec le départ de Jupp Heynckes, entraîneur mythique du club munichois, et l’arrivée sur le banc de Niko Kovac. Et alors qu’il lui reste un dernier déplacement à effectuer, ce samedi à l’Eintracht Francfort… l’ancien club de son nouvel entraîneur, l’équipe bavaroise a déjà perdu beaucoup de plumes cette saison, et risque de voir sa belle série aux cimes du foot allemand s’évaporer.
Une ultime victoire en 2018 - qui scellerait enfin une série de 5 succès d’affilée en championnat, une première cette saison -, pourrait néanmoins permettre aux Munichois et à leur entraîneur de passer des fêtes plus sereines.
Pour son retour dans la ville de Goethe, on espère que Kovac ne devra pas, comme Faust, promettre son âme au diable pour être libéré de l’insatisfaction qui a sanctionné ses premiers mois sur le banc munichois.
Deux blocs de trois matches ont en fait miné la première partie de saison du Bayern. Fin septembre (25/09 au 6/10), avec un 1 point sur 9 (partage contre Augsbourg, défaites face au Hertha et à M’Gladbach), et en novembre (3/11 au 24/11), avec 2 unités sur 9 (nuls contre Fribourg et le Fortuna Düsseldorf, revers au Borussia Dortmund). Et Witsel et les siens d’en profiter pour prendre le large…
Comme en 2001/2002
Niko Kovac savait, pour y avoir été joueur durant deux saisons (2001 à 2003), que sa marge d’erreurs était limitée en Bavière.
L’entraîneur germano-croate avait aussi connu une première campagne compliquée lorsque l’ancien milieu de terrain quitta Hambourg pour Munich à l’été 2001. Cette saison-là, le Bayern, alors coaché par Ottmar Hitzfeld, champion en titre et tenant de la Ligue des Champions, n’avait pas conservé ses trophées, avec un gros passage à vide à mi-saison en Bundesliga, et avait cédé ses lauriers au… Borussia Dortmund, pour terminer sur la 3e marche du podium derrière Leverkusen. Mais Hitzfeld avait conservé son poste, et, en 2002, avait ramené le doublé Bundesliga-DFP Pokal, même si le piètre parcours en C1 (dernier de sa poule, derrière… Lens !) jeta l’opprobre sur son bilan.
Kovac espère certainement que ses dirigeants seront aussi partants. Et même s’il a senti le souffle de la guillotine, Kovac s’est offert en décembre un moment de répit, qu’il espère prolonger ce samedi…
2018/2019 sera de toute façon une saison charnière pour le Bayern, et pas uniquement car il s’agit de la première de l’ère Kovac. L’équipe munichoise va certainement devoir composer avec le départ de quelques cadres. Robben a déjà annoncé qu’il ne prolongerait pas l’aventure, et Ribéry, lui aussi en fin de contrat en juin, pourrait suivre. Quand à James Rodríguez, qui entretient des relations compliquées avec son coach et qui est aussi en fin de prêt, on l’imagine peu enclin à poursuivre la collaboration.
Et avec de nombreux trentenaires à la barre (Neuer, Boateng, Hummel, Lewandowski… et bientôt Müller), le Bayern doit mettre le cap sur la jeunesse.
Changement générationnel
La nouvelle génération montre le bout des crampons. Arrivé sur la pointe des pieds en Bavière la saison dernière pour jouer les doublures du prestigieux duo Hummels-Boateng, Niklas Süle (23 ans), colossal défenseur central, a disputé cette saison 15 des 16 matches de championnat, dont 14 en intégralité, obligeant ses deux glorieux aînés à se partager le temps de jeu pour l’autre poste en charnière. Et la non-sélection de Jérôme Boateng pour les derniers matches de la Mannschaft lui ouvre aussi un boulevard pour s’imposer comme patron de la défense allemande.
Serge Gnabry (23 ans) augmente aussi progressivement son temps de jeu, lui qui avait été prêté à Hoffenheim. L’ailier, titulaire lors des 4 derniers matches mais sorti blessé contre Leipzig mercredi, vient de marquer 4 buts lors de ses 6 derniers matches de Bundesliga. À Munich, il repousse de plus en plus souvent sur le banc Robben, Ribéry ou Müller.
Le Bayern profite des dernières années de sa génération dorée, celle des Neuer, Hummels, Boateng, Müller, Robben ou Ribéry, au club depuis le début de la décennie, voire plus. Cette exceptionnelle fidélité des stars lui a permis de rester très raisonnable sur le marché. Le joueur le plus cher jamais acheté par les Bavarois est Corentin Tolisso, venu de Lyon en 2017 pour 41,5 millions €. Cet été, la seule recrue a été Leon Goretzka, arrivé libre de Schalke, sans indemnité de transfert. Les autres nouveaux étaient des retours de prêt, Gnabry et Renato Sanches.
Il y a donc fort à parier que les dirigeants bavarois vont être d’avantage actifs lors des prochains mercatos. D’autant que si le Bayern ne traverse pas actuellement une excellente période sur le plan sportif, au niveau financier, en revanche, tous les voyants sont au vert. La saison dernière, le champion d’Allemagne a pu enregistrer un chiffre d’affaires record de 657,4 millions €. Le bénéfice net (après impôts) s’élève à 29,5 millions €, le troisième plus élevé jamais réalisé par le club bavarois.
Cela permet des latitudes sur le marché des transferts aussi… "Nous allons mener une politique de transferts très offensive, les caisses sont bien pleines", a promis le président du club bavarois Uli Hoeness. Pour preuve, le défenseur français de l’Atlético Madrid, Lucas Hernandez, pourrait déjà rejoindre en janvier le Bayern Munich, qui serait prêt à payer sa clause libératoire de 80 millions €, et pulvériser le record de Tolisso !